Coucou toi ! La patate ?
Cette semaine, c’est Roxane qui prend la parole pour te parler de son plus gros complexe, en grande partie dû à toutes les remarques racistes qu’on a pu lui asséner…
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Mes origines asiatiques
Après avoir été une personne chargée de complexes en tous genres, après m’être doucement reconstruite jusqu’à ne plus (trop) en avoir, je me suis toujours demandé quel avait été mon plus gros complexe.
J’ai longtemps tergiversé.
Et j’ai trouvé (non sans mal, parce que c’est un complexe permanent, inchangeable et inchangé), un complexe enfoui au plus profond de moi qui resurgit au détour d’une conversation, d’un geste, d’une pensée…
Mes origines asiatiques.
Mes parents m’ont adoptée quand j’étais tout bébé. Donc quand j’étais petite, je m’imaginais comme mon papa, blonde comme les blés et comme ma maman, aux bouclettes indisciplinées.
Et en fait PAS DU TOUT !
Mon premier vrai face-à-face à un miroir a été ma première confrontation à la réalité.
Déjà, je ne ressemblais aucunement à mes parents.
Deuxièmement, je ne ressemblais à personne de mon entourage. Je voulais être blonde aux yeux bleus, j’avais les cheveux noirs de jais et les yeux marrons.
Mes yeux étaient bridés, ce qui me valait de sympathiques imitations. Mon nez aplati m’apportait de jolies comparaisons. Mes cheveux étaient raides, alors que je les rêvais bouclés.
Bref, rien n’allait.
Et au-delà de l’apparence physique, il y avait toutes les remarques désobligeantes des gamins :
— T’es chinoise ? — Non, vietnamienne… — Vietna-quoi ?
— Tu me vois, avec tes yeux tout plissés ?
— De toute façon, les Chinois c’est tous les mêmes.
Les cons aussi, hein…
À l’époque malheureuse du collège où on se trouve moche, j’avais ce problème originel à régler aussi. J’avais donc décidé de l’enfouir au plus profond de mon être, de régler mes autres complexes avant, de m’y pencher plus tard.
Petit à petit, j’ai fini par accepter mes origines. Le voyage dans mon pays de naissance quand j’avais 15 ans m’a beaucoup aidée. Voir que c’était mes parents qu’on fixait, tandis que je passais inaperçue, c’était un sentiment inédit.
Ma thérapie avec une psy m’a aidée aussi à m’accepter telle que j’étais, moi, dans toute mon entièreté. Avec le fait que mes gènes avaient eu la bonne idée de me faire correspondre aux « critères de beauté » : un corps fin, des cheveux lisses, la peau mate.
Doucement, j’ai fini par m’aimer et dompter tous mes complexes, dont celui-là.
Mais c’est le seul qui se rappelle à moi presque tous les jours. À cause des autres.
Je ne sais toujours pas comment accueillir les « de toute façon, on t’nem pas », les « ping pong », les « tching tchong », les « tu dois savoir réparer ça toi, t’as l’habitude dans les usines Nike, non ? ».
Alors la plupart du temps je plaisante, j’anticipe les blagues en coupant l’herbe sous le pied des gens. Et parfois, je soupire simplement en prenant sur moi.
Je ne pourrai pas changer les gens qui font ces remarques, mais ce que j’ai compris c’est qu’eux ne pourront plus me changer et me faire complexer.
Parce que malgré les moments pas cool que mes origines m’ont fait vivre, elles m’ont aussi apporté des bienfaits magnifiques !
Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?
J’ai également demandé à Roxane de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son corps illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?
Cela faisait longtemps que je voulais participer à Corps à cœur Cœur à corps, car je trouve que c’est un très joli projet.
Je ne suis plus une personne qui complexe énormément sur mon physique, désormais, mais il a fallu pour ça que je fasse énormément de travail sur moi-même.
Rien qu’écrire ce petit témoignage a été long, car je ne savais même pas par quel complexe commencer !
Participer à cette expérience m’a permis de me prouver à quel point j’avais parcouru du chemin avec mon corps, et m’a aidée à confronter mes véritables « complexes ».
Mon regard sur moi-même s’est apaisé et même si ce n’est pas facile tous les jours, j’arrive à relativiser bien mieux qu’avant.
Ton illustration est magnifique. Elle est très fidèle, tu réussis à capter toutes les émotions que je ressentais lorsque je t’ai envoyé la photo modèle : le malaise que j’avais de me prendre en selfie, le sourire un peu crispé que j’ai toujours lorsqu’on prend une photo de moi…
C’est une véritable mise à nue que tu as réussi à faire et c’est étrange de se voir dessinée. Mais le résultat est très bien et je m’y reconnais beaucoup. Je suis heureuse (et fière) à la pensée que moi, je dégage cette image.
Donc merci mille fois Léa pour ton travail, continue de nous faire rêver avec ces beaux témoignages et ces magnifiques illustrations !
J’en profite pour dire merci à mon amie d’amour qui m’a encouragée à participer.
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On a hâte de vous lire !
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Les Commentaires
Mais bon je fais avec et au final je plains ces personnes. Je me dis que ces gens n'en vaillent pas la peine et je passe à autre chose.
Les gens qui disent chinois pour désigner les asiatiques sont juste stupides.
Pour finir, voici une vidéo qui est pas mal du tout (c'est en anglais) :