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"Photo Arnaud Jaegers / Unsplash"
Vie quotidienne

Pourquoi je kiffe participer au dépouillement pendant les élections

Anna, 29 ans, participe régulièrement au dépouillement des urnes dans son bureau de vote. À la veille des élections européennes, elle nous explique pourquoi elle kiffe ce moment.

Dimanche 26 mai ce sont les élections européennes. Ça tombe bien, parce que j’adore les élections.

Déjà en 1995, je jouais aux élections avec ma sœur en utilisant les bulletins que mes parents avaient ramené des urnes (et je me demandais où avaient bien pu passer les bulletins Jospin).

J’ai aussi accompagné mes parents faire leur devoir et enfin un jour, j’ai pu le faire moi-même, en vrai. Un accomplissement.

J’adore les élections et le dépouillement

J’adore les élections parce que j’aime le drama des campagnes présidentielles, parce que j’aime cette impression qu’« il se passe quelque chose » qui va avec les soirées électorales, et surtout, parce que j’adore qu’on me demande mon avis.

Mais voilà, la politique en ce moment, beuh… Tenez, je ne sais même pas pour quelle liste je vais mettre mon bulletin dans l’urne. Par contre, il y a un truc que j’adore toujours autant, c’est dépouiller. Pas tuer une mémé pour lui voler son sac à main, non, dépouiller les urnes.

Voilà donc les six raisons qui font que je kiffe dépouiller.

1. Pour passer une soirée électorale avec de la compagnie

Quand j’étais petite, la soirée électorale c’était tout le monde en rang d’oignon sur le canapé à râler sur les politiques, à se moquer de leurs éléments de langage (surtout ceux des perdants) et à attendre avec impatience les résultats.

Malheureusement, quand je me suis installée seule, l’activité a perdu beaucoup d’intérêt. À quoi sert cette saillie subtile sur la mauvaise foi de ce candidat si personne ne l’écoute ?

J’ai fini par proposer mon aide aux assesseurs de mon bureau de vote pour dépouiller, accepté avec joie (ça manque toujours de dépouilleurs, surtout si le bureau de vote n’est pas une sexy grande salle des mariages d’une grande ville).

Alors attention, quand on dépouille on ne parle pas politique ! En quatre élections, je n’ai pas encore réussi à savoir comment votaient mes assesseurs. Mais jouer à le deviner est toujours très drôle : ce sosie de Jean-Pierre Coffe est-il plutôt Modem ou EELV ? Cette bourgeoise, plutôt Fillon ou Macron ? Ce jeune anarchisant, FI ou NPA ?

De la compagnie, du frisson, une soirée où tout peut arriver en termes de résultats… Quand je pense que certains comptent sur Game of Thrones, moi le dépouillement me suffit.

2. Pour redécouvrir le plaisir de poser une addition

Pour ceux qui ne se sont jamais demandé comment on comptait les voix, la réponse devant vos yeux ébahis : à la main. Et plusieurs fois, s’il vous plaît.

On compte d’abord les signatures sur les cahiers, deux fois (par deux équipes différentes), puis on compare avec le cliquet sur le couvercle de l’urne (ça doit tomber pile, sauf si l’assesseur a trop tremblé en disant « a voté ».

Puis on compte les enveloppes (deux fois) et on fait des tas de dix et ça doit tomber pile (sinon on recommence). Puis on les range par cent dans de grosses enveloppes qu’on numérote.

Et enfin, on déballe tout (par paquet de cent, on reste organisés voyons) et on compte les voix (ça doit tomber pile, je ne vous le cache pas).

Pour tous ces petits calculs, certains amènent leur Casio Collège, mais pour la plupart, nous redécouvrons juste le plaisir simple de poser des additions. Encore. Et encore. Et encore.

Je ne vous raconte pas la fierté quand on se rend compte qu’on est tombé pile (surtout qu’il y a quand même entre 800 et 500 suffrages par urne) !

3. Pour jouer à un bingo où on gagne à tous les coups

Le moment du déballage est aussi un grand moment. Déjà, c’est un peu comme Noël (mais avec plusieurs centaines de cadeaux), et puis c’est toujours une occasion de vérifier l’efficacité de l’organisation fordiste.

Une personne ouvre l’enveloppe et sort le bulletin, une seconde déplie le bulletin et lit le nom. (Ah, oui, by ze way, ne pliez pas votre bulletin en quatre : il rentre en deux dans l’enveloppe. Ne repliez pas le rabat de l’enveloppe à l’intérieur non plus. Juste, ne le faites pas, ça casse le rythme du dépouillement). Une troisième enfin met un bâton dans la fiche de bingo fournie pour chaque centaine.

Plusieurs constats amusants : déjà, quel que soit le paquet, on trouve toujours des gens pour avoir voté original (d’où le bingo où on gagne tout le temps, si vous n’avez pas encore compris). Ensuite, après quelques centaines de voix, on fait tous un « ah ! » de contentement quand un vote original arrive à briser la monotonie.

Enfin, il y a les bulletins nuls. Bon, on n’est pas censés lire à voix haute les bulletins nuls (avec commentaires, gribouillés, etc). Mais quand il y a quelque chose de rigolo, disons que ça aussi brise la monotonie.

Si vous ne voulez pas voter, par pitié, votez nul. Ça compte pareil et ça fait plaisir au dépouillement…

4. Pour s’enorgueillir d’être meilleurs que les autres pays

Lors d’un dépouillement, il n’est pas rare de croiser dans la salle des étudiants étrangers venus observer comment ça fonctionne chez nous. D’Asie, d’Afrique, d’Amérique, ou même d’autres pays européens.

Parfois on réalise que certains n’ont aucun moyen de connaître ça dans leur pays tout simplement parce qu’il n’y a pas d’élections. Ça me donne toujours un petit coup de fierté.

5. Pour mieux comprendre son quartier

Dépouiller, c’est passer une soirée avec des gens du quartier et discuter avec les assesseurs. C’est donc souvent l’occasion de découvrir des gens engagés dans la vie du quartier en faisant quelque chose ensemble. C’est donc aussi un bon moyen de voir à quoi ressemblent les gens qui vivent autour de nous.

Voir les résultats de son bureau de vote aussi c’est instructif, parce que selon où l’on habite, on a parfois un résultat totalement différent du pays. Des fois on se met à aimer son quartier, des fois pas, dans tous les cas, on le connaît mieux.

6. Pour donner de la vie à la démocratie

Parce que la démocratie ce n’est pas la politique et qu’on a la chance d’avoir le choix, même si on a parfois le sentiment de manquer d’offres satisfaisantes (ou d’en avoir trop). Aller dépouiller à chaque élection, c’est mon petit shoot de démocratie.

Rien de mieux que de compter à la main plusieurs centaines de voix pour se rendre compte que la nôtre compte autant que chacune d’entres elles.

Comment fait-on pour dépouiller aux élections ?

Pour dépouiller, dans ma ville en tous cas c’est hyper simple : pas besoin de s’inscrire à l’avance, on peut le décider au dernier moment sans problème.

La première fois, j’ai simplement demandé aux assesseurs de mon bureau de vote au moment d’aller mettre le mien dans la boîboîte s’ils avaient besoin de monde pour le dépouillement. Ils m’ont dit oui avec beaucoup de soulagement (plus on est nombreux et plus c’est rapide) et m’ont dit de revenir juste avant la clôture du bureau (19h chez moi, ça varie en fonction de la ville).

Il faut être là juste avant parce qu’il y a un petit décorum au moment de la fin : le président du bureau va fermer le bureau à clé (on est enfermés dedans), puis il demande si quelqu’un veut encore voter. Si c’est le cas cette personne vote et dès que c’est fini on commence le dépouillement.

On s’inscrit à ce moment-là en tant que « scrutateur ». Le bureau de vote ne reste pas fermé à clé après, mais je crois quand même qu’on ne peut pas arriver en cours de route.

Ça ne m’est arrivé qu’une fois qu’on me dise non à mon bureau de vote parce qu’ils avaient déjà assez de monde, mais la table d’à-côté s’est immédiatement portée volontaire pour m’accueillir !

Et toi, tu as déjà participé au dépouillement ? Tu as hâte d’aller voter dimanche ? Viens en parler dans les commentaires…

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