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COP27 : pourquoi les revendications des femmes africaines et indigènes sont capitales

Alors que la COP27 de Charm el-Cheikh touche à sa fin et que les États doivent négocier des accords en vue d’aider les pays les plus vulnérables face aux conséquences du réchauffement climatique, retour sur le rôle déterminant des activistes féministes et environnementales des pays du Sud.

« Il faut qu’il y ait des femmes là où sont prises les décisions sur le climat. »

On doit cette phrase à la jeune militante écologiste ougandaise Vanessa Nakate, et elle illustre parfaitement la démarche et les revendications des militantes pour le climat et pour les droits des femmes durant cette COP27 qui s’est tenue à Charm el-Cheikh en Égypte et qui s’achève ce vendredi 18 novembre.

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Nations Unies (Twitter)

Une exigence loin d’être excessive, puisque les statistiques parlent d’elles-mêmes : si le nombre de femmes au sein des délégations participant aux COP a bien augmenté au fil des années, leur présence dans les délégations nationales passant de 30% à 38% entre 2009 et 2021, la parité est loin d’être atteinte. « Au-delà des statistiques de participation, il a été reconnu que de nouvelles dispositions doivent être prises pour évaluer la qualité de la participation des femmes, en y incluant, par exemple, les temps de parole », note la Women’s Environment & Development Organization dans son rapport.

En clair, des femmes à la table des négociations, c’est bien, mais encore faut-il qu’elles aient voix au chapitre.

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Markus Spiske via Pexels

Les plus impactées doivent être les actrices du changement

En amont de la COP 27, la Constituante Femmes et Genre, un des neuf acteurs de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et l’African Feminist Taskforce ont justement voulu prendre la parole sur cette question et rappeler la nécessité de prendre en compte les droits humains dans la lutte contre le réchauffement climatique : 27 revendications ont été émises pour placer en priorité les intérêts de celles qui vont être le plus durement impactées par le réchauffement climatique.

Car ce n’est pas un hasard si les femmes et les filles des pays en développement sont mobilisées dans ces combats : ce sont elles les plus vulnérables face aux catastrophes environnementales, des sécheresses aux inondations, en passant par les cyclones, et qui voient leurs conditions de vie se dégrader en temps de crise. Selon les Nations Unies, 80 % des réfugiés climatiques sont des femmes.

Un constat que le Parlement européen explicitait dès 2012 dans un rapport portant sur les femmes et le changement climatique :

« Des différences de niveau de vie, d’opportunités et d’éducation pourraient laisser à penser que le genre n’est pas un facteur suffisamment universel pour être déterminant dans la lutte contre le changement climatique.

Pourtant, dans le monde entier, les femmes subissent une discrimination parce qu’elles sont femmes, et leurs besoins, leurs aspirations, leurs opportunités, sont plus limités et moins pris en compte que ceux des hommes. […] Dominées dans tous les domaines, économique, politique, social, etc., les femmes ont une moindre capacité d’adaptation et de réactivité face à des changements profonds comme le réchauffement climatique et ses conséquences. »

Les revendications de la Constituante Femmes et Genre et de l’African Feminist Taskforce sont aussi une manière de rappeler que les activistes féministes africaines n’ont pas attendu la COP27, ni les COP de façon générale, pour se mobiliser et agir pour endiguer les effets du réchauffement climatique. Au contraire : elles sont en première ligne dans la lutte pour la protection de l’environnement.

L’enjeu de la COP27, un accord financier pour aider les plus vulnérables

Selon un récent rapport d’ActionAid, les dégâts causés par le changement climatique engendrent un cercle vicieux qui renforce les inégalités de genre déjà présentes. L’ONG prône une approche de la lutte climatique basée sur le genre pour favoriser la prise de décisions des femmes, ainsi qu’une meilleure protection à leur égard, notamment financière, pour faire face aux pertes et aux dommages causés par les effets du dérèglement climatique.

Et ce sont justement des accords financiers concernant les fonds de ces pertes et dommages qui doivent émerger (et qui peinent à le faire) à l’issue de cette COP27, pour que les pays en première ligne face au réchauffement climatique reçoivent des indemnités à la hauteur des préjudices subis.

Si le continent africain émet largement moins d’émissions de gaz à effet de serre que l’Europe, l’Asie ou l’Amérique du Nord, et contribue donc moins au réchauffement climatique, il en paie aussi le prix fort, entre montées des eaux et sécheresses sans précédent qui mettent à mal l’agriculture. Les activistes environnementaux des pays du Sud ne manquent d’ailleurs pas de rappeler que la responsabilité des anciennes puissances coloniales et leur exploitation des ressources fossiles sont à mettre dans la balance. Dans son sixième rapport publié en février 2022, le GIEC mentionnait justement, et c’était la première fois, le colonialisme et les inégalités et injustices historiques entre les pays riches et les pays en développement, rendant ces derniers encore plus vulnérables face aux conséquences du dérèglement climatique.

pancarte planet over profit

Remettre au centre des négociations les intérêts de ceux et celles qui souffrent et souffriront le plus de ces conséquences, c’est notamment ce qu’avançait et défendait Ozawa Bineshi Albert, militante de la cause environnementale et des droits des peuples natifs et indigènes, codirectrice exécutive de la Climate Justice Alliance, lors d’un Ted Talk en 2021 : « Nous ne pouvons pas compter sur ceux qui ont créé le problème pour le régler, il nous faut agir plus vite et ce n’est pas ce qui est fait en ce moment, et il nous faut des leaders qui subissent les dommages pour être aussi ceux qui arrivent avec des solutions ».

Présente à la précédente COP de Glasgow, elle estime que « ceux qui ont fait le programme font aussi partie du problème ».

Les enjeux féministes ne doivent pas être inclus dans les directives qui seront annoncées à l’issue de la COP27 : ils doivent être constitutifs, au cœur des ambitions pour que la lutte environnementale ne se fasse pas au détriment de la justice sociale. Et comme le rappelait l’activiste queer féministe sud-africaine Zukiswa White en amont de cette COP, le temps presse :

« Alors que le monde change sur tous les fronts, nous devons affirmer notre place et insister pour que nos voix, nos expériences, nos responsabilités soient prises avec le sérieux qu’elles méritent. À la COP27 et au-delà, c’est ce que feront les femmes et les filles africaines. Nous exigeons une justice climatique écoféministe africaine de notre vivant – c’est-à-dire maintenant. Nous n’en pouvons plus de demander. »

Un Gender Day, consacré aux droits des femmes et des minorités de genre, s’est tenu pendant la COP27 ce lundi 14 novembre. Une occasion pour Sima Bahous, directrice exécutive d’ONU-Femmes, de faire part de trois grandes préconisations en faveur des droits des femmes : prendre des mesures spéciales, y compris des quotas, pour augmenter une participation entière, égale et significative des femmes et des filles et des postes à responsabilité à tous les niveaux de prises de décisions, soutenir une juste transition pour les femmes vers un modèle de développement alternatif, et enfin que les décisions de la COP sur les investissements, plus particulièrement pour les femmes et les filles des pays en développement, encouragent les connaissances, les compétences et la résilience des femmes, et s’assurent que leurs organisations soient soutenues et protégées.

Alors que les négociations entre les 196 États participant à la COP27 pour trouver des accords doivent se terminer, seront-elles prises en compte ?

À lire aussi : J’ai découvert la collapsologie, j’ai été très déprimée… et j’ai repris espoir

Crédit photo : Alisdare Hickson via Flickr


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