Le porte-jarretelles mis à bas

??Le porte-jarretelles est un(e) de ces objets/pièces qui me fascine. Pour une fille qui collectionne les petites culottes et les soutifs à tour de boobs, c’est sans doute un accessoire que je considère comme faisant partie de la séduction ultime.

Dis-moi porte-jarretelles et je pense à Bettie Page, Marlène Dietrich dans L’Ange Bleu ou Mylène Farmer dans California. Bourré de symboliques sexuelles et féminines – de la pin-up à la prostituée, de femme fatale à danseuse de french cancan – ce petit bout de tissu sublime l’imagination érotique.

TADAAAAM

C’est bien beau tout ça, mais aujourd’hui où est passé le jarrety ? A part Ghislaine, qui le ressort pour réveiller Popaul trois dimanche dans l’année et quelques photos de charme-artistiques (revival de l’imagerie pin-upesque de ces dernières années), le porte-jarretelles ne se porte plus au quotidien. Est-il même encore dans nos mœurs, celles des vingtenaires ? Combien d’entre-nous en possèdent un dans leur collection de petits dessous ?

Personnellement, je n’en ai qu’un seul. Un seul et unique porte-jarretelles, acheté dans l’excitation folle des premières lingeries, du souffle exaltant d’accéder au statut de jeune femme et d’enfiler ses premières tenues coquines – mais depuis resté bien sagement rangé au fond du tiroir. Et pourtant ce n’est pas faute de ne pas avoir expérimenté l’objet.

Un porte-jarretelles est tout SAUF pratique, soyons bien d’accord. La mise en place est déjà une étape : comme système de clips, on a vu mieux. Au bout d’une demi-heure de lutte forcenée jarretelles Vs. bas, je parviens à faire tenir les 4 côtés sans qu’un élastique ne me fouette le jarret ou ne me pète à la cuisse – une petite victoire intérieure.

Et un jour – entamé par une bonne rasade de calva (ndFab : notez bien, Emilie boit la gnôle à son Papi) sans aucun doute – j’ai eu envie de porter les jarretelles all day long, jusqu’au milieu hostile du dehors.

Le périple du porte-jarretelles en trois points

• l’enfilage (décrit comme précédemment)
• le casse-tête du dressing. Parce que non, on ne peut pas mettre n’importe quoi au-dessus d’une ceinture qui fait tournez-manège. Enfiler une jupe ou un fute trop moulant reviendrait à te balader dans la rue avec un écriteau sur le front “Oui, je porte des jarretelles !”.
• la praticabilité. Marcher, descendre/monter les marches, prendre le métro, s’asseoir, aller aux toilettes… Qu’on se le dise, le porte-jarretelles n’est ABSOLUMENT PAS tout terrain ! Après avoir frôlé la crise du cuissot à l’air libre 36 fois dans la journée, je me suis finalement bénie d’avoir enfilé des bas autofixants.

KIKOO !

[rightquote]Son pouvoir érotique réside justement dans cette façon de dissimuler au yeux du monde son sex-appeal[/rightquote]Je n’ai jamais ré-enfilé le dit porte-jarretelles, même pour un garçon. Où est le charme d’enfiler quelque chose dans sa salle de bain, à la vite, quand on sait qu’il va être défait juste ensuite ? Et qui peut encore se vanter d’attendre Antonio bien sagement toute la journée, jarretelles sous la ménagère pour fêter le retour du vainqueur ? Le fantasme du porte-jarretelles, son pouvoir érotique réside justement dans cette façon de dissimuler au yeux du monde qu’on a le sex-appeal d’une énorme bombasse en-dessous. Mais comme dit Mimi Être une femme en 2010 c’est être active, mais pas forcément très compatible avec l’accessoire…

Constat d’un échec et triste conclusion, le porte-jarretelles disparaît car il n’est peut-être plus en adéquation avec notre mode de vie. Avec la mode vestimentaire non plus. Difficile de cacher un porte-jarretelles habilement sous un jean ou sous des vêtements de plus en plus moulants. Pas assez pratique, pas assez confortable, trop contraignant, le petit bout de tissu aguicheur a déserté la plupart de nos armoires sexy.

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