Au début du mois, j’ai reçu la très chouette newsletter de l’illustratrice Lucile Gomez, et j’ai tout de suite eu envie de t’en parler sur Rockie. Le sujet qu’elle aborde a fortement résonné en moi. Son mail parle des pensées violentes envers son corps qui peuvent nous traverser la tête : « mon nez est affreux », « je suis un gros tas », « je suis moche aujourd’hui », etc.
Comme l’écrit Lucile, « ça nous arrive parfois, à nous les femmes / nous le charme, d’avoir notre voix intérieure qui dérape et qui nous dit soudain des atrocités qu’on ne penserait même pas de quelqu’un d’autre ».
Faire preuve d’indulgence envers soi-même
Et le pire, c’est qu’on ne s’arrête pas là. Non seulement on se trouve moche/molle/grosse (rayez les mentions inutiles) mais en plus, on se reproche ensuite d’avoir ce genre de pensées superficielles !
Comme Lucile, je pense qu’il est temps que je fasse preuve d’un peu plus d’indulgence envers mon corps, qui fait quand même un taf incroyable au quotidien, et envers mon esprit. (Amen).
« J’ai compris que si j’accordais de l’importance à des détails complètement insignifiants de mon physique, c’est peut-être aussi parce que j’étais -comme toutes les autres femmes- sans cesse harcelée par des messages à propos de tout ce qui ne va pas dans mon corps, et tout ce qu’il faudrait que je fasse (ou que j’achète), pour le rendre un peu plus acceptable », ajoute Lucile Gomez. « Tous ces conseils soit-disant bienveillants, je les vis maintenant comme un petit harcèlement. »
Les petites humiliations du quotidien faites au corps des femmes
L’illustratrice et autrice de bandes dessinées poursuit ensuite son mail en dessinant une demi-douzaine de ces petites humiliations du quotidien faites au corps des femmes et à leur(s) beauté(s). Et, elle démarre par les échantillons gratuits aux intitulés évocateurs…
Sans oublier les publicités pour rasoirs…
Dans la liste, on retrouve aussi tous ces fameux conseils pseudo bienveillants sur ce que tu devrais ou ne devrais pas porter. Lucile (1m81 au compteur) cite le fameux « tu es trop grande pour mettre des talons ». Quand mon 1m64 court sur pattes a plutôt tendance à se manger des : « tu es trop petite pour les jupes longues ».
Plus généralement, elle pointe du doigt le prêt-à-porter pour l’ensemble de son œuvre et notamment la taille unique qui ne va à (presque) personne. Sans oublier l’expression « il faut souffrir pour être belle » (no comment), et les conseils mode pour « rééquilibrer ta silhouette ».
J’ajouterai aussi dans la liste des humiliations le mot « imperfections » utilisé à tort et à travers : mes cicatrices de varicelle, mes tâches ou mes cernes font partie de moi, et ce ne sont pas des obstacles sur ma route vers la perfection.
La multiplicité des corps des femmes
Je n’oublie pas non plus tous ces rendez-vous humiliants chez le coiffeur, où la personne qui me lave les cheveux attend que je sois en position de vulnérabilité, la tête en arrière à proximité d’eau bien trop chaude, pour commenter mes cheveux : trop fins, trop cassants, trop secs, trop de pellicules…
Il y aussi toutes ces affiches de pub avec des femmes aux corps lisses et standardisés qui me font oublier la multiplicité des corps des femmes, et me font me sentir anormale avec ma cellulite, mes poils, mes vergetures, mes cernes, mes boutons, et mes cheveux rebelles.
Enfin, il y a les humiliations que je m’inflige à moi-même, comme continuer de porter des pantalons devenus trop petits et passer la journée à me sentir mal. Ou me regarder nue dans le miroir, en rentrant mon ventre pour qu’il ait l’air plat, alors qu’il ne l’a jamais été depuis ma naissance.
Et toi, quelles sont les petites humiliations que tu as remarqué ? Raconte-moi tout dans les commentaires.
- Tu peux aller lire en entier la newsletter de Lucile Gomez ou t’abonner pour recevoir ses prochains mails (tous les six du mois).
- Tu peux aussi aller jeter un œil à la série de vidéos « Cher Corps » sur la chaîne YouTube de Léa Bordier. Ou patienter jusqu’à la sortie fin mai de l’album BD qu’elle a inspiré (et qui est réalisé par plusieurs autrices, dont Lucile Gomez)
- Enfin, tu peux aller lire Beauté fatale, l’essai de référence sur le sujet écrit par Mona Chollet
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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