madmoiZelle.com : Explique-nous ton parcours : pourquoi avoir choisi le métier d’infirmière ? Comment s’est déroulée ta formation ?
Sabine : Je suis devenue infirmière après un Bac L, donc rien à voir ! En fait, je voulais être institutrice mais, après avoir passé un peu de temps sur le terrain, j’ai vu que je n’avais pas la patience nécessaire ! Je suis l’ainée de cinq enfants et j’ai toujours voulu bosser avec des enfants. Je me suis rabattu sur des études de puéricultrice : il faut passer le diplôme infirmier, puis faire un an de spécialisation. Après mes études, et au cours de mes différents stages, je me suis aperçue que puér’ n’était pas ma vocation, alors qu’infirmière…
madmoiZelle.com : Quelles ont été tes premières expériences avec le monde de la santé ? Dans quels services as-tu fait tes différents stages ? Lesquels t’ont plu ? A l’inverse, où ne voudrais-tu jamais travailler ?
Sabine : J’ai fait différents stages, pas mal d’ailleurs, tant et si bien que je ne me souviens de ceux qui m’ont plus. Ce sont plus des hôpitaux dont je me souviens ! Par contre, je n’ai pas du tout apprécié mon stage en pédiatrie ! Surprenant pour une (ex-)future puéricultrice !
madmoiZelle.com : Souvent, en France, on se plaint du fossé qu’il existe entre les études et le monde du travail. As-tu ressenti un décalage entre ce que l’on t’a appris à l’école et la réalité du monde hospitalier ?
Sabine : A l’école, on nous apprend beaucoup de techniques, on nous rabâche les principes d’hygiène +++. Au final, nous nous servons de la moitié de ces connaissances. Le reste on l’apprend sur le tas, comme l’organisation.
madmoiZelle.com : Depuis que tu es diplômée, où as-tu travaillé ?
Sabine : En gérontologie (le service gérontologie a pour objet de dispenser des soins de longue durée et de réadaptation à des personnes âgées, ndlr), et depuis trois semaines, en gériatrie aigüe (le service gériatrie soigne les maladies de la vieillesse, ndlr).
madmoiZelle.com : En quoi consiste ta mission au sein du service gériatrie aigüe ? Qui sont tes patients ? Quels soins leur prodigues-tu ?
Sabine : Mes patients restent des personnes agées. Par contre, en gériatrie, l’hospitalisation est courte (15 jours maximum), avec retour au domicile.
On leur prodigue toutes sortes de soins : perfusions, bilans, relationnel, alimentation, autonomie, etc. Bref, plein de choses mais dans un temps très limité pour éviter qu’ils ne deviennent grabataires à cause de l’hospitalisation.
madmoiZelle.com : Pourquoi gériatrie « aigüe » ?
Sabine : Parce que nous intervenons sur un problème aigüe, type rétention urinaire, infection pulmonaire, etc. Les maladies doivent être traitées rapidemment afin d’éviter que tous les autres organes décompensent car, à cet âge, c’est ce qui arrive souvent. (La décompensation, c’est lorsqu’un trouble dû à une maladie n’est plus compensé par une adaptation des fonctions restées saines, ndlr.)
madmoiZelle.com : Dans ce type de service, quels types de relations se créent avec le patient ? Te limites-tu au professionnel ? Ou y-a-t’il une dimension affective importante ?
Sabine : Personnellement, je n’arrive pas à me limiter au professionnel, pas en géronto. Mais, avec l’expérience, on arrive à maintenir un contact amical et professionnel pour se protéger de la peine d’un décés. Avec certains patients, j’avoue que je dépasse parfois la limite et je m’attache. Plus dure est la chute dans ces cas-là…
madmoiZelle.com : En quoi, travailler avec des personnes âgées, est-ce agréable, voire enrichissant ?
Sabine : J’apprends énormement au contact des personnes âgées, tant au niveau humain (ils nous racontent leurs expériences et cela vaut de l’or), qu’au niveau de la connaissance des pathologies, qui sont multiples chez la personnes âgées.
madmoiZelle.com : Quelles sont les difficultés que tu rencontres en travaillant avec des personnes âgées ?
Sabine : Les difficultés ne sont pas dûes aux personnes agées, mais aux conditions de travail difficiles : je fais les trois huit, il manque souvent du personnel (pas de remplacements ou des arrêts de travail abusifs), etc.
madmoiZelle.com : En dehors des compétences médicales, quelles sont, selon toi, les principales qualités d’une bonne infirmière ?
Sabine : L’humanité, la joie de vivre (tout le monde a des problèmes, mais il faut savoir les mettre de coté), être souriante, respectueuse, …
madmoiZelle.com : Dans ta profession, quelles sont les choses que tu aimes le plus et celles que tu aimes le moins ?
Sabine : Me lever et faire les horaires tournants. Sinon, j’adore vraiment ce que je fais. Quand j’en ai marre, c’est que je suis fatiguée, sinon c’est du bonheur !
madmoiZelle.com : Une anecdote à nous faire partager ? Un patient qui t’a bouleversé, amusé, etc. ?
Sabine : Il y en a tellement… Ceux qui ont un humour de petit jeune à 85 ans, ceux qui sont désagreables et qui nous sourient deux minutes plus tard, les personnes démentes qui, d’un seul coup, viennent vers vous pour vous embrasser (alors que c’est plutôt des coups en général !). Je n’ai pas d’exemple précis, mais plein de petites phrases en tête, qui hors contexte ne sont pas très compréhensibles.
madmoiZelle.com : Quels sont tes projets et tes envies professionnels ?
Sabine : Tenir encore 3 ans en géronto, puis changer avant de ne plus aimer ce que je fais. Et finir ma carrière en géronto, ça c’est sûr !
madmoiZelle.com : Tu travailles dans un milieu très féminin. Comment pourrais-tu l’expliquer ? Est-ce que c’est une simple question de mentalité ? Ou est-ce que ça s’explique par des caractéristiques, voire des qualités purement féminines ?
Sabine : C’est un milieu féminin parce que les hommes ne sont pas assez valorisés. D’ailleurs, chez nous, les infirmiers sont souvent appelés « docteur » par les patients, c’est dire !
madmoiZelle.com : Enfin, pour toi, c’est quoi être une madmoiZelle aujourd’hui ?
Sabine : Une femme qui vit avec son temps, qui gère ses soucis et sa vie en parallèle, une femme moderne !
Le blog de madmoiZelle Sabine se trouve ici !
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