Live now
Live now
Masquer
Amouranth
Féminisme

Entre surmenage et harcèlement, Amouranth, streameuse « hot tub », nous invite dans sa vie pas si rose

Amouranth, une « streameuse hot tub » comme on dit, fait l’objet d’un documentaire Vice qui montre la réalité de son quotidien loin de faire rêver.

Une tête de pigeon en plastique sur un corps de femme qui se pavane dans un jacuzzi gonflable entouré de bouées gonflable. Non, ce n’est pas un rêve chelou, c’est ce que fait Amouranth sur Twitch !

Vice vient de sortir un documentaire sur cette vidéaste américaine de 26 ans, la plus célèbre des twitcheuses « hot tub ». C’est-à-dire qu’elle diffuse des heures de live pendant lesquelles elle discute avec ses viewers tout en étant dans un jacuzzi, souvent aussi dénudée que la plateforme le permet.

Les créatrices de contenu tel que Amouranth ont déclenché ces derniers temps la colère de beaucoup de personnes, particulièrement des hommes.

Le documentaire met en lumière les difficultés qu’Amouranth rencontre au quotidien. Car entre haine, harcèlement et charge de travail trop élevée, la vie de la jeune femme ne fait pas tant rêver que ça…

Les streameuses hot tub comme Amouranth, cibles privilégiées du sexisme sur Twitch

Les streameuses comme Amouranth ne sont pas les favorites d’une partie de la communauté Twitch.

Elles sont souvent accusées de faire de l’argent « facilement » en se mettant en maillot de bain pendant un live, ou de n’être là que pour vendre leur contenu OnlyFans.

D’autres en veulent à Amouranth parce que selon eux, les streameuses « hot tub » volent les viewers des honnêtes twitcheurs qui jouent aux jeux vidéo avec tous leurs vêtements sur le dos.

Pour certains d’entre eux, ils ne peuvent pas gagner contre de belles streameuses qui se dénudent, et ce serait injuste.

C’était le sujet du #BikiniGate dont nous avons parlé sur Madmoizelle : les streameuses qui font des lives en maillot de bain étaient accusées de « salir » Twitch. Comme l’expliquait dans l’article la twitcheuse Modiiie :

« Les gens qui se positionnent sur le sujet sont majoritairement des streamers jeu vidéo qui disent que ça vient salir non pas juste l’image des femmes, mais aussi salir la plateforme ; qui disent qu’on ne devrait pas y voir ce type de contenu-là… C’est une idée un peu puriste. »

Amouranth

Le documentaire de Vice révèle une réalité bien sombre. Entre la pression de toujours produire plus de contenu, les préjugés, ainsi que le harcèlement qu’elle subit, la vie d’Amouranth semble moins rose que dans les fantasmes des viewers…

Pas de sommeil, il faut streamer

La chose la plus impressionnante chez Amouranth, c’est la charge de travail qu’elle s’impose. Elle raconte dans le documentaire qu’elle streame parfois pendant 12 heures d’affilée, et mentionne des parties de Just Dance durant plusieurs heures.

En plus de ces streams, elle entretient un Patreon — un site où ces fans peuvent payer pour avoir accès à du contenu « bonus » — ainsi qu’un OnlyFans où elle poste régulièrement du contenu qui doit être filmé et photographié professionnellement.

En effet, il ne suffit pas de prendre quelques clichés en mode selfie, quand on est au niveau d’Amouranth ! Elle a deux assistantes qui s’occupent de faire ses photoshoots et de monter les vidéos qui seront postées sur la plateforme.

Amouranth entrain de bailler pendant un stream

Dans le documentaire, on la voit s’assoupir lors d’un photoshoot où elle semble épuisée. La jeune femme explique d’ailleurs :

« Depuis que j’ai commencé à faire des streams, je n’ai jamais pris de vacances, même pas une semaine off. »

Le temps que la streameuse passe à créer son contenu est phénoménal. Elle explique gagner environ 1,5 millions de dollars par mois grâce à tout ce travail, mais on constate en regardant le documentaire que ce n’est vraiment pas de tout repos.

Gérer la pression pour atteindre ses objectifs

On comprend rapidement qu’Amouranth se met beaucoup de pression pour gagner assez d’argent et avoir, comme elle le dit, « assez réussi ». Elle raconte qu’elle a une passion pour les animaux et qu’elle aimerait ouvrir un refuge pour les aider.

La jeune femme devient très émotive en parlant de ce projet qui semble lui tenir à coeur — notamment car elle a récemment perdu son premier chien, qui a eu une crise cardiaque en direct pendant un de ses streams…

Amouranth explique que ce projet exige beaucoup d’argent ; on comprend que Twitch est pour elle le moyen d’atteindre cet objectif.

Amouranth à cheval

Cependant, on se demande tout au long du documentaire si le jeu en vaut la chandelle. Elle semble énormément souffrir de la pression, ainsi que des critiques violentes qu’elle reçoit.

Amouranth a des soucis en dehors des streams également : elle explique qu’elle n’a pas vraiment d’amis, elle est très seule. Lors d’un stream avec un psychologue, l’Américaine révèle se sentir parfois « comme un robot ». Son quotidien, en plus d’être rythmé uniquement par le travail, est émotionnellement dur à supporter.

Amouranth, victime de harcèlement et de critiques violentes

Entre les viewers qui l’insultent, la menacent de venir chez elle, et ceux qui lui envoie des messages très dérangeants à connotation sexuelle, Amouranth a rarement la paix.

Elle fait d’ailleurs une remarque très intéressante à ce sujet :

« C’est assez ironique que des gens ait un problème avec le fait que des vraies femmes acceptent leur sexualité et l’exposent librement, alors que les jeux vidéo auxquels ils jouent sur Twitch sont remplis de femmes constamment sexualisées… » 

Amouranth révèle un problème de fond : les personnes qui la critiquent car elle se dénude sur Twitch ont un problème avec cela, car c’est elle-même qui choisit de le faire. Elles râlent moins lorsqu’un personnage féminin virtuel combat des zombies en bikini !

Comme bien des travailleuses du sexe, Amouranth vit un harcèlement misogyne qui la cible d’autant plus durement en raison de son genre et de son activité professionnelle. On ne la laisse pas faire ce qu’elle veut sans la critiquer violemment et la traiter comme l’ennemi.

Amouranth

Amouranth est libre de faire ce qu’elle veut que ça soit sur Twitch ou ailleurs, à partir du moment où ça ne fait de mal à personne. Malgré son succès, elle semble souffrir énormément et subir beaucoup de stress.

Elle craint que quelqu’un ne localise sa maison et ne vienne lui faire du mal ; elle reçoit énormément de haine en ligne de la part d’autres streameurs et des viewers en général.

Le documentaire Vice permet de se rendre compte du quotidien difficile de Amouranth, qui vaut certainement pour d’autres streameuses. Il ne suffit pas de se mettre en maillot dans un jacuzzi pour gagner des millions.

Difficile, face à ce documentaire, de continuer à penser que les streameuses hot tub ne « méritent pas » leur succès, vu la masse de travail abattue par Amouranth.

Difficile aussi de ne pas espérer que Twitch, et les géants d’Internet en général, feront un jour un travail efficace pour modérer les propos haineux — pendant que la société, à grands coups d’éducation et de militantisme féministe, apprendra qu’une femme fait ce qu’elle veut de sa vie et de son corps, merci bien.

Féminisme, détente, gaming : Madmoizelle est sur Twitch

À lire aussi : Comment les streameuses francophones se soutiennent sur Twitch

Crédit photo : chaîne YouTube de VICE


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.

Les Commentaires

14
Avatar de hellopapimequepasa
17 janvier 2022 à 18h01
hellopapimequepasa
moi ce qui me fait rire c'est que les streamer jeux vidéo qui critique les contenu hot tub font les même critique qui leur sont adresser par les média mainstream "contenue facile" "c'est vide"ect..et je rappelle qu'il y a quelque année une femme qui faisait du contenu jv sur youtube s'était pris du harcèlement car elle était en décolleté...et que en gros les mecs vennait pour ça et qu'elle s'en servait et bien du coup c'est de la faute des mecs!!
les gens qui critique les streameuse "hot tube" oublie une chose: pas de demande pas d'offre
8
Voir les 14 commentaires

Plus de contenus Féminisme

Source : Canva
Féminisme

Comment l’autodéfense féministe a changé ma vie

1
Livres

Trois bonnes raisons de découvrir la fantasy grâce à l’œuvre de Samantha Shannon

Humanoid Native
Source : Midjourney
Déclic

Célia, 24 ans : « J’ai compris l’importance du féminisme en jouant au Trivial Pursuit »

9782290397336_UnJourDeNuitTombeeT1_Couv_BD (1)
Livres

Trois bonnes raisons de découvrir la fantasy grâce à l’œuvre de Samantha Shannon

Source : Canva
Déclic

Sandrine, 48 ans : « J’en demandais plus à mes filles qu’à mon fils pour les tâches ménagères »

gloria-steinem-feminist-litterature-
Livres

Gloria Steinem, féministe incontournable, fête ses 90 ans

1
Source : Midjourney
Déclic

Suzy, 27 ans : « Aujourd’hui, j’ai peur d’avoir des relations sexuelles avec les hommes »

1
Source : Cerise Sudry-Le Dû / Damien Platt de Getty Images
Féminisme

« Le viol est une bombe à fragmentation particulièrement cruelle » : Laurène Daycard, lettre d’Ukraine

tribune_une_v
Tribune

Aujourd’hui, je suis au tribunal parce que je suis féministe, on ne me réduira jamais au silence

2
Source : Canva
Déclic

Joséphine, 22 ans : « Concernant mon féminisme, je me demande souvent si je suis dans l’excès »

1
Source : Madmoizelle
Féminisme

Annie Chemla : « Avorter des femmes clandestinement m’a apporté un sentiment intense de puissance »

1

La société s'écrit au féminin