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"Photo Jake Melara / Unsplash"
Vie quotidienne

Quand je ne suis pas sur la route, je me sens bloquée

Julie est partie voyager seule et vivre sur la route. Une prise de risque qui lui a permis d’aller à la rencontre d’elle-même.

Il y a trois ans, je suis partie vivre à Reykjavik en Islande. Un grand groupe français dans le tourisme au sein duquel j’avais fait un stage de fin d’études me proposait un poste dans sa filiale islandaise. Je pense que j’étais plutôt intimidée à l’idée de partir seule, et en même temps, cela faisait longtemps que je rêvais de voyager et de vivre autrement.

Vivre sur sur la route : le besoin impérieux de me retrouver seule et de voyager

Je suis restée travailler en Islande pendant deux ans et demi, entrecoupés d’un mois de traversée du Pérou en solo. À la fin d’un été froid et pluvieux, j’ai éprouvé le besoin de me retrouver à nouveau seule sur la route. Après avoir démissionné, j’ai continué plus loin vers l’Ouest.

J’ai passé trois mois dans la nature sauvage canadienne, à pêcher sur la glace, dans le silence des forêts de pins noirs, dans l’ombre desquels se profilaient, de temps en temps, les silhouettes de loups géants. J’ai aussi travaillé pas très loin de Vancouver, pour un guide naturaliste spécialiste des ours bruns côtiers. Ces grands prédateurs m’ont inspiré au point de reprendre l’écriture que j’avais abandonnée.

Ours brun aperçu lors d'un voyage au Canada
Un ours brun photographié par Julie

Maintenant, j’écris régulièrement et je n’ai pas connu depuis le syndrome de la page blanche. En fait, j’ai pour la première fois l’impression d’avoir un passé et donc des choses à raconter. Comme si ma vie avant l’Islande, celle que je n’avais pas choisie, ne comptait pas vraiment.

Reprendre la route et partir vivre en Australie

Au bout de cinq mois, un australien que j’avais rencontré en Islande m’a invité à venir le rejoindre. Voilà pourquoi je me retrouve aujourd’hui en Australie, à Malanda, une petite bourgade située au Nord-Est de l’île, avec un permis vacances travail en poche (working holiday visa).

Je suis à la recherche d’un emploi, mais le processus est long, et pour l’instant, je dois vivre sur mes économies. En attendant, j’ai accepté d’être volontaire dans l’unique refuge pour kangourous arboricoles du pays

. J’en apprends tous les jours un peu plus sur ces animaux charismatiques qui sont en danger d’extinction. C’est aussi un bon moyen pour moi de rencontrer des gens sur place et de faire mes preuves.

Partout où je suis allée, j’ai rencontré des gens avec lesquels je me sens bien. J’ai l’impression de croiser des substituts de parents un peu partout : des gens qui m’aident ou qui m’ont aidé, sans rien demander en échange, j’en ai un paquet d’exemples. Ça a été très important pour moi de réaliser que je n’étais pas seule. J’arrive aussi à garder le contact, avec mes proches restés en France. Enfin, tant que j’ai un accès à internet (mais ça, tout le monde est prévenu, mes réponses mettent parfois du temps à venir !)

Voyager seule et vivre sur la route pour créer

Depuis mon voyage au Canada, j’ai compris que je souhaite créer, à travers l’écriture ou la photographie. C’est ce processus qui me rend heureuse. Quand je ne suis pas sur la route, je me sens bloquée. Ce que j’aime faire en particulier, c’est décrire avec humour, les animaux avec lesquels je travaille, où que j’ai l’occasion d’approcher et d’observer pendant un certain temps. J’écris aussi sur les gens qui m’inspirent. Et j’aimerais faire de mon journal un livre.

Le voyage fait beaucoup rêver, mais quand on le fait à ma façon, sans rien planifier à l’avance, il y a un tas d’inconvénients. Ce qui est le plus source de stress pour moi, c’est de gérer mes économies et de chercher du travail sur place. J’ai aussi peur de m’égarer dans ma vie, et de faire les mauvais choix. J’ai beaucoup changé, et en très peu de temps, mais j’ai toujours l’impression tenace que je vaux moins que les autres, et que c’est pour ça que je ne trouve pas ma place dans la société, à presque trente ans. Je suis sûre que je vais finir par réussir à exorciser cette pensée, cela dit.

Vivre chaque jour sur la route, comme un chapitre d’un livre ou un épisode de série

J’ai choisi de voir ma vie comme un livre ou une sitcom – pas tellement passionnante à chaque épisode, ceci dit. Cette vision me permet de rire face aux catastrophes, de réussir à me laisser aller à pleurer vraiment, quand la vie est triste. Surtout, cela m’apporte une certaine liberté, au-delà du recul sur les événements. Voir la vie comme un livre, cela requiert de moi que je sois libre. C’est presque un devoir envers le destin : celui de lui laisser la page blanche pour qu’il puisse saisir toutes les opportunités.

Image d'erreur
Une autre photographie prise par Julie

Je n’avais aucune idée du tournant qui se profilait dans ma vie avec mon déménagement en Islande. Je pensais tout bonnement que je n’étais pas une aventurière. Le fait est que voyager seule me forme sans cesse et laisse des marques. Mon but est d’en avoir le plus possible. Mon but, c’est de vieillir. Et ça tombe bien, c’est le sens que prend ma vie.

Les peurs que j’ai citées, ce sont celles que je partage avec la majorité. Mais il y en a une à laquelle on ne pense pas souvent et qui a son importance : celle de NE PAS prendre assez de risques. Cette peur est salvatrice quand on la questionne et qu’on décide de la suivre, elle mène vers une sorte de réconciliation avec soi-même.

Vivre sur la route et voyager seule : ma façon de continuer à prendre des risques

Malgré les situations difficiles que je traverse, je me réjouis d’avoir pris toutes ses décisions un peu folles. Il ne faut jamais s’arrêter de prendre des risques, ça tient loin de la dépression, crois-moi. Le risque oblige à se battre, et en faisant cela, on développe des qualités inattendues, à mille lieux des préoccupations superficielles que j’ai pu avoir auparavant.

Voyager seule et vivre sur la route, c’est ma manière de prendre des risques et de me surpasser, mais j’ai bien conscience qu’elle ne convient pas à tout le monde ou que certaines personnes n’ont pas les moyens pour le faire. Je sais que j’ai de la chance d’être française, en bonne santé et d’avoir réussi à mettre de l’argent de côté…

Le choix de vie de Julie te parle ? Viens en parler dans les commentaires !

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