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Un chantier de fouilles archéologiques, c’est pas vraiment Indiana Jones au quotidien

Une madmoiZelle a passé une partie de son été à faire des fouilles archéologiques. Elle raconte comment elle en est arrivée à ce bénévolat surprenant et ce qu’elle y a vécu !

Quand je raconte que j’ai passé 15 jours de mon été à être bénévole sur un chantier de fouilles archéologiques, la première question que l’on me pose, c’est :

« Mais comment tu as pu avoir une telle idée ? »

C’est vrai qu’on ne se réveille pas souvent, un beau matin, avec une envie de fouiller la terre et que la pratique d’être bénévole en archéo n’est pas vraiment connue. En fait, l’idée ne m’est pas venue mais s’est présentée à moi par hasard.

Cette année, je voulais passer mes deux mois d’été à travailler afin de mettre un peu d’argent de côté et faire un road-trip à travers la France en septembre. Ça paraissait être un bon plan !

Sauf que je m’y suis mal prise pour trouver un emploi et arrivée début juillet, je n’avais toujours rien.

À lire aussi : Comment trouver un job d’été (même si je n’ai aucune expérience) ?

Certes, j’aurais pu commencer plus tard mais ça contrariait les plans que j’avais imaginé et j’ai commencé à paniquer. De plus, j’ai appris que je ne pourrais pas faire ce road-trip tant attendu, au final…

J’avoue bien volontiers que j’ai eu un peu le seum et que ma motivation a considérablement baissé.

Que faire de son été quand on a ni job, ni argent ?

Alors j’ai réfléchi. Oui, c’était bête de ne pas mettre à profit l’été pour gagner de l’argent, mais je pouvais choisir de travailler à la rentrée.

C’était l’occasion de prendre cette période afin de faire des choses pour moi, des choses qui me plaisaient et que je n’avais pas forcément le temps de réaliser pendant l’année.

Je voulais lancer un blog, c’était l’occasion de m’y consacrer ! Je voulais lire les Harry Potter aussi, et faire du roller, et visiter des monuments sur Paris, et chercher un service civique pour la rentrée, et tester des recettes

Il y avait quelque chose qui me trottait depuis un bout de temps dans la tête, aussi : j’aurais aimé partir faire un stage de yoga dans un joli lieu et me ressourcer. Et puis j’ai changé d’avis en consultant les prix…

800 balles à sortir ça n’allait pas vraiment me ressourcer. J’allais plutôt commencer le Miracle Morning.

N’empêche que j’aurais bien passé un petit séjour quelque part… De fil en aiguille, et à mesure de recherches sur le Net, j’ai fini par tomber sur le site du Ministère de la Culture qui proposait une liste de chantiers archéologiques recherchant des bénévoles.

L’archéologie, un domaine inconnu et fascinant

Je n’ai jamais été passionnée d’archéologie, ni même spécialement intéressée par ses problématiques. Mais je trouvais que partir sur un chantier était une façon de me rendre utile, d’ouvrir mes horizons, de rencontrer des personnes qui n’ont pas les mêmes centres d’intérêts que moi et enfin, de quitter un peu la ville.

Alors, ni une ni deux, je me suis lancée dans la rédaction d’une lettre de motivation et j’ai envoyé des candidatures. Il faut savoir qu’il y a plus de 300 chantiers disponibles sur toute la France (à l’étranger également) et que s’y prendre début juillet, c’est un peu tard… Enfin bon, qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ?

Les réponses n’ont pas tardé à arriver, bien que toutes négatives pour cause d’équipes déjà complètes depuis longtemps. Mais je me suis accrochée et j’ai envoyé encore plus de mails.

J’ai bien fait car, quelques jours plus tard, je recevais un appel me demandant si j’étais toujours disponible : oui, bien sûr ! C’était officiel, je partais en Picardie la première quinzaine d’août pour un chantier néolithique !

Dis comme ça, la Picardie ça ne fait pas rêver, mais ça avait le mérite d’être assez près de chez moi. Et puis, j’ai découvert une région que je ne connaissais finalement pas bien, que j’avais sous-estimée et qui mérite que l’on s’attarde un peu sur ses jolis petits villages.

À lire aussi : Je suis picarde, je suis de gauche, et je continue à aimer ma région

Qu’est-ce qu’un chantier de fouilles néolithiques ?

J’étais un peu perplexe quand on m’a appris qu’on devait fouiller les « poubelles » des hommes du néolithique mais c’est vrai que c’est un bon moyen de comprendre les modes de vie.

Nous étions une dizaine à travailler sur un chantier d’archéologie programmée, c’est-à-dire qu’il est motivé par un but de recherche scientifique et qu’il n’y a pas réellement de délais à respecter, contrairement à l’archéologie préventive qui a lieu avant des travaux publics. D’ailleurs, ce chantier a commencé en 2014 et étudie différentes parcelles du champ où il était installé.

La période analysée était donc le néolithique. Les principaux éléments que nous trouvions étaient des fragments de céramiques, des petits ossements et pas mal de charbon de bois.

Les fouilles ont permis de révéler l’existence d’une palissade de protection du village ainsi que celle d’une décharge.

Je me suis dit que les hommes du futur n’allaient pas être déçus quand ils iraient fouiller nos poubelles…

…ça, c’est clair.

Le quotidien sur un chantier de fouilles

Le plus souvent, les bénévoles (ou stagiaires, pour les étudiant•es d’archéo pour qui c’est obligatoire) sont nourris et logés en échange du travail effectué.

Comme le budget n’est pas énorme, l’hébergement est dit « en dur », c’est-à-dire qu’il faut ramener son équipement de couchage : matelas gonflable, sac de couchage et éventuellement tente pour un peu d’intimité.

Pour notre part, nous étions dans une école primaire où une salle de classe était réservée pour les filles et une autre pour les garçons. Ça semble rustique comme ça – et ça l’est – mais j’ai trouvé ça franchement amusant !

Dans le préau, il y avait une petite cuisine et des grandes tables pour manger. La plupart du temps nous allions par groupe faire des courses pour la communauté (remboursées par le chef de chantier).

C’était aussi à nous de préparer nos repas du soir et le pique-nique de la pause déjeuner. Au début, j’avais un peu peur de m’aventurer là-dedans avec mon régime végane mais finalement tout s’est très bien passé !

Je suis certaine que vous vous posez la question de l’hygiène et des douches.

Evidemment, dans une école primaire il n’y a pas de douches, mais il nous suffisait de marcher 5 minutes pour atteindre le stade et ses douches pour sportifs remises à neuf cette année.

Eh oui, le grand luxe continue et même qu’on avait le droit d’aller dans les douches des arbitres qui étaient bien mieux !

 

L’ambiance sur les chantiers de fouilles

Les personnes avec qui j’ai vécu pendant ces deux semaines étaient toutes plus ou moins de la même tranche d’âge que la mienne et bien souvent, étaient des étudiant•es en archéologie.

Certain•es même se connaissaient déjà des années précédentes. Au fur et à mesure du séjour, des personnes arrivaient ou partaient, car le chantier durait en tout un mois.

Il y avait d’autres personnes pour qui c’était la première fois sur un chantier de fouilles. Par contre, j’étais la seule à ne pas faire des études d’archéologie ou à vouloir me reconvertir dans le domaine.

Mais ce n’était pas un handicap : si j’avais des questions, on se faisait un plaisir de m’expliquer.

J’ai quand même eu des grands moments d’incompréhension quand tout le monde parlait d’archéologie les premiers jours, mais ça a bien vite dérivé sur d’autres sujets par la suite !

J’ai vraiment apprécié ce petit groupe qu’on formait. Je ne sais pas si c’est les fouilles qui rapprochent ou si on était une équipe particulièrement cool, mais on a bien rigolé tous ensemble et j’étais vraiment à l’aise avec eux, comme si je les connaissais depuis longtemps. Je pense même revoir certaines personnes.

À lire aussi : Cinq leçons que j’ai apprises sur moi en une semaine de woofing

D’ailleurs, c’est en partie grâce à cette bonne ambiance qui régnait que je n’ai pas abandonné. Je dois bien l’avouer, je n’ai pas vraiment aimé mon rôle d’archéologue en herbe. Je trouvais le temps long sur les chantiers et la vie de nos ancêtres pas particulièrement passionnante.

A plusieurs reprises, j’ai eu envie d’arrêter, de prétexter une connerie et de rentrer chez moi. Mais je ne l’ai pas fait, parce que d’une part, je m’étais engagée et ça allait contre mes principes de laisser le chef de fouilles en plan et d’autre part, je pensais aux soirées sympas qu’on passait ensemble à jouer au Loup-Garou et ça allait mieux.

Moi une fois j’ai trouvé une dent de vache néolithique…

Peut-être que si j’étais tombée sur un chantier concentré sur une autre époque de l’Histoire, ça m’aurait plus intéressée. Je n’en sais rien et tant pis.

L’expérience du bénévolat sur un chantier de fouilles : le bilan

Dans la globalité de l’expérience, j’ai vécu un moment vraiment enrichissant avec des personnes intéressantes. Même si je ne recommencerai pas, je suis heureuse et fière de moi-même de l’avoir fait et d’avoir tenu bon.

Vivre en communauté avec des personnes jusqu’alors inconnues (alors que j’ai pour habitude de vivre seule avec ma mère), c’était un challenge qui aurait pu être déroutant mais ça m’a plu.

J’aime avoir du mouvement autour de moi autant que j’apprécie de temps en temps des moments de calme et de solitude.

Lorsque je suis partie (j’étais l’une des premières), j’ai tout de même eu un petit pincement au cœur de quitter tout cela même si j’avais hâte de retrouver le confort de mon chez-moi.

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