La cheffe étoilée Manon Fleury taclée pour sa brigade 100% féminine

Difficile d’impulser le changement dans un milieu masculin aussi hiérarchisé et codifié que la gastronomie. La cheffe Manon Fleury, à la tête du restaurant fraîchement étoilé Datil, en a fait l’amère expérience. Jeudi 21 mars, un numéro d’Envoyé Spécial était consacré à l’ancienne escrimeuse championne de France junior et à sa brigade 100% féminine. Une émission qui n’a pas plus aux masculinistes d’internet puisque le restaurant a subi un raid d’avis google misogynes dans la foulée.

Un discours progressiste qui ne passe pas

Ces dernières années, le monde de la restauration, régi par une hiérarchie stricte, s’est montré perméable au mouvement Me Too. Les quelques femmes qui y travaillent décrivent bien souvent un climat dopé à la testostérone, où sexisme et harcèlement cohabitent.

C’est pour transformer cet univers que la cheffe Manon Fleury a cofondé, en mai 2021, avec une vingtaine de consoeurs, l’association Bondir.e, qui « œuvre à la transformation des métiers de la restauration en faisant de la prévention contre les violences en cuisine ».

Son engagement se poursuit donc en cuisine, où elle préfère recruter d’autres femmes pour composer sa brigade et prône un management bienveillant, aux antipodes du fonctionnement militaire qui fait traditionnellement légion dans le milieu.

Ce parti pris, mis à l’honneur dans le numéro d’Envoyé Spécial diffusé jeudi dernier, a visiblement irrité les machos puisque le restaurant s’est vu inondé d’avis très négatifs, critiquant non pas la qualité des plats, mais bien l’engagement de Manon Fleury en faveur de la représentation des femmes en cuisine.

Le Fooding, qui a attribué le prix du Meilleur esprit d’équipe à Datil dans son palmarès 2024, a apporté son soutien à la cheffe :

« Aujourd’hui en France, lorsqu’une cheffe est récompensée et médiatisée pour sa cuisine novatrice et son discours progressiste, voilà ce qu’elle doit endurer. Une pratique punitive qui, a travers l’individu, a pour objectif de faire taire les femmes et les personnes minorisées »