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Féminisme

Les violences sexuelles dans l’enfance et leurs conséquences à long terme

Les violences sexuelles subies dans l’enfance continuent pendant longtemps d’avoir un impact sur les vies des victimes, même une fois celles-ci devenues adultes. Voici le constat qui ressort de la dernière étude publiée par l’association Mémoire traumatique et Victimologie.

Les enquêtes sur les victimes de violences sexuelles sont rares et celles qui se penchent sur leurs vies après l’agression, encore plus. C’est pour cela qu’il m’a paru important de te parler sur Rockie de la dernière étude réalisée par l’Ipsos pour l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, même si ces résultats publiés lundi 7 octobre sont difficiles à lire.

L’institut de sondage a interrogé 502 personnes âgées de plus de 18 ans qui ont été victimes de violences sexuelles (viols, agressions sexuelles, attouchements) dans l’enfance. Leurs réponses permettent de mieux connaître la réalité des violences sexuelles dans l’enfance et de dresser un portrait-robot des agresseurs.

Portrait-robot des auteurs de violences sexuelles sur les enfants

L’âge moyen de la première agression sexuelle est de 10 ans et dans la moitié des cas celle-ci a lieu dans le cadre familial. Assez logiquement, l’étude montre que 44% des agresseurs sont des membres de la famille.

Cette proximité implique qu’il est parfois difficile pour les victimes de couper les ponts avec leur agresseur :  un quart d’entre elles continuent de croiser régulièrement leur agresseur aujourd’hui, une fois devenues adultes.

Je parle d’agresseur au masculin, car dans 95% des cas, les agresseurs sont des hommes.

Enfin, l’étude note que 30% des agresseurs étaient aussi mineurs au moment des faits. (À ce sujet, tu peux aller lire sur madmoiZelle l’excellent dossier d’Esther sur le sujet des agressions sexuelles entre enfants).

Libérer la parole après des violences sexuelles dans l’enfance

Près de 4 victimes sur 10 ont connu des épisodes d’amnésie après les faits, ayant duré dans certains cas plus de 20 ans. Et si

69% des victimes déclarent avoir déjà parlé de leur agression à quelqu’un, il leur a fallu du temps après les faits pour y parvenir : douze ans en moyenne.

Dans moins d’un tiers des cas, cette libération de la parole a eu des conséquences positives pour les victimes (protection, éloignement de l’agresseur…). Le plus souvent, quand les victimes ont parlé cela n’a rien changé, peut-être parce que cette discussion intervient souvent longtemps après les faits.

Autre chiffre inquiétant : 30% des victimes déclarent avoir subi par la suite des violences sexuelles commises par une autre personne, pendant l’enfance, à l’adolescence ou à l’âge adulte.

Les conséquences pour les victimes à l’âge adulte

La dernière partie de l’étude se penche sur les conséquences à l’âge adulte des violences sexuelles subies pendant l’enfance. Et le constat est inquiétant.

Les victimes estiment en effet que ces violences ont eu des conséquences importantes sur leur vie sexuelle dans 61% des cas, et dans 56% des cas sur leur santé mentale. Leur vie sociale et leur vie familiale ont aussi été touchées de manière importante dans respectivement 55% et 51% des cas.

Les femmes témoignent d’impacts plus importants que les hommes (pour qui il n’est pas toujours simple de reconnaître une certaine vulnérabilité), tout comme les personnes ayant été agressées par un membre de leur famille.

Par ailleurs, plus de la moitié des victimes déclarent avoir traversé des épisodes dépressifs, et/ou développé des troubles anxieux ou phobiques. Enfin, 22% des victimes ont fait une ou plusieurs tentatives de suicide.

Se reconstruire après des violences sexuelles dans l’enfance

Après avoir parcouru l’étude, je me suis sentie assez abattue et je me suis demandée s’il fallait vraiment publier cet article en détaillant la liste de toutes les souffrances causées par les violences sexuelles dans l’enfance.

Et puis j’ai compris que mon ressenti s’expliquait par l’absence d’un élément dans l’étude : comment ces femmes et ces hommes ont réussi à se relever et à se reconstruire après ces violences ?

Alors, si tu es concerné·e et que tu as envie de me raconter ton parcours de survivante ou de survivant, je serais très heureuse de recueillir tes mots (par ici !) afin d’écrire un deuxième article qui pourra donner de l’espoir et du courage à d’autres victimes.

Tu as une histoire ou une analyse à partager ? Rendez-vous dans les commentaires pour en parler. 


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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