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Héros de la résistance et nouvel Internet Boyfriend : que nous dit la hype autour du président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky ?

Héroïsé et érotisé, objet d’admiration et de fantasme, le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky a acquis en quelques jours une importante popularité sur les réseaux sociaux. Pourquoi cette figure de leader parvient-elle à toucher au-delà du peuple ukrainien ? Et que révèle-t-elle de notre besoin d’avoir des figures de référence en ces temps troublés ?

En l’espace de quelques jours, l’Ukraine s’est retrouvée attaquée par l’armée russe et des milliers de personnes sont actuellement contraintes de fuir à l’étranger, tandis que les forces ukrainiennes tentent de riposter à l’offensive menée par Vladimir Poutine. Les yeux du monde entier sont rivés sur cette partie est du continent européen.

Au milieu des marques de soutien d’anonymes et de célébrités, des appels menés par les ONG, et du flot d’images qui nous parvient via les chaînes d’infos et les réseaux sociaux, la figure du président ukrainien Volodymyr Zelensky a émergé de façon spectaculaire.

Du haut de ses 44 ans, et en fonction depuis à peine deux ans à la tête de l’Ukraine, on savait bien peu de choses de lui jusqu’à encore récemment.

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President.gov.ua, CC BY 4.0 via Wikimedia Commons

En temps de guerre, l’éternelle figure du héros patriote

Comédien, ancien candidat de Danse avec les stars, voix de l’ours Paddington, marié-deux enfants, élu président de l’Ukraine en 2019, Volodymyr Zelensky a peut-être trouvé là le rôle de sa vie, celui de leader charismatique de l’armée ukrainienne qui résiste à l’envahisseur russe.

On n’a rarement vu une évolution pareille, sauf qu’il ne s’agit pas d’un personnage de série, mais d’un homme bien réel, d’un dirigeant d’une nation, aujourd’hui attaquée sur son sol.

La naissance d’un héros, en somme. Et forcément, le storytelling ne s’est pas fait attendre.

« Ce n’est pas une nouveauté », explique à Madmoizelle Élodie Jauneau, historienne et spécialiste des questions liées à l’armée et à la guerre, ainsi qu’aux questions de genres.

« Tous les conflits ont des figures émergentes, héroïques, qui cochent pas mal de cases, à savoir le patriotisme, la loyauté, le courage. La nouveauté, c’est l’amplification de ces figures médiatiques grâce aux réseaux sociaux. »

Sur Twitter, sur TikTok, des anonymes acclament la personnalité de Volodymyr Zelensky, alors même que la situation géopolitique de l’Ukraine n’avait jamais particulièrement retenu leur attention. Élodie Jauneau le confirme :

« Dans la culture occidentale post-guerre froide, la politique de l’ex-bloc soviétique n’a jamais passionné les foules […]

On a tous une affinité plus particulière avec l’Angleterre, avec les États-Unis, mais les pays slaves ? C’est l’autre bout du monde. »

Un pays très lointain… soudain devenu très, très proche.

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Pourquoi ça (nous) rassure

Depuis quelques jours, on voit Volodymyr Zelensky partout. Il a troqué son costume sombre pour une tenue militaire qui ne le distingue pas des autres soldats. Sur son compte Instagram ou face au Parlement européen hier, il apparaît déterminé, fort, courageux, charismatique.

« J’ai besoin de munitions, pas d’un chauffeur », répondait-il sèchement aux États-Unis qui lui proposaient l’exfiltration face à l’arrivée imminente de la Russie sur la capitale ukrainienne Kyiv. Une façon de montrer qu’un dirigeant ne fuit pas ses responsabilités et reste auprès de son peuple pour défendre son pays.

« On sait qu’en période de crise, qu’elle soit politique, humanitaire, pandémique, on a besoin de se rattacher à quelque chose de solide. On a tous eu besoin de se raccrocher à quelque chose pendant deux ans, à notre niveau. Et ce président qui se pose en défenseur de son pays, en gardien du temple, c’est hyper rassurant. On est vraiment dans le symbolisme, mais on a besoin de se raccrocher à des figures tutélaires. »

Élodie Jauneau, rappelle que le figure de Volodymyr Zelensky s’inscrit pleinement dans une culture empreinte de paternalisme et d’une certaine vision de l’homme :

« D’un point de vue militaire et populaire, la figure virile, c’est un peu la tarte à la crème de l’imaginaire post-soviétique. Cette culture est empreinte de héros, c’est une culture viriliste, c’est l’ouvrier Stakhanov, c’est Le Cuirassé Potemkine, donc c’est vraiment un héritage historique, comme en France, on a eu la figure du poilu qui était le héros du moment. »

Et si cette image d’homme fort parle au peuple ukrainien, si elle rassemble et renforce la cohésion nationale, elle a aussi des effets à l’international :

« Ce n’est pas du tout une nostalgie, c’est simplement rassurant. La plupart des gens, ça les dépasse ce qu’il se passe en Ukraine, et ça les rassure de voir un type qui prend son téléphone, qui fait un selfie, qui explique aux gens qu’il va défendre son pays… ça pourrait être un film ! Ça devient hyper concret et c’est ça qui parle aux gens. »

https://www.instagram.com/tv/CaaFzibgLES/?utm_source=ig_web_copy_link

Ce sont aussi des parallèles qui forgent l’image de l’Ukraine comme une résistance pleine de vitalité face à un ennemi cruel et inhumain, un effet David contre Goliath, qui provoque forcément un élan d’empathie envers l’adversaire le plus petit.

Par exemple, en mettant en parallèle une image d’une réunion de l’état major de Vladimir Poutine et une de Volodymyr Zelensky faisant un selfie avec son ministre de la Défense, la différence entre les deux ennemis devient criante : une distance grotesque entre des gradés en uniforme dans une salle de réunion, versus deux hommes sur le terrain proches, exténués mais souriants, tout deux en tenue de soldat.

D’ailleurs, s’il y en a un qui a toujours mis en avant sa stature d’homme viril, c’est bien Vladimir Poutine.

Tout le monde a en tête les photos du président russe en vacances, chassant et pêchant torse nu. Une performance de la masculinité ringardisée par le président ukrainien ? Plutôt « deux virilités pas si différentes », affirme Élodie Jauneau pour qui la différence de mise en scène de la masculinité des deux dirigeants est avant tout générationnelle.

Le nouveau petit ami d’Internet ?

C’est peut-être sur TikTok que l’on observe le mieux l’obsession pour Volodomyr Zelensky où fancams du dirigeant en tenue militaire et montages reprenant les paroles « I want my daddy. I want your daddy too » pullulent :

@momongaismyname

Zelensky marry me pls 😫😫😫🥵🥵🥵😍😍🥵 #zelensky #marryme #handsome #seggsy #simping #ukraine

♬ Sunny Day – Ted Fresco

« Ce n’est pas le moment, ni l’endroit pour avoir un crush sur le président Zelensky maaaais… »

On n’aurait pas pu mieux résumer.

Avec la starification de Volodymyr Zelensky, simple dirigeant devenu super leader, un homme forgé par des événements dramatiques, qui se révèle à son peuple et au monde entier, c’est aussi une érotisation du dirigeant ukrainien qui émerge sur les réseaux sociaux.

Un phénomène assez logique selon Élodie Jauneau : « En temps de guerre, où qu’elle soit, la sexualité est une composante de la construction de la figure du héros et du soldat valeureux. »

Le phénomène des Internet Boyfriend n’est pas neuf, mais on a plutôt l’habitude de le voir appliqué à des célébrités du monde du divertissement. Volodymyr Zelensky n’est pas en passe de supplanter Timothée Chalamet, Keanu Reeves ou encore Oscar Isaac, mais on n’a rarement vu un président en exercice atteindre un tel capital sympathie grâce à sa plastique avantageuse (à la limite, Justin Trudeau ?) et encore moins à la faveur d’un contexte de conflit armé.

« Quand tu regardes les infos et que ton crush apparaît. »

Sur le site Jezebel, la journaliste Kylie Cheung met d’ailleurs en garde sur la hype autour de Volodymyr Zelinsky, à travers le cas d’un autre homme politique, qui a lui aussi été un objet de désir et de convoitise lors d’un moment critique, Andrew Cuomo :

« Il était une fois, au commencement de la pandémie de Covid, des Américains qui cherchaient une boussole et du réconfort au milieu d’un événement global terrifiant et qui croyaient l’avoir trouvé chez l’ancien gouvernement de New York et ses interventions quotidiennes à la télévision.

Beaucoup de ses soutiens les plus en chien trouvaient aussi un sex-symbol à travers le gouverneur aujourd’hui tombé en disgrâce — il serait plus tard accusé de harcèlement sexuel par une poignée de femmes et contraint de démissionner — et ont commencé à se désigner comme des Cuomosexuals. »

S’il est pertinent de rappeler cette séquence, c’est bien parce qu’elle illustre notre besoin de trouver des éléments rassurants, des figures qui par leur charisme ou leurs actions, nous aident à traverser une épreuve. Parfois aveuglément. Et oui, cela peut aussi passer par exprimer qu’on fantasme sur ses figures, même si cela peut paraître complètement à côté de la plaque au vu du contexte actuel.

Il s’agit aussi de garder une vigilance par rapport à la glorification de Volodymyr Zelensky, notamment quand on ignore tout de ses positions sur d’autres sujets.

« On parle des couilles de Zelensky, ça nous fait rire, ça nous rassure, mais c’est bien de rappeler qu’il est aussi l’héritier d’une culture pas super égalitariste », tient à souligner Élodie Jauneau.

Pour preuve, elle rappelle une polémique en juillet dernier, autour des répétitions d’un défilé militaire où les soldates de l’armée ukrainienne allaient devoir défiler… en talons. « C’est cocasse. Sur les réseaux sociaux, une femme avait réagi en demandant “l’étape suivante, c’est le défilé des femmes de la Marine en bikini ?” »

Attention donc à ne pas se laisser trop éblouir par cette popularité soudaine et circonstanciée du héros Volodymyr Zelinsky…

À lire aussi : Face aux fake news sur le conflit ukrainien, quelques ressources pour bien s’informer

Crédit photo : Instagram officiel de Volodymyr Zelensky, visuel par Audrey Godefroy


Les Commentaires

25
Avatar de BBDG
3 mars 2022 à 13h03
BBDG
@Horion merci pour le lien, surtout la partie où ils indiquent que des fois c'est du second degré avec cet exemple savoureux : "Je vais tellement te faire crier que tu vas me dire que le libéralisme est une valeur de gauche", sussure ainsi Emmanuel Macron juché sur Cyprien (pourquoi Cyprien???)
C'est glauque mais en même temps c'est tellement WTF qu je peux pas m'empêcher de me marrer...
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