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Culture

J’ai 18 ans et j’exerce un art peu commun : la ventriloquie !

Capucine a 18 ans, et entre autres choses, elle est… ventriloque ! Esther a eu envie d’en savoir plus !

Publié initialement le 10 décembre 2017

À l’occasion de la journée mondiale de l’art, je te propose de te découvrir ce témoignage d’une jeune ventriloque, une activité pas si répandue que ça.

Et toi, tu es artiste ? Raconte-moi dans les commentaires !

Capucine a 18 ans. Elle est née en région parisienne mais fait aujourd’hui des études de théâtre en Belgique. Elle a aussi fait du chant lyrique dans son enfance, elle est cavalière et adore le dessin.

Et en plus de ça, Capucine est ventriloque. C’est pour cette raison précise que je l’ai rencontrée : une jeune femme ventriloque, ça m’a intriguée ! C’est pas comme si c’était la chose la plus courante au monde, disons.

Capucine, ventriloque «par hasard»

Capucine ne s’est jamais entrainée à devenir ventriloque. Elle a juste découvert qu’elle savait faire, un jour par hasard:

«J’ai découvert ça par le plus grand des hasards, en me brossant les dents. Je partais en heure de colle un matin, alors évidemment je râlais, et là j’ai capté que ma voix sortait d’ailleurs.

Au début je croyais que c’était juste comme les personnes qui sont hyperlaxes… En fait pour moi c’est une aptitude physique dans le sens où c’est comme siffler : il y a des gens qui y arriveront et d’autres non. »

Pendant quatre ans, Capucine a fait de la ventriloquie toute seule, dans sa chambre. Sans en parler à personne, même pas à sa famille :

« J’avais 14 ans, c’était l’âge des premières clopes, des premières soirées alcoolisées, je ne trouvais pas ça hyper stylé d’être entrain de faire parler ses vieilles peluches dans sa chambre.

C’est seulement au bout de deux ou trois ans que j’ai commencé à faire des story Snapchat pour mes amis proches.

Ils adoraient ça, c’était comme leur petite série qui les faisait marrer : c’est eux qui m’ont encouragée à mettre une vidéo sur Facebook pour la première fois, alors que j’avais peur. »

En même temps, en sachant que sa grand-mère qu’elle admire beaucoup s’est «foutu d’elle» le jour où elle lui a montré cette première vidéo, l’appréhension peut se comprendre. Mais en réalité, dès le lendemain au lycée, tout le monde ne lui parle que de ça :

« Les profs, des amis, des gens à qui je ne parlais jamais habituellement… Le lendemain j’ai ouvert une page Facebook, en imaginant qu’il y aurait dessus mes potes, les amis de ma mère, et puis voilà. Mais en fait en 24 heures il y avait 700 likes, et en un mois 16 000. »

Aujourd’hui, près de 80 000 personnes la suivent sur sa page Facebook « Le cas Pucine », et ses vidéos font entre 70 000 et près de 3 millions de vues pour son record, une vidéo publiée juste après les attentats de Nice.

La ventriloquie, une passion parmi d’autres pour Capucine

Capucine a un peu le sentiment de s’être retrouvée dans cette position « par hasard» :

« Je n’ai pas activement décidé d’en arriver là. Ma première passion c’est le théâtre, c’est ce que j’étudie aujourd’hui et mon envie profonde est d’être comédienne, actrice. »

C’est pourquoi depuis mai, Capucine fait un peu de scène : des premières parties, par-ci, par-là. Mais se diversifier, pour elle c’est un peu une seconde nature.

«Mes deux parents sont musiciens professionnels : je pouvais revenir avec un 6 en maths mais un 14 en solfège, ça passait pas. J’ai commencé le piano à 3 ans, puis j’ai fait de la flute traversière. »

En parallèle, Capucine a fait beaucoup de chant, si bien qu’à 14 ans elle entre dans le cœur d’enfants de l’opéra de Paris.

« Je passais tous mes Noël et chaque nouvel an dans le car du retour, car on était en concert un peu partout. Mais même si ça prend beaucoup de temps, avec environ 80 concerts par an, c’était une expérience géniale ! »

Comment fonctionne la ventriloquie ?

C’est d’ailleurs sans doute ces précédentes expériences qui ont donné à Capucine la capacité d’être ventriloque, en tous cas, c’est comme ça qu’elle le perçoit :

«Je n’ai aucune idée de comment ça fonctionne, je n’ai jamais pris de cours, je ne sais même pas si ça existe. En fait le son sort sans que je remue les lèvres.

Je pense que le ventre fait l’effort que les lèvres font normalement – et avoir fait du chant je suis sûre que ça m’a musclée, je sais me servir de tous ces organes.

Je ne dis pas que c’est un prérequis sans lequel on ne peut pas être ventriloque, mais je pense que ça m’a aidée. »

En même temps, Capucine n’exclut pas le fait que chaque ventriloque ait ses propres techniques : par exemple, beaucoup de vidéos YouTube expliquent comment faire, mais elle n’a jamais utilisé personnellement ces techniques.

« En fait je n’ai pas vraiment travaillé le fait de ne pas bouger les lèvres, mais bien davantage la gestuelle pour les marionnettes.

Je me suis forcée à les prendre à gauche plutôt qu’à droite pour pouvoir écrire en même temps, j’ai passé beaucoup de temps devant ma glace pour voir comment les faire bouger, avoir des gestes clairs, qu’on voit leurs yeux à la caméra… »

En réalité, pour parvenir à produire des sons, Capucine m’explique qu’il ne faut pas qu’elle y réfléchisse. À tel point qu’elle n’aime pas du tout faire des démos devant les gens, car elle se sent observée et observe elle-même ce qu’elle fait, « ça ne marche pas, j’ai besoin de m’oublier »

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capucine-elioot

D’ailleurs, pour ne pas trop réfléchir, Capucine fonctionne beaucoup à l’improvisation.

« Ce qui marche bien avec mes vidéos c’est que c’est vraiment un instant, tu rentres dans la chambre d’une étudiante, avec son coloc bizarre.

Il y a des hésitations, ça bafouille, mais c’est ça qui marche. Pour mon spectacle, j’ai un sketch spécial de 20 minutes. Pour le construire j’ai passé une semaine à faire de l’impro tous les jours et au fur et à mesure ça c’est structuré, mais je continue de réagir au public.

J’ai besoin que ce soit Eliott qui me parle, pas moi qui le fasse parler. »

Un rapport particulier aux marionnettes

Elle décrit Elliot, sa marionnette fétiche, son « annexe » comme elle l’appelle, comme une sorte d’animal de compagnie :

« Je lui parle comme on parle à son chien, même si ça fait un peu schizophrène.

Quand j’étais petite j’avais des amis imaginaires, jusqu’à assez tard, avant qu’on me dise qu’il fallait que j’arrête de parler à ma baleine rose à table, explique-t-elle en riant.

Mais je soupçonne mes marionnettes d’être mes amis imaginaires réincarnés en quelques sortes ! »

Ils sont nombreux, dans sa troupe, et chacun a son caractère :

« J’ai sept marionnettes, et je crois d’ailleurs qu’elles ont toutes un public particulier. Elliot est universel, mais après j’ai aussi Romuald, 56 ans, laid, puceau et sa passion est de soigner les poules. C’est une sorte d’anti-héros, ça attire un public peut être un peu plus mature.

Il y a aussi sa copine, Richard, et Jessica, une nana avec qui j’aborde plus de sujets de filles comme l’épilation.

Il y a également un chien refoulé qui refuse sa condition – c’était ma toute première –, Claudine qui chante et me permet de mettre une autre part de moi en elle, une grenouille voyante, et une petite grand-mère toute neuve que j’ai appelé Tata Yvette à la demande des abonnés.

J’espère pouvoir aborder des sujets comme le théâtre et la littérature avec elle car ça ne marche pas avec Eliott ! »

capucine

Finalement, c’est surtout les thèmes qu’elle a envie d’aborder qui la conduise à modeler ses personnages, qui évoluent beaucoup d’ailleurs.

«Au départ, Eliott, c’était un rappeur ! Aujourd’hui, et un peu malgré moi, il me ressemble plus que la fille qui lui parle dans les vidéos en réalité.

Et c’est marrant car en même temps, je peux me permettre de lui faire dire des choses politiquement incorrectes, car comme c’est un personnage les gens ne m’en tiennent pas rigueur. »

Aujourd’hui, Eliott est un peu son favori, car c’est aussi le plus élaboré, mais il faut savoir qu’il n’a pas toujours été ce splendide dragon vert.

« Je l’ai commandé pour le moment où j’ai commencé à faire de la scène, en mai, car il faut avoir les droits sur ses marionnettes. Mais avant c’était une petite marionnette un peu moche.

C’est le même marionnettiste que celui de Jeff Panacloc (une référence actuelle en matière de ventriloquie) qui l’a créé, grâce à mes abonnés qui l’ont payé. »

Car oui, il faut savoir qu’une marionnette de ce genre coûte plusieurs milliers d’euros.

« Je ne peux pas donner tous ses secrets de fabrication mais c’est du sur mesure, on a fait plein de prototypes, essayé plein de tissus différents, c’est vraiment millimétré : on a passé 2 mois à se voir ou à se téléphoner tous les soirs pour le concevoir ! »

Évoluer dans le monde de la ventriloquie…

En parlant de Jeff Panacloc, j’ai interrogé Capucine sur les modèles et sur l’univers de la ventriloquie en général, auquel finalement, elle est assez peu intégrée.

« Les ventriloques que j’ai rencontrés, la plupart je n’ai passé qu’un après-midi avec eux.

Mais par exemple avec Jeff Panacloc on a notre marionnettiste en commun, alors on est au courant de ce qu’on fait l’un et l’autre, et puis j’ai aussi rencontré David Michel qui m’avait conduite à faire l’une de ses premières parties !»

En fait, Capucine trouve plutôt son inspiration chez les américains, et même si elle estime que Jeff Panacloc lui a permis de comprendre que la ventriloquie n’était pas juste « un truc de kermess, pour les enfants », elle tient à s’en distinguer :

« On me dit souvent «Ah c’est génial, tu es Jeff Panacloc en fille ! ». J’apprécie le compliment car c’est une vraie référence, mais j’espère avoir mon propre univers, je crois qu’on est quand même assez différents. »

D’ailleurs, en parlant du fait d’être une fille dans ce milieu-là, Capucine n’a pour l’heure pas le sentiment de rencontrer d’obstacles liés à son genre :

« Mon public est très mixte, très varié… Et finalement, être une fille dans ce milieu c’est si rare que c’en est presque un avantage. »

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…Sans s’y laisser enfermée !

Avec tout ça, on pourrait imaginer que sa carrière de ventriloque est toute tracée ? Mais ce n’est pas exactement comme ça que Capucine se rêve.

«Je ne voudrais juste pas que ça me place dans un carcan et que je ne puisse pas en sortir. »

Après tout, elle a fait une première école de théâtre, l’IAD, vient d’en intégrer une deuxième, l’INSAS, qui sont prestigieuses en Belgique. Si ses profs l’avaient reconnue lorsqu’elle a intégré la première, dans celle-ci, elle essaie de ne pas trop en parler.

« Peut-être que les profs se doutent de quelque chose, je sais que les élèves le savent, mais j’essaie de ne pas le mettre en avant car sinon les gens finissent pas s’adresser à toi juste pour ça, tu deviens « la ventriloque de l’école » , mais moi je suis là-bas pour devenir comédienne.

Je veux pousser au maximum mon projet de théâtre. »

Après tout, ça fait seulement un an que Capucine est ventriloque.

« Je ne sais pas où ça va me mener, entre les projets qu’on me propose et ceux qui deviennent réalité, il y a une marge !

Mais ce qui serait génial, c’est que la ventriloquie puisse me servir de tremplin pour ce que je veux faire. Pourquoi pas un film sur une ventriloque, ou prêter la voix d’Eliott à un dessin animé ?

Après tout, les gens qui me suivent savent que je veux être comédienne ou actrice, j’en parle dans mes vidéos. »

Capucine veut pouvoir revêtir ses multiples casquettes : chanteuse lyrique, ventriloque, actrice, comédienne, dessinatrice, cavalière…

« Je veux être un Patrick Bruel en fait. »

Perso, j’irai même plus loin : je l’imagine bien inventer sa propre définition d’une jeune femme qui refuse de se laisser enfermer dans des cases !

Et en attendant, tu peux la retrouver aussi sur Snapchat :

À lire aussi : 3 jeunes femmes de talent, qui ont plus d’une corde à leur arc

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Les Commentaires

1
Avatar de Tapioca
11 décembre 2017 à 08h12
Tapioca
Oooh un article sur Capucine ! Je l'ai découverte grâce à Youdeo, je m'étais abonnée directement ! J'aime beaucoup ses vidéos, c'est frais, c'est original, ça change de ce qu'on a l'habitude de voir sur youtube. C'est super cool d'avoir fait cet article Madmoizelle, ça lui donner peut-être plus de lisibilité !
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