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"Photo Vu Thu Giang / Unsplash"
Écologie

Pour sauver la planète, il faudrait (beaucoup) moins travailler

Réduire fortement notre temps de travail pourrait être une solution pour tenir nos engagements en matière d’émissions de gaz à effet de serre, selon le think-tank Autonomy.

Face à l’urgence climatique, le think-tank britannique Autonomy propose une piste de réflexion intéressante.

Plutôt engagé à gauche et spécialisé dans les mutations du travail, le groupe de réflexion suggère de réduire drastiquement le temps de travail, à moins de 15 heures par semaine, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Réduction du temps de travail = moins de gaz à effet de serre

Dans un rapport publié fin mai, Phillip Frey, doctorant à l’Institut de Technologie de Karlsruhe en Allemagne, examine ainsi les liens entre productivité, PIB et émissions de gaz à effet de serre.

Le chercheur commence par citer plusieurs recherches sur le sujet qui mettent en évidence un lien entre réduction du temps de travail et diminution de la production de gaz à effet de serre et de l’empreinte carbone.

Une étude menée en 2015 par Jonas Nässén et Jörgen Larsson, a ainsi montré qu’une diminution de 1% du volume horaire travaillé entraînait une réduction de 0,8% des émissions de gaz à effet de serre.

Une autre équipe de recherche, menée par Kyle Knight et Juliet Schor, avait trouvé en 2012 qu’une réduction de 1% du temps de travail permettait de réduire l’empreinte carbone de 1,46%.

Travailler moins pour tenir nos engagements sur le réchauffement climatique

Philipp Frey propose dans ce rapport de considérer le problème sous un autre angle. Combien d’heures de travail devrions-nous effectuer par semaine pour tenir nos engagements en matière d’écologie ?

Suite à la COP 21, les pays signataires de l’Accord de Paris se sont en effet engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique à 2° maximum d’ici 2100.

Pour calculer combien d’heures de travail seraient soutenables vu le fonctionnement actuel de nos économies, le chercheur a utilisé des données de l’OCDE.

Il a d’abord regardé les émissions de gaz à effet de serre rapportées au PIB pour chaque pays, afin de mesurer le taux de PIB « autorisé » par habitant. Puis, il a utilisé les taux de productivité dans chaque pays pour calculer le volume horaire de travail auquel correspond ce PIB.

Travailler moins de 15 heures par semaine

Selon ses calculs, la semaine de travail devrait être de 6 heures en Allemagne, 9 heures au Royaume-Uni et 12 heures en Suède pour contenir les émissions de gaz à effet de serre à un niveau compatible avec nos engagements.

Les différences notables entre les pays s’expliquent par le type d’industries présentes dans chaque pays (la Suède a moins d’industries polluantes que l’Allemagne par exemple), mais aussi par les différences en matière de productivité.

Philipp Frey n’a malheureusement pas fait le calcul pour la France, la Belgique ou la Suisse, mais on peut imaginer que le résultat serait assez similaire, à moins de 15 heures de travail par semaine.

Il précise par ailleurs à la fin du rapport que la réduction du temps de travail doit s’accompagner d’autres changements majeurs dans nos modes de production, notamment la fin des énergies fossiles et des industries polluantes.

Transformer radicalement la société grâce à la réduction du temps de travail

Cet appel à une réduction du temps de travail n’est pas nouveau. Au XIXème siècle déjà, l’économiste et homme politique socialiste Paul Lafargue plaidait pour la même cause, mais plutôt dans le souci d’offrir une meilleure qualité de vie aux travailleurs.

Aujourd’hui, c’est pour répondre à la crise climatique que le think-tank Autonomy réclame l’augmentation du temps de loisir, devenue « non plus un luxe mais une urgence », selon Philipp Frey.

Le chercheur précise tout de même que cette diminution du temps de travail sera aussi bénéfique en matière de bien-être individuel, de santé mentale et de productivité. Il y voit aussi une solution pour mieux redistribuer le travail et lutter contre le chômage de masse.

Faire grève une journée par semaine ?

En attendant cette transformation radicale de la société, le think-tank Autonomy suggère aux syndicats de s’emparer de la question en lançant une grève pour le climat, un jour par semaine, à l’image de ce que font déjà les jeunes le vendredi sous l’impulsion de la suédoise Greta Thunberg.

Pour le groupe de réflexion, cela permettra d’alerter le grand public et de faire pression sur le gouvernement, tout en ayant un impact immédiat (bien qu’insuffisant) en termes de réduction des gaz à effet de serre.

Et toi, que penses-tu de la réduction du temps de travail ? Serais-tu prêt·e à ne travailler que quelques heures par semaine ?


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