Pourquoi j’ai regardé des mecs en train de bitumer une route (et pourquoi ça m’a fascinée)

Ce matin avait commencé de manière très habituelle. Réveil, douche, vélo, boulot. Et puis voilà qu’à peine arrivée, ma rédactrice en chef adjointe, Mymy, m’envoie un lien et me dit :

« Il faut que tu regardes ça, c’est une vidéo de mecs qui bitument une route pendant trois minutes ! »

La vidéo de mecs en train de bitumer une route, ou l’histoire d’une incompréhension

Comme on m’a toujours dit de « tester avant de juger »… J’ai jugé en silence et j’ai cliqué sur le lien. Il s’agissait d’un article de Mashable parlant de cette fameuse vidéo.

Apparemment elle est devenue virale sans trop qu’on sache comment. Pour être tout a fait honnête, la justification avancée jusque-là est : « parce que c’est Internet ».

La vidéo en question

À l’heure où je vous parle, elle comptabilise pas moins de 14 millions de vues… Pas mal pour une vidéo où l’on voit de parfaits inconnus bitumer une route dans un bled australien, lui aussi parfaitement inconnu.

D’où vient cette vidéo où l’on voit des gens bitumer une route ?

Mashable

a enquêté sur la provenance de cette vidéo, parce que tant qu’à parler de ça, autant y aller à fond.

Derrière elle se trouve le Chief Executive (président du conseil d’administration) du petit comté de Moora, situé dans l’ouest de l’Australie. Il explique au journal :

« Nous avons mis cette vidéo en ligne uniquement pour le bien de la communauté locale. Le but était simplement de promouvoir le bon travail de nos équipes.

[Devant un tel succès] nous sommes extrêmement fiers et surpris. »

Bon, ne nous voilà pas bien avancé•es sur le pourquoi du comment de la viralité de cette vidéo. J’avoue être toujours déboussolée.

Soyons sérieux•ses deux minutes : quel est l’intérêt de cette vidéo ?

Oui, il y a bien un intérêt à voir des gens bitumer cette route en Australie

À ce moment-là, je suis encore TRÈS dubitative. Alors je lis quelques commentaires et de nombreux semblent s’émouvoir de la technique utilisée, ils la nomment chipseal. 

Après des recherches dessus, j’avoue ne toujours pas comprendre pourquoi tout le monde parle de ce procédé. Ouais, pour moi ils font une route, quoi.

C’est là que je demande l’avis de Clémence Bodoc, ma rédactrice en chef, qui a dans le passé été auditrice dans le génie civil. Selon elle, c’est la seconde couche, la noire, qui fait tout le succès de cette vidéo :

« En français on appelle ça une pose d’enrobé noir à chaud. Des graviers sont mélangés à une mixture chimique, le tout chauffé à 180°C.

Ça s’applique chaud, donc c’est une opération très technique : les camions vont charger leur remorque à l’usine d’enrobé, et ils ont un certain temps pour atteindre le site du chantier et déposer l’enrobé sur la couche de fondation.

C’est aussi pour ça que la vidéo est super impressionnante : ils sont obligés d’avoir un timing impeccable. L’enrobé commence à refroidir dans le camion, et s’il descend en dessous d’une certaine température, il ne peut plus être posé, ce qui veut dire qu’il faut jeter et recommencer ! »

Alors, est-ce vraiment la solution de ce mystère ? Ma cheffe a-t-elle raison ou tort ? Est-ce que 14 millions de personnes ont vraiment regardé cette vidéo pour cette raison ? Sérieusement ?

Personnellement, je peux tout avouer maintenant que j’ai regardé cette vidéo : OUI, j’ai trouvé ces trois minutes fascinantes.

Alors merci Internet, parce que c’est bien grâce au Web que je me suis retrouvée à mater une vidéo de mecs en train de bitumer une route en arrivant au boulot un beau matin.

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