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Moi, moi et moi

PostCrossing, les cartes postales ressuscitées (et ma nouvelle obsession)

PostCrossing, qu’est-ce que c’est ? C’est un site pour échanger des cartes postales. Mais c’est aussi, et surtout, la nouvelle addiction d’Ève, qui colle des timbres plus vite que son ombre.

Publié initialement le 10 mars 2013

Le 7 février 2016 — Aujourd’hui c’est le « Send a card to a friend », donc on en profite pour rediffuser cet article !

Le 10 mars 2013 — Vous vous rappelez, avant l’Internet ?

Si, avec un petit effort, vous pouvez vous en rappeler, j’en suis sûre. À moins que, contrairement à moi, vous ne soyez bien trop jeune pour avoir connu cela, ce qui me contrarie un tantinet et me rappelle que je n’aurais peut-être pas dû claquer mes économies Botox dans un nouveau lustre qui a néanmoins le mérite de mal éclairer (du coup, on ne voit plus les rides).

Bref, ayant, dans ma jeunesse, côtoyé le monde sans Internet, j’ai eu le loisir de m’adonner, dès l’enfance, à un hobbie en voie de disparition : la correspondance postale. Alors que l’homo sapiens du 21 ème siècle communique par e-mail et fait de nouvelles connaissances à grand renforts d’ajouts sur Facebook, il fut un temps pas si lointain où nous partions à l’aventure sans sortir de chez nous via l’envoi de courrier à ceux que nous appelions nos « correspondants ».

Les profs de langues fournissaient des adresses à leurs élèves, les rubriques courrier des magazines pour ado fourmillaient de petites annonces de lecteurs en quête d’amitié par courriers interposés et certains organismes proposaient même des adresses de correspondants du monde entier moyennant l’honnête somme de 10 francs, soit l’équivalent de quatre croissants vendus à la coopérative du collège.

En somme, la correspondance était une sorte de sport national, un loisir auquel s’adonnait la plupart des ados, participant même parfois à ces chaînes de courrier, dont nous raffolions, et qui nous amenaient à envoyer des cartes postales à des personnes que nous ne connaissions pas, l’AVENTURE quoi !

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Et puis bon, tout cela s’est perdu. Il y a quelques années, après avoir reçu une dernière lettre déprimante de ma correspondante russe qui me remerciait de lui avoir envoyé des échantillons Yves Rocher dans mon dernier courrier et me faisait parvenir d’immangeables bonbons acidulés pour m’exprimer sa gratitude, je remballai mon set de correspondance en même temps que je faisais l’acquisition d’un modem.

Adieu le joli papier et les enveloppes assorties, adieu les stickers censés décorer les courriers, adieu le stock de cartes postales régionales voué aux échanges postaux et surtout, adieu les lettres ponctuées d’un énorme « B », celui du traditionnel « Big Bisous Bien Baveux ».

Et puis un jour, alors que je me vautrais, comme je sais si bien le faire, dans cette foutue nostalgie, regrettant le temps des lettres manuscrites et des cartes postales avec autant d’ardeur que je regrette l’époque où le chouchou en velours compilé à une mini-vague représentait le summum du bon goût capillaire, la magie des réseaux sociaux a opéré.

Et alors que sur Twitter, je chouinais en choeur avec d’autres utilisateurs, partageant cette nostalgie pour les enveloppes comportant la mention manuscrite « Petit facteur, presse le pas car l’amitié n’attend pas », une gentille Twitta m’a dirigée vers un site qui allait devenir, en moins de temps qu’il n’en faut à Chuck Norris pour casser une coquille de noix entre ses fesses, ma nouvelle obsession.

J’ai nommé PostCrossing. PostCrossing, a.k.a. le site d’échange international de cartes postales. Presque 400 000 utilisateurs de plus de 200 pays différents réunis sur une même plateforme 2.0 pour s’échanger des cartes postales, comme au bon vieux temps.

Autant vous le dire tout de go, en découvrant ce site Web, mon coeur de jeune fille a pleuré aussi fort que la fois où un garçon a enfin daigné m’embrasser sur la bouche pendant un slow des New Kids on the Block (ça s’est passé une fois, d’ailleurs, et puis ça ne s’est plus jamais reproduit) (quelle tristesse qu’on n’écoute plus les New Kids dans les boums en 2013).

Et en moins de deux, j’étais inscrite, prête à revivre l’aventure des échanges de cartes postales avec de parfaits inconnus, sauf que cette fois, la magie d’Internet aidant, mes cartes allaient dépasser le frontières. Envahir le monde. Peut-être même l’espace intersidéral. Et telle une Bear Grylls de la carte postale, j’ai ressorti tout mon attirail courrier, de l’ouvre-lettre en argent aux stickers smileys, prête à répandre autour de moi la bonne parole du courrier à l’ancienne.

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Alors, comme le disait ce bon vieux Michel Chevalet : comment ça marche ?

Il suffit de s’inscrire en quelques clics, de créer son profil en renseignant son pays d’origine et de rédiger une petite bio comme on sait tous si bien le faire, du genre « Je suis Française, je fais partie d’une équipe de colin-maillard, j’aime les huîtres et Francis Huster mais je n’aime pas les années bisextiles et les gens qui ont mauvaise haleine ».

Ceci étant fait, il convient d’ajouter une photo de profil chatoyante ou, au choix, la photo de son animal de compagnie (j’ai donc pour ma part opté pour la photo de Gérard, mon pangolin domestique), avant de partir en quête de nouvelles connaissances qui auront le privilège de recevoir nos meilleures cartes postales de chatons dans des paniers ou de filles bronzant en string à la Bourboule.

On passe ensuite aux choses sérieuses en sollicitant, en un clic, des adresses de parfaits inconnus qui deviendront, le temps d’un échange de courrier, de vieux amis

. Le site génère ainsi un certain nombre d’adresses de façon aléatoire, celles des personnes à qui l’on est dès lors tenu de faire parvenir une carte postale. En contrepartie, dans le même temps, d’autres personnes reçoivent notre adresse, remplissant ainsi notre boîte aux lettres de courrier du monde entier et notre coeur de bonheur car on est comme ça ouais, on a des joies simples.

Voilà donc comment j’en suis arrivée à me consacrer avec passion à ce nouveau sport qu’est le postcrossing. J’envoie des cartes postales de femmes à barbe en Lettonie, des cartes postales d’Elvis aux Pays-Bas, des cartes postales de dinosaures au Brésil, des cartes postales d’hommes en string au Japon et bref, voilà comment je suis devenue obsédée par la carte postale au point d’en oublier que j’avais des enfants à nourrir (avant ils mangeaient, maintenant ils lèchent des timbres pour les envois de maman).

J’ai mis Postcrossing sur ma liste des sites les plus addictifs qui soient et je constate, au vu des statistiques du site, que je suis loin d’être la seule à être de cet avis. Notez que certains utilisateurs en sont à plus de 6000 cartes postales envoyées et reçues, avouez que ça force le respect.

Moi j’en suis à 10, autant dire que plus que 5990 et je pète le record, ôôôh oui. Car désormais, je ne vis plus que pour la carte postale (et les rediff’ des Sentinelles de l’air) (et la sauce barbecue). Je vis carte postale, je pense carte postale, tout mon être se cartepostalise, je me sens muter.

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Je suis tellement à fond dans mon truc que je me suis même fait un petit stock de cartes postales prêtes à être envoyées, et d’ailleurs il faut que je vous en cause. Vous allez rire. Sans déconner…

Je suis allée chez mon libraire et j’ai vu des cartes postales, alors j’en ai pris une petite dizaine, forcément. Une avec un champignon en forme de pénis, une avec une tête de chevreuil empaillée maquillée comme une Mini Miss, une avec un vieil homme qui montre sa raie des fesses, et tant d’autres cartes d’un goût certain qui, j’en étais sûre, allaient faire la joie de parfaits inconnus.

Je suis ensuite allée dans une papeterie et, coup de bol, j’y ai trouvé un rayon cartes postales, et en ai achetées quelques-unes de plus pour augmenter mon stock, histoire de ne pas manquer de cartes, voyez-vous. Et puis j’ai découvert sur divers sites Web que les cartes pouvaient s’acheter par boîtes de 100, alleluia. Alors j’en ai pris quelques-unes, histoire d’être vraiment, vraiment sûre de ne pas manquer de cartes.

Et bref, en l’espace de quelques jours, sans vraiment pouvoir expliquer ce qui m’a pris, j’ai fait l’acquisition d’un bon nombre de cartes postales. Quelques-unes quoi. Bon ok, un millier. Ne dites rien. Je sais.

Je suis donc l’heureuse propriétaire de quelques 1000 cartes postales que je compte bien utiliser pour inonder les boîtes aux lettres du monde entier. Voilà, on est tous très contents.

Alors bien sûr, mon entourage se fout un tantinet de ma gueule. Peut-être parce que chaque jour, j’attends le facteur avec autant d’impatience qu’un collégien bien décidé à intercepter le bulletin trimestriel avant ses parents. Chaque jour, oui. Même le dimanche, sait-on jamais.

Et chaque jour je soupire et traîne des pieds si aucune carte postale ne m’est adressée. Si en revanche, j’ai droit à ma carte du bout du monde, je fais la roue et montre ma culotte pour exprimer ma joie, aussi le facteur finit-il par me trouver bien sympathique quoique lunatique.

Quant à ma vie sociale qui se résumait déjà à pas grand chose ces derniers temps, je viens de la condamner au néant tant cette nouvelle addiction prend le dessus sur tout le reste. Quoi qu’on me propose de faire, je réponds désormais : « Je peux pas, je fais mon Postcrossing », ce qui grosso modo, revient à dire « Je peux pas, j’ai carte postale ». Une excuse encore plus navrante que le « J’peux pas, j’ai piscine » qui fit autrefois sensation.

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Mais alors, vous vous demandez sans doute POURQUOI. POURQUOI j’en suis arrivée là (en dehors du fait que je sois psychologiquement instable, partiellement déprimée et potentiellement candidate à toute activité que l’on pourrait qualifier d’inutile).

En quelques points, mes doux lapins, voyons en quoi ce site est bien (j’ai essayé de faire un petit haïku en guise d’accroche mais j’avoue que c’est un peu raté).

  • Le postcrossing t’apporte de la bonne humeur dans ta boîte aux lettres et ça les mecs, c’est pas rien. Désormais, dans ma boîte, au milieu des factures et des pubs qui servent à que dalle, se trouvent des cartes cool, provenant de parfaits inconnus qui me souhaitent tout le bonheur du monde et me racontent des tranches de vie comme si on se connaissait depuis toujours. Et crois-moi, vu la mauvaise humeur ambiante, les gens-qui-font-la-gueule-à-tout-va, les qui-se-plaignent, les qui-sont-jamais-contents, les qui-sont-négatifs, les qui-croient-plus-en-rien, les qui-souhaitent-que-de-la-merde-à-leur-voisin, ben ça fait drôlement de bien de recevoir une carte d’un Sud-Coréen qui te rappelle de ne jamais oublier de sourire et d’avoir confiance en toi, car tu es une personne super (je soupçonne ce type de piocher ses textes dans des livres de développement personnel mais passons). Ou d’une mémé brésilienne qui te raconte toute la joie qu’elle ressent à envoyer une carte postale en France. Ou d’un jeune Finlandais ayant écumé les boutiques de cartes pour trouver précisément celle qui allait te plaire, et qui a fini par dégoter une improbable carte représentant un foetus de porc dans un bocal, juste parce qu’il avait pigé que tu avais des goûts un peu bizarres. Et ben moi je trouve ça beau comme une chanson de Demis Roussos.
  • Sur son profil, chacun a coutume de lister, après sa présentation, une liste de suggestions, à l’intention des utilisateurs qui seront amenés à lui envoyer une carte. Par exemple, on trouve très souvent des suggestions du genre « J’aimerais des cartes postales de paysages, de la faune de votre pays et de bâtiments industriels » ou « Je souhaite des cartes postales de bébés chats, de licornes ou de Bob l’Éponge ». Mais parfois (souvent), les listes en question réservent des surprises et découvrir les préférences des autres utilisateurs est devenu mon occupation préférée. Car certaines suggestions sont pour le moins WTF, comme ce type qui sollicitait des cartes postales de vélos rouges cassés, par exemple. Et là, tu te dis que merde, y a vraiment des gens qui collectionnent les cartes de vélos rouges cassés. Et pourquoi pas les cartes de vélos bleus en bon état ? Ou de mobylettes jaunes avec une seule roue ? Non non, le mec, il veut des vélos rouges cassés, on ne sait pas si il en a parlé à son thérapeute, toujours est-il que les vélos rouges cassés, c’est sa passion. Et moi j’en dis que ceci est tout bonnement fascinant. Une autre fois, je suis tombée sur le profil d’une utilisatrice qui aimait les cartes postales de femmes portant des boucles d’oreilles en perle. Rien que ça, ouais. Et j’imagine que je vais encore découvrir tout un tas de requêtes complètement WTF, comme « cartes postales de chef de gare de dos » ou « carte postale de cumulonimbus au-dessus d’une barrière » et en vérité, ça me passionne. En même temps, je me passionne d’un rien mais tout de même, avouez que c’est pas commun.

Et bref, je pourrais vous vanter les mérites de ce fabuleux réseau pendant encore des plombes si je n’étais pas présentement attendue à une réunion très importante (comprenez : si je n’étais pas présentement sur le point de coller des stickers arc-en-ciel sur mes cartes avant de les envoyer) dans le cadre du job qui me permet de payer mes factures (dans le cadre du job qui me permet de m’acheter des cartes postales).

Et puis bon, ne vous en faites pas pour moi hein, je me suis remise de bien d’autres formes d’addiction, je sortirai bien indemne de celle-ci (dès que j’aurais atteint mon objectif de 6000 cartes, vous l’aurez compris). J’ai survécu à ma période « Je regarde X-Files 3 fois par jour, 7 jours sur 7, pendant 12 ans », je ne vois donc aucune raison de m’inquiéter et de remettre en question ma capacité à vivre un jour à nouveau pour autre chose que pour l’envoi de cartes postales. Sur ce, je vous laisse, j’ai des timbres à coller. Et surtout : Big Bisous.

PS : N’hésitez pas à m’envoyer vos cartes postales à la rédaction (madmoiZelle.com – 40bis rue du Faubourg Poissonnière 75010 Paris). Si on passe la barre des 6000, mon rêve se réalisera et je danserai le jerk avec une plume dans les fesses pour fêter cela.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

117
Avatar de younicorn
8 juillet 2017 à 10h07
younicorn
ÉDIT : je me suis finalement inscrite et deux cartes sont prêtes à être envoyée : une pour l'Allemagne et l'autre pour la Russie!
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