« J’ai compris la toxicité du lien qui nous unissait » : ce qu’Hannah aurait dû dire à son ex

On pense, souvent à tort, qu’une rupture pose le clap de fin d’une relation. Que la personne aimée devient « mon ex », et que la vie continue un peu différemment. C’est oublier ce qui se joue ensuite : les émotions qui se vivent en solo, et notre regard qui peut changer sur ce qu’on a vécu à deux. 

C’est le cas d’Hannah qui, après six ans de relation avec Manuela, a réalisé que celle qu’elle avait aimée n’existait pas vraiment.

Ce qu’Hannah aurait dû dire à son ex

Manuela,

Les années sont passées, mon amertume aussi. Mais certainement pas les cicatrices que notre relation m’ont laissées. Pourtant, tout avait si bien commencé…

Deux jeunes filles, de 13 ans, qui découvrent ce qu’est l’amour, et qui plus est, lorsqu’il est à distance. Deux jeunes filles qui grandissent ensemble, qui se déchirent, qui se retrouvent, et qui se disent que l’amour est plus fort que tout. Plus fort que les kilomètres, plus fort que les disputes, plus fort que nos différences mais surtout plus fort que le secret que devait rester notre relation.

Pas facile, aussi jeune, d’envisager de faire un coming-out auprès de parents peu ouverts à ce qui sort de la norme. Mais pour moi, à l’époque, c’était ça la beauté de notre histoire, notre cocon. La garder pour nous, la partager au compte-gouttes à nos amis… Encore aujourd’hui, je pense qu’on avait tellement de potentiel.

Mais ça, c’est la Hannah bête et naïve qui le dit.

Aujourd’hui, c’est la Hannah grandie et meurtrie par tes trahisons et tes mensonges qui prend la parole. Tu sais, celle que tu as abandonnée quand elle était au plus bas, parce que tu considérais qu’être avec quelqu’un souffrant de dépression, quelqu’un de « trop triste » selon tes mots, c’était plus ou moins un frein dans ton désir de t’amuser.

Longtemps, je m’en suis voulu. Je m’en suis voulu d’être malade, de souffrir et de ne pas être capable de me relever. J’ai eu honte, je me suis détestée, aussi. Perdre celle que je mettais sur un piédestal à cause de ma santé mentale, c’était inenvisageable.

Et puis, petit à petit, tes amis sont venus me voir, les uns après les autres. Pour me confier ce que tu me cachais, les actes que tu peinais à assumer. Et pour me dire qu’ils ne croyaient pas un mot des mensonges que tu inventais à mon sujet. Pour me dire qu’ils ne te reconnaissaient pas, que leur amie autrefois si gentille s’était transformée en véritable garce.

Tu sais, tout finit par se savoir un jour… et c’est ce qui est arrivé. J’ai tout appris. Tout.

Si ton choix a été de me salir sur la place publique en usant de manipulation et de mensonges pour me faire taire, moi, j’ai préféré m’écarter pour ne pas te laisser plus m’abîmer. Et c’est là que j’ai eu l’éclair de clarté qui m’avait tant manqué pendant toutes ces années.

L’amour que je te portais, c’était un amour pur et sincère, mais qui était dirigé vers une image de toi qui n’était pas réelle. Je me surprends encore parfois à y penser. C’est fou cette faculté qu’a le cerveau à se focaliser sur le positif, quitte à se mentir totalement… Mais ouvrir les yeux sur toi, c’est probablement la meilleure chose qui me soit arrivée.

 J’ai compris la toxicité du lien qui nous unissait. J’ai compris que tu n’avais rien à faire à mes côtés. J’ai compris qu’un jour, tu réaliserais toute seule ce que tu as fait. Et c’est comme ça que j’ai réussi à avoir une conclusion digne de ce nom sur nos quasi six années de relation.

Je te souhaite le meilleur, malgré tout. Je te pardonne. Je me pardonne. Et dans un sens, je te remercie. J’en suis sorti grandie.

Hannah

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