Mais oui, mais oui, l’école est finie (la carrière de Sheila avec). Armée de mon Bac +3 , il est donc temps de me dégoter un travail. J’ai mis cinq ans pour avoir cette satanée licence, alors théoriquement, ça fait de moi une pseudo titulaire d’un bac +5, donc d’un master, donc tu peux m’appeler maître et me baiser les pieds (ou me filer cent balles et une photo de Philippe Risoli, à ta guise). De toutes façons, j’ai toujours eu un train de retard : on est le 26 janvier 2011, et je découvre a peine la saison 1 de How I met your mother, c’est dire.
De mon boulanger à ma conseillère d’orientation, en passant par mon père, ma mère (mes frères et mes sœurs ?), tous m’avaient prévenue. Une licence de communication, c’est comme Cindy Sander, ça sert à rien (encore plus depuis qu’elle s’est transformée en sosie capillaire de Matt Pokora).
Y’avait pourtant des signes précurseurs. En première année, je jouais à 123 soleil avec ma prof, en deuxième, j’écrivais mon ressenti sur de la musique baroque, et en dernière année, j’apprenais l’art du mime. A moins de postuler au cirque Pinder, j’étais mal barrée pour trouver un travail. Un jour, crois-le ou non mais je fus diplômée (pas de grand discours, ni de fête de fin d’année, non, dans ma fac, on t’envoie ton diplôme un an après, sauf si t’as oublié de donner les dix huit timbres et les quatre enveloppes).
Et là, c’est le moment d’intégrer un concept très novateur : travailler (ou s’inscrire à Pôle Emploi, au choix). Après avoir littéralement spamé le tout Paris de mes curriculum vitae répertoriant mes 1267 expériences de stages, je commençais à envisager l’option numéro 2. Parée de mon plus beau jogging Sergio Tacchini et de ma pochette verte, j’étais prête à conquérir le monde. Choper un CDD d’un mois, ça m’aurait suffi aussi. Mais non, c’est la crise économique ma petite dame, tu retournes à la case départ et surtout, tu ne touches pas les dix mille euros. Au passage, la grande nouvelle tombe « chargée de promo et secrétaire de rédaction, c’est la même chose selon notre logiciel ». Même logiciel, qui m’assurait quelques années auparavant un salaire de 2000 euros avec une licence de communication. AH AH AH.
J’ai bien compris que tout ceci n’était qu’une conspiration de l’état visant à me détruire, en me forçant à vivre chez papa-maman jusqu’à mes 30 ans. C’est donc moi la réincarnation de Tanguy, version 95 C ?
Mais je ne m’avoue pas vaincue (non, je ne postulerai pas au Mcdo), je suis comme Ophélie, Dieu m’a donné la foi. Et s’il avait pu me donner un travail avec, ç’aurait été sympathique de sa part.
Je suis l’employée rêvée, crois-moi mon petit, un jour je trouverai, et toi aussi. Y’a pas de raison, je sais tout faire. Les 1267 stages n’ont pas servi a rien, puisque je sais désormais faire du café, apprivoiser les photocopieuses capricieuses, passer l’aspirateur et même passer sous le bureau (et si t’es sympa, je te fais les quatre à la fois en chantant pa-pi-llon de lumièèère).
Alors, toi le PDG d’une grande agence de com’ (toi le rédacteur en chef de madmoiZelle, ça marche aussi), fais vite, demain j’ai un entretien pour devenir caissière au Super U.
Les Commentaires
A mon premier rendez-vous Pôle-Emploi, la conseillère m'a proposé des postes d'hôtesse de caisse et m'a incitée à faire une formation d'infirmière. Je pensais trouver au moins un emploi administratif dans un bureau mais rien, que dalle : trop diplômée. Ils voulaient des Bac Pro ou des BTS.
J'ai commencé une formation en comptabilité à l'AFPA que j'ai vite abandonnée, puis j'ai vivoté en prenant des missions de traduction et en donnant des cours à domicile. J'ai aussi trouvé des courts remplacements en collège / lycée ou dans la formation pour adulte mais pas de quoi en vivre et surtout aucune sécurité de l'emploi.
Aujourd'hui je postule pour un Master en industries de la langue pour devenir ingénieure en traitement automatique du langage. Si je ne suis pas prise, bah ce sera encore RSA et petits boulots. A 27 ans, ça fait chier.