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Culture

Coline Ballet-Baz, 22 ans, skieuse freestyle — Portrait

À 22 ans, Coline Ballet-Baz est skieuse freestyle à plein temps après des études à Sciences Po. Elle a parlé à Léa de sa passion, de son quotidien et de l’ambiance dans ce sport.

Toutes les photos sont signées David Malacrida !

Lorsque j’ai rencontré Coline, elle était en tenue « de ville », souriante, posée et bronzée sur le canapé de la rédaction. Difficile d’imaginer que cette nana, complètement lumineuse dès qu’elle parle de sa passion, sortait d’une grosse saison sportive de trois mois et allait faire sa dernière grosse compétition de l’année le week-end suivant !

À 22 ans, Coline est skieuse freestyle, une discipline qui consiste à effectuer des figures en ski sur des structures en neige ou en métal, dans des zones aménagées spécialement pour ça. Lorsqu’on discute, Coline me perd vite dans les termes sportifs techniques et s’en aperçoit. Elle m’explique en riant :

« Un trix, c’est une figure, ce que tu fais avec les skis. Il y a des noms pour tout, c’est un vrai vocabulaire : au début, c’est limite s’il ne faut pas te faire des fiches ! »

L’arrivée à Grenoble et la découverte du freestyle

Coline me l’avoue tout sourire : elle n’était pas du tout partie pour faire un métier de cette discipline sportive, encore moins pour gagner sa vie avec. Même si elle reconnaît qu’elle a toujours adoré le sport :

« J’ai fait du judo jusqu’à mes 8-9 ans au club du village, puis du volley après les cours. Ensuite, j’allais au skatepark faire du roller avec des copains. Mes parents m’avaient aussi mise à la musique, j’ai fait deux ans de clarinette, mais j’ai arrêté. Quand j’étais petite, je ne tenais pas une heure devant un instrument. Je n’avais qu’une envie : aller dehors ! Je préférais le sport. »

C’est à 17 ans, en arrivant à Grenoble pour ses études de sciences politiques, qu’elle a découvert le ski freestyle :

« J’ai grandi à Vienne, qui n’est pas vraiment une ville de skieurs. Mais mes parents nous emmenaient au ski une fois par an, et j’aimais déjà beaucoup ça. En première année à Sciences Po, on devait prendre un sport qui était noté. Dans la liste de propositions, il y avait le ski freestyle. Je faisais déjà du roller en skatepark et j’aimais ce qui était freestyle, donc je me suis dit que ça pouvait être pas mal, et que ça devrait être sympa de le faire sur neige plutôt que sur du béton ! »

Au début, il s’agissait surtout d’un loisir :

« C’était à la cool : il y avait une espèce de structure, des étudiants qui donnaient des cours… Je passais mon temps avec eux dans les stations, tu rencontres plein de gens et j’avais de bons potes qui me donnaient de précieux conseils ! J’ai beaucoup accroché, donc j’étais assez à fond dès le départ. »

En 2011, elle a participé à son premier petit contest (« concours »), l’ATR Session à Val Thorens, en Savoie, qui n’existe plus depuis :

« C’était le 1er week-end de mai, le dernier de l’ouverture de la session. Ça se passait vraiment à la cool : contest la journée et concerts le soir. On était quelques filles, j’avais gagné, et Mathieu m’a proposé de faire de la vidéo. » 

« L’aspect vidéo est tout aussi important »

Mathieu Mazuel, qui s’occupe du montage vidéo et qui est depuis devenu son colocataire, l’a incitée à tourner pour trouver des sponsors. Coline se souvient qu’elle n’était pas persuadée que le projet allait fonctionner :

« Il m’a proposé qu’on fasse de petites vidéos ensemble. On a commencé par de courts montages de 2-3 minutes. Il a démarché deux-trois marques, ça a marché. L’année d’après, j’ai refait des compétitions, et ça s’est enchaîné. »

En fait, la vidéo fait partie intégrante du ski freestyle, donc de la pratique de Coline :

« À l’inverse de sports comme le tennis et le foot qui sont vraiment axés compétition, en ski et snowboard freestyle, l’aspect vidéo est aussi important que le côté compétition. C’est comme ça que tu te fais voir et que tu arrives à avoir des sponsors, en les postant sur des sites spécialisés comme Skipass. C’est surtout par ce biais que j’ai été mise sur les rails du ski. »

L’objectif n’est pas seulement de récolter des sous : la vidéo lui permet aussi de s’entraîner.

« En vidéo, on va essayer de rider pour le plaisir et d’apprendre de nouvelles choses. Parce que pendant pendant les compét’ tu répètes surtout ce que tu sais faire. La vidéo, c’est un peu moins stressant dans le sens où tu as le temps. Tu improvises chaque jour, puis tu sélectionnes ce qui est le plus propre et le plus difficile. C’est un peu comme rendre une dissert’ à la maison : si tu fais des erreurs tu peux les corriger ! C’est plus un projet créatif, même si c’est du boulot et de l’investissement parce que ça prend beaucoup de temps. »

La réalisation d’une vidéo peut s’avérer très longue : il faut trouver la personne qui va filmer, le lieux et surtout… le temps !

« C’est variable. Quand tu as le temps de t’y mettre à fond et que la météo est bonne, tu peux sortir une vidéo de 2-3 minutes en trois-quatre jours. Quand ce n’est pas le centre de ton programme, il faut trouver du temps entre les compétitions, 15 secondes par-ci par là…  Pour notre niveau, on va dans les stations où il y a des bons parcs.

Ceux qui font vraiment de la vidéo au niveau professionnel filment en back-country : tu vas dans un terrain naturel de montagne et tu construis toi-même tes propres kickers, c’est beaucoup plus esthétique. Tu fais aussi ce qui s’appelle le street, c’est-à-dire utiliser le mobilier urbain enneigé. »

L’escalade au sommet

Tout s’est vraiment mis en route il y a deux ans, avec les Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi. La France a constitué une équipe de ski freestyle pour participer à la compétition :

« J’ai été sélectionnée, et là, c’est vrai que c’est devenu un peu plus sérieux. On a eu des entraînements, même l’été, sur trampoline ou sur neige, on faisait de la préparation physique. Bref, des trucs plus proches des sportifs de haut niveau que ce que je faisais avant. »

Finalement, Coline n’a pas pu aller à Sotchi :

« J’ai loupé le coche : je me cassé la clavicule. Les qualifications fonctionnent sur un système de points que tu grappilles quand tu participes aux coupes du monde, et du coup, je n’en avais pas assez pour être qualifiée pour les Jeux olympiques. De toute façon, je n’avais pas grand espoir d’y aller non plus. »

Un entraînement « à la cool » de plus en plus sérieux

En-dehors des entraînements avec l’équipe de France, Coline m’explique qu’elle travaille de manière assez informelle, environ cinq jours sur sept :

« Tu vas skier le plus possible, et tu t’entraînes toi-même, tu sais quelles figures tu as envie d’apprendre. En général, on ride davantage le matin que l’après-midi : on a plus la patate, et la neige a été fraisée avec les dameuses. Après un gros petit déjeuner, on se fait une session. Ça termine vers 14-15h et ensuite on va manger un truc. Après je vais voir des potes, ou j’essaye de m’étirer pour être en forme le lendemain, et éviter les blessures. Ensuite dodo, et on remet ça ! »

Si la journée d’entraînement de Coline peut sembler courte, elle est assez intense :

« Quand tu as ridé quatre heures de suite, c’est dur de faire plus. Ce n’est pas forcément très physique dans le sens où il n’y a pas de charges à porter, et tu ne cours pas comme pendant un entraînement de handball. Mais ça te prend 100% de ton énergie, parce qu’il faut être super concentrée pour toutes tes figures. Sinon tu tombes dans tous les sens, tu fais des trucs moches et ça ne sert à rien. »

Pendant la période de compétition, de janvier à mars, les entraînements durent entre deux et trois heures par jour. Puis Coline va s’étirer, regarder ses collègues rider ou visite le coin :

« Si tu fais une journée entière, le lendemain, tu es un peu K.O. Et avec une compét’ à la clé, il faut enchaîner 3-4 jours et donc essayer d’en garder un peu sous le pied pour le jour J ! »

En mai-juin, le rythme des compétitions diminue, et Coline en profite pour changer de rythme :

« En général, je fais de la préparation physique. C’est bien de faire du vélo pour les jambes, des abdos, du gainage. Le but est toujours d’éviter les risques de blessure et d’être en forme sur la durée. »

L’été, elle va skier sur les glaciers en France, ou dans les stations suisses :

« À Saas Fee, par exemple, tu peux faire pas mal de trampoline, ce qui est top pour apprendre des figures. Il y a aussi le water jump : tu skies sur des rampes en plastique et tu atterris dans l’eau. J’en ai fait une fois et je ne suis pas très fan, mais c’est bien pour s’entraîner. Quoiqu’il en soit, ça reste assez sportif ! Si tu passes un été à faire la bringue et pas grand chose au niveau sportif, je pense que tu as du mal à redémarrer après ! »

« Je n’ai pas l’esprit de compétition »

Coline me l’affirme, les premières années, elle skiait uniquement pour le plaisir :

« Je ne savais même pas comment ça marchait, le sponsoring, tous ces trucs… J’aimais aller sur des trips avec des potes. Je ne me suis jamais trop fixée des objectifs. Je suis hyper heureuse, mais je ne pensais pas vivre ça. »

Elle me fait même cette confession, surprenante de la part d’une nana qui enchaîne les contest :

« De base, je n’ai pas un esprit de compétition. C’est ça qui motive certaines personnes, mais chez moi, ce n’est pas forcément naturel et ce n’est pas un objectif en soi. Mais j’essaye d’avoir un peu plus cet esprit de compétition, parce que je pense que pour avoir des résultats, il faut avoir un peu la niaque ! »

Finalement, elle a trouvé son bonheur dans ces passages obligés :

« C’est plus un moyen de vivre de ma passion qu’autre chose. C’est surtout une façon de rencontrer du monde et de se faire plaisir. Ce sont de belles expériences, de beaux trucs à vivre. J’ai rencontré plein de filles super cool à travers les compét’ !»

Coline-depart-Nine-Queens

En compétition, on se serre les coudes

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Coline m’assure que l’ambiance en compétition est bonne enfant :

« Chez les filles, bien sûr, chacune a envie de donner le maximum et de faire le meilleur résultat possible. Mais ce n’est pas du tout malsain, je trouve qu’il y a un très bon esprit ! Tout le monde s’encourage au start, et tu es contente s’il y en une qui pose un super run ! Je n’en connais pas qui sont vraiment dans la compétition et n’adressent pas la parole aux autres. Entre les sessions aussi, on va traîner ensemble. »

Les événements leur aussi permettent de se retrouver et de mieux se connaître, sans la pression de la compétition. Il y a peu, Coline a participé au Nine Queens, un event d’une semaine auquel sont invitées une dizaine de rideuses venant skier sur un module construit pour l’occasion :

« Cette fois, c’était en Autriche. On passe la semaine toutes ensemble, on est logées à l’hôtel et très bien reçues. On a ridé une structure en forme de château, très photogénique. On a fait des sessions au lever et au coucher du soleil, pour faire de belles images et progresser. »

Coline rencontre à la fois des skieuses très jeunes et d’autres plus âgées qu’elles :

« Ça n’empêche pas que tout le monde se parle ! Il n’y a pas vraiment d’âge limite, en général je pense que tu commences à arrêter quand tu es toute cassée. Je connais quelques rideuses qui ont la trentaine et commencent à ralentir, j’ai l’impression qu’elles sont un peu plus fragile. Mais d’autres déchirent toujours : l’expérience, ça sert aussi à ça ! »

Elle croise aussi des snowboardeuses freestyle, dont l’univers est très proche du sien :

« Le Nine Queens était le premier évènement que je faisais avec des snowboardeuses, et elles m’ont beaucoup impressionnée. C’est le même état d’esprit, sauf que les snowboardeuses font beaucoup de yoga ! (rires) »

Filles et garçons

Coline pense qu’elle a percé vite aussi parce que

les rideuses sont moins nombreuses que leurs homologues masculins, et qu’il est plus facile de « faire son trou ». Hommes et femmes sont en effet séparés en deux catégories pour les compétitions.

« Heureusement pour nous, parce le niveau n’est pas du tout le même. Les figures sont beaucoup plus difficiles techniquement et plus engagées chez les garçons. Par exemple, une double rotation, quand tu passes deux fois la tête en bas, c’est monnaie courante chez les gars. Chez les filles, tu n’en vois pas encore en contest. Il serait difficilement envisageable de faire des compétitions mixtes. Il y a pas mal de débat là-dessus, mais c’est comme ça. Peut-être qu’ils sont plus costauds ? Je ne sais pas vraiment. Dans tous les sports collectifs, il y a des catégories et on est séparés aussi. »

Les hommes sont d’ailleurs plus nombreux sur les compétitions auxquelles elle participe, relève Coline : entre 20 et 25 filles contre plus de 80 garçons.

« Je ne sais pas vraiment d’où ça vient. Peut-être que pas mal de filles n’osent pas ou pensent que c’est un sport de garçon ? Peut-être qu’il y a un avantage au niveau médiatisation du côté des hommes ? Comme ils sont plus nombreux, il y a plus de matière ? Mais il y a de plus en plus de filles, et clairement, le niveau augmente. »

Les compétitions sont souvent les mêmes pour les hommes et les femmes : les premiers auront par exemple leurs qualifications le matin et les secondes l’après-midi. Du coup, les entraînements sont souvent mixtes. À Grenoble, Coline a d’ailleurs démarré le ski freestyle avec des amis, et expliquent qu’ils sont contents de voir des filles passionnées par ce sport :

« S’entraîner avec les gars, c’est un peu une source d’inspiration, ça motive. Après, ils font des choses qui ne sont pas à ma portée : parfois tu veux essayer un trick compliqué, et eux, c’est leur saut d’échauffement ! Mais ils peuvent donner de super conseils. Tu essayes de suivre, du coup ça pousse vers le haut. »

Mais Coline apprécie aussi de s’entraîner uniquement avec des filles. Entre elles, le niveau est plus homogène :

« Tu peux plus t’assimiler à un niveau de filles. On va se motiver entre nous pour essayer une figure spécifique. Plus je connais des filles qui font du ski freestyle, plus on fait des sessions ensemble ! »

Photos souvenirs et réseaux sociaux

Coline aime bien garder des souvenirs de ces moments. Sur son site Internet, elle poste de petits comptes-rendus, qu’elle écrit elle-même, des events auxquels elle participe :

« Pas mal de filles et de gars le font. Ça fait un contenu autre qu’Instagram et Facebook, même si on poste beaucoup dessus. C’est agréable, quand tu as vécu un événement sympa, comme le Nine Queens, d’écrire dessus après. Ça prend un peu de temps, il faut trouver une aprèm’ libre ou des heures par-ci par là, mais ce n’est pas non plus un travail de titan. Le plus dur, c’est de récupérer du contenu intéressant. Mais en général, il y a toujours une photo ou une vidéo qui traîne. »

Des fans, elle en a « un petit peu », comme elle le dit modestement :

« Je suis loin d’avoir l’audience qu’ont certaines autres rideuses ! C’est vrai que les réseaux sociaux et les sites spécialisés, ça permet de se faire un peu connaître. Ils annoncent les résultats et relayent les vidéos, ce qui est important sinon elles n’ont pas trop d’écho. C’est un petit milieu, tout le monde se connaît vite et je pense que c’est pareil pour le public qui s’y intéresse un peu. »

La vingtaine de rideuses qui se croisent sur les coupes du monde se rencontrent aussi sur Internet :

« On se félicite quand on voit les vidéos. Ça fait plaisir de recevoir des petits messages. Après, est-ce que c’est juste pour être sympa… je ne sais pas ! »

Coline cite celles et ceux qu’elle admire :

« Emma Dachtren, une suédoise. J’adore sa façon de rider, c’est ultra propre, stylé, elle maîtrise ce qu’elle fait. Kerry Herman, une américaine que j’adore voir ! Chez les gars, il y en a beaucoup, et bien sûr Candide Thovex : il est époustouflant à regarder, il sait tout rider avec facilité et il fait des choses assez novatrices. »

Une skieuse diplômée de Sciences Po

Coline n’a pas passé ces dernières années uniquement la tête dans la poudreuse. Après un baccalauréat ES, elle a tenté et réussi le concours de Sciences Po Grenoble, qu’elle a intégré en première année :

« Je savais pas trop quoi faire : je savais que je n’étais pas une scientifique, je ne me voyais pas tellement dans la littérature. J’étais assez attirée par le fait de travailler dans l’humanitaire, et Sciences Po Grenoble proposait le master Organisations internationales que j’ai fini par faire. Ça avait l’air intéressant, et je ne regrette pas du tout. »

Coline a particulièrement bien vécu ses études et a même beaucoup fait la fête avant de se mettre sérieusement au ski :

« J’avais un peu peur en entrant, je pensais me retrouver avec des gens compétitifs. En fait il y a de tout. Contrairement à ce qu’on peut penser, je n’ai pas eu l’impression qu’on avait tant de cours que ça, j’avais aussi pas mal de temps libre pour aller skier. J’ai adoré mes études, et c’est peut-être pour ça que ça n’a pas été du tout une corvée de continuer même quand je me suis mise plus sérieusement dans le ski. Et puis je me voyais mal arrêter au bout de quatre ans, ç’aurait été un peu bête d’avoir fait tout ça et de sortir sans rien. »

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Concilier le sport et les études

Quand j’écoute parler Coline, son parcours semble d’une simplicité carrément déconcertante. Y compris quand il s’agit de mener de front les études et la compétition. Elle reconnaît qu’elle a eu la chance de pouvoir aménager sa formation :

« On est une vingtaine par master. Je suis allée voir les responsables du mien, et ils m’ont bien aidé ! C’est un peu du cas par cas. Je leur ai expliqué ma situation, ils ont été assez compréhensifs et ils m’ont autorisée à aménager mes cours. »

Coline s’est lancée dans le ski freestyle en licence, mais a suivi le cursus classique de Sciences Po jusqu’en première année de master :

« Je pouvais m’organiser et quand je leur disais que j’avais une compét’, les reponsables me permettaient de louper une semaine. Mon M2, je l’ai fait en deux ans. L’année dernière, j’ai fait la moitié des cours au premier semestre. Puis je me suis cassé la clavicule, donc j’ai pu faire mon stage au deuxième semestre, à la Croix-Rouge de Lyon. Et j’ai repris l’autre moitié des cours au 1er semestre de cette année. »

Un parcours atypique ? Coline réfléchit. Oui, peut-être un peu.

« Il y a un peu de tout dans les riders… Il n’en y a pas tant qui ont comme activité principale les études et le ski à côté. Certain•e•s font des études aménagées pour le sport. J’ai l’impression qu’il y a aussi des gens qui font du ski et se disent ensuite que ce serait cool de faire un truc, par exemple un master. Il y en a pas mal qui font ça à distance, à l’étranger il y a des dispositifs où tu peux faire une licence en 6 ans. Et pour les riders français•e•s, un IUT à Annecy propose un cursus en trois ans, condensé d’avril à juillet »

Coline a terminé ses études en janvier dernier, et désormais, son objectif est de se lancer dans le ski à plein temps :

« On en parlait encore cet après-midi. Je me disais : je tente cette saison, voir ce que ça donne de faire ça à 100% et pas juste à 70%. Au niveau emploi du temps, c’est plus facile, ou en tout cas, tu peux consacrer tout ton temps à ça et te concentrer à fond. Avec les études, je ne pouvais pas me libérer pour chaque occasion. C’est la première année où je fais autant d’événements internationaux : entre janvier et mars, on a été aux Etats-Unis, en Autriche, en Italie… »

Pour l’instant, Coline veut se consacrer à 100% au sport. Mais elle n’a pas renoncé à mettre en pratique ce qu’elle a appris pendant ses études :

« Je pensais que ça pouvait être bizarre, mais en fait, ça me plaît énormément et j’ai vraiment envie de continuer. J’ai 22 ans, je pense, enfin, j’espère, que je suis au début de tout ça ! Une fois que je voudrais arrêter le ski, j’aimerais bien utiliser mon diplôme, c’est sûr. Pour l’instant, je ne vois pas trop comment mixer le sport et les ONG, ce sont deux activités qui demandent de l’engagement. Peut-être qu’ensuite, je pourrais voir pour des ONG axées sport, il y en a pas mal qui l’utilisent comme moyen de développement. »

Elle prend peu à peu son indépendance financière :

« Je commence à gagner ma vie, j’arrive plus ou moins à joindre les deux bouts cette saison et j’espère que ça va continuer. Il faut quand même faire gaffe à ne pas exploser le budget, mais ça va. »

Du temps pour les amis et les parents

Ses parents n’ont pas l’air de freiner la carrière qui se profile :

« Je ne leur ai jamais trop dit jusqu’à ce que ce soit avéré. Mon père aime bien la montagne, mais de base, ce ne sont pas de grands sportifs. Mais ils sont contents, je pense qu’ils voient que je m’éclate bien. »

Coline a gardé ses amis qui ne font pas de ski, et sait aussi qu’elle conservera ceux avec qui elle partage son sport. L’été, les événements se font plus rares et son emploi du temps s’allège :

« Il y a toujours des petites semaines où tu peux prendre des vacances, des périodes creuses en juin ou en septembre. Ces deux dernières années, j’en ai profité pour aller voir des copains un peu partout, dans le sud-ouest, ou partir à l’étranger ! »

Rider pour le plaisir

Coline ne relâche jamais vraiment :

« Souvent, j’ai besoin d’une petite semaine où je ride pour moi entre les compét’. Quand tu sors d’une compétition où tu as tout donné, c’est dur d’enchaîner. C’est toujours la même chose : le temps que tu t’habitues au parcours, tu n’as pas le temps d’essayer des nouvelles figures, du coup, tu fais les mêmes en permanence. J’ai besoin de ce temps pour retrouver la motivation d’une compét’ à l’autre, mais la motivation pour le ski, elle, est toujours là. »

L’environnement dans lequel se pratique le ski freestyle joue beaucoup sur cette passion :

« C’est un sport de nature, et rien que le fait d’être en montagne et d’avoir des supers paysages en face de toi, je trouve que ça ajoute énormément à ce qu’on fait. C’est beau, tu te sens bien, et même privilégiée. Ce n’est pas que de la performance, il y a tout un environnement, tout un mode de vie qui se greffe autour. J’adore la montagne et j’aime y aller même l’été, plus qu’à la mer ! »

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La peur, pas un frein mais un moteur

Coline le répète à chaque fois qu’on y revient dans la conversation : elle ne s’attendait pas à un tel décollage.

« C’est vrai que j’étais super contente quand c’est arrivé. C’est quand même du boulot, de l’engagement, tu fais énormément de choses pour ce sport. Mais j’ai été assez surprise, je n’aurais jamais imaginé ça il y a trois ans. »

Si les vidéos peuvent paraître très impressionnantes, Coline tient à relativiser : son sport est accessible à tou•te•s, pas besoin d’avoir des capacités extraordinaires !

« Chacun•e commence à son niveau, et on peut prendre énormément de plaisir. Il faut se lancer avec deux-trois potes, tester et faire juste des petits « 180 ». Il n’y a pas besoin de faire des doubles backflip pour revenir enchanté•e de sa journée ! »

Sa première figure réussie, c’était un « 3-6 » dont elle se souvient très bien :

« C’est une figure de base où tu fais un tour sur toi-même. J’avais fait ça dans une mini-station, sur une bosse en bord de piste, j’étais super contente ! »

La peur, oui, elle existe, mais elle a réussi à la vaincre :

« En général, tu as un peu d’appréhension avant chaque nouveau trick. Ce n’est pas non plus une peur panique et certains ne l’ont pas. Mais c’est ce qui fait que tu te concentres mieux : je crois si tu n’avais pas peur, tu te jetterais dans tous les sens et tu finirais par te casser quelque chose. Quand tu as peur de faire un truc et que tu le réussis, c’est encore plus plaisant derrière. »

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