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Vie quotidienne

Intello, populaire, cool… comment j’ai appris qui je suis grâce aux autres

Dès le collège, la vie sociale prend un tout autre sens. Jade, lycéenne et stagiaire chez madmoiZelle, raconte ses expériences avec autrui au fil des années.

Je m’appelle Jade, j’ai 17 ans, et je suis une éponge.

Ce que je veux dire par là, c’est que j’ai tendance à absorber des choses qui viennent de l’extérieur et à les intégrer à mon comportement.

Je suis une éponge à personnalité

Que ce soit des mimiques que je reproduis sans m’en rendre compte, un point de vue que j’adopte à force de traîner avec des potes qui le partagent ou un style vestimentaire dont je m’inspire… Je suis une éponge.

J’ai l’impression que c’est quelque chose que je partage avec beaucoup de filles de mon âge, que c’est assez propre à l’adolescence en général.

En fait, j’ai toujours considéré l’adolescence comme une sorte d’immense chantier de construction, d’expérimentation, où on tente plein de trucs pour essayer de trouver ce qu’on aime ou pas, ce qui nous correspond ou non — qui on est, finalement.

Or on a besoin de matériaux pour nous construire, de pierres à ajouter à l’édifice de qui nous sommes, de prendre ce que l’on trouve autour de nous pour nous créer.

C’est là que notre environnement joue un rôle primordial.

Les gens autour de nous étant riches de choses que nous n’avons pas forcément, on absorbe beaucoup d’eux tout comme ils assimilent une part de ce qu’ils voient à travers nous !

À lire aussi : Trois phrases qui ont rythmé mon adolescence

L’étiquette de l’intello

Au collège, j’étais plutôt une « weird kid ».

Je passais mes journées plongée dans des bouquins, Cyrano de Bergerac était mon idole et j’avais un style vestimentaire qu’on peut qualifier d’assez aléatoire (mettre des bottes avec un jogging, il fallait y penser).

On m’avait attribué une image de première de classe, un peu perdue dans son monde.

Je ne comprenais pas bien les règles du jeu, donc plutôt que d’essayer de changer de carte pour prendre celle qui me correspondait le mieux, j’ai posé celle-ci sur la table.

De par mon comportement, j’ai tout fait pour aller au fond du cliché qui m’avait été imposé, jouer le rôle de « l’intello » jusqu’au bout.

J’avais l’impression d’exploiter mon originalité et de m’épanouir en me forçant à développer ce rôle.

Je me suis interdit d’essayer du maquillage ou de faire attention à moi. Je trouvais que c’était des choses très superficielles.

Je pensais que je ne devais pas sortir de mon rôle d’adolescente spirituelle et intellectuelle en m’intéressant à tout ça, que ce n’était pas pour moi.

Sauf que ce que je ne comprenais pas, c’est qu’en agissant comme ça, j’étais aussi largement influencée par le groupe !

Je n’étais pas la personne que je voulais être, la personne que j’étais, mais le miroir de ce que les autres voyaient de moi.

Je me suis redécouverte grâce à ma meilleure amie

Quand je suis arrivée dans un nouveau collège, j’ai voulu changer.

J’ai eu quelques potes là-bas, mais pas de relation particulièrement complice ou profonde.

J’étais fatiguée de devoir maintenir une image qui finalement ne me correspondait pas. Je rêvais de meilleures amies, de soirées pyjama, de défilés de mode et paillettes.

Je voulais créer un vrai lien avec quelqu’un qui me comprendrait.

Arrivée dans mon nouvel établissement, j’ai rencontré ma meilleure amie. C’est là que j’ai pris conscience de ce qu’était une réelle amitié.

Avec elle je pouvais enfin être la personne que j’étais.

Être amie avec cette fille, c’était se soutenir mutuellement dans toutes nos décisions, se consoler avec des cookies Subway quand ça n’allait pas, écrire des poèmes ensemble et se suivre dans des projets un peu foireux, comme apprendre à faire du pole dance.

C’était juste fort et beau !

Ça m’a redonné beaucoup de confiance en moi et en les autres de savoir qu’il pouvait y avoir des relations de soutien mutuel où on s’aide à être heureuses, à être des meufs chouettes.

Sans compétition, ni jugement de valeur.

À lire aussi : Ces erreurs que je ne reproduirai plus avec mes amies

La popularité m’a fait rentrer dans le moule

Quand je suis arrivée au lycée (différent de celui de mon amie), j’avais envie d’être populaire.

Être reconnue par tout le monde, que les gens repèrent qui je suis, connaissent mon prénom, avoir un large groupe de potes avec qui je pourrais sortir souvent…

Si vous êtes amateurs de teen movies vous savez combien ce rêve est répandu chez les lycéens et lycéennes.

Pourquoi un tel désir ? Parce qu’être populaire ça veut dire être « in », être validée par le groupe, être reconnue, appréciée, entourée.

À lire aussi : Ces trucs que j’ai fait pour devenir cool et populaire

Les humains ont besoin d’être en contact avec les autres pour s’épanouir pleinement.

J’ai l’impression que devenir populaire était l’étape finale pour me débarrasser de l’image que je m’étais forcée à adopter auparavant.

Grâce à ma nouvelle meilleure amie du collège, j’avais découvert que j’adorais avoir des potes, partager des choses avec les autres. Je voulais laisser cette partie-là de moi s’épanouir.

Pour moi, être populaire ça voulait dire ne plus être marginale, ne plus aller à contre-courant.

Au contraire, j’essayais d’adopter les us et coutumes de ce peuple étrange qu’était les autres ados dont je n’avais toujours pas appris la langue.

Ces ados, que je souhaitais fréquenter, étaient rudes envers les uns et les autres. Leurs relations me semblaient teintées d’hypocrisie.

J’avais l’impression qu’être une personne gentille était un défaut, et que je devais me montrer plus dure pour me faire accepter…

À lire aussi : Non, la gentillesse n’est pas un défaut !

Je me suis fondue dans l’influence de mon groupe de potes. J’ai cherché à leur ressembler, je reniais les traits de caractères qui m’étaient propres. Je voulais à tout prix entrer dans le groupe et être acceptée.

Bref, je voulais comprendre enfin les règles du jeu.

Jusqu’au jour où j’ai réalisé que je devenais profondément inintéressante et que les gens ne m’appréciaient pas plus parce que je les imitais.

Je ne savais plus qui j’étais. J’étais complètement perdue. J’avais besoin de nouveaux repères.

Je ne savais pas où était le juste milieu entre être totalement marginale et disparaître dans le groupe. Après avoir testé les deux, aucun ne me correspondait.

Ouvrir son horizon aux autres

J’ai donc décidé de m’ouvrir un peu plus.

Pour faire entrer différentes influences et points de vue dans ma vie, j’ai rencontré de nouvelles personnes.

Que ce soit à travers des activités extra-scolaires, via des élèves du lycée que je n’avais pas l’habitude de fréquenter, des vieilles connaissances avec qui j’ai renoué ou des gens que je croisais par hasard et avec qui je finissais par garder contact.

Ça a été l’une des meilleures décisions de ma vie. J’ai appris plein de choses sur les autres et moi-même.

Notamment, qu’on ne devait pas nécessairement renoncer à soi pour être appréciée ou être un cliché pour exister !

Me fondre dans la masse d’un groupe en m’oubliant presque ou incarner la figure de l’intello du collège ne m’avait pas aidée…

Devenir qui je suis vraiment

Sous l’influence de toutes les personnes que j’ai rencontrées par la suite, j’ai commencé à faire du sport, à m’intéresser à la mode, au maquillage, au cinéma.

Mais aussi à prendre de l’indépendance, à me forger ma propre opinion sur différents sujets et à me construire réellement.

J’ai fini par comprendre que pour être la personne que j’ai envie d’être, il fallait que je me crée une bulle, transparente et toujours ouverte aux autres, mais qui n’appartient qu’à moi.

À l’intérieur de cette bulle, il y a la personne que je suis et celle que je vais devenir. Il y a mes projets, mes sentiments, mon style vestimentaire, mon goût pour les blagues pas très drôles et, bien sûr, les sushis.

Bref, tout ce qui fait que je suis moi, ce qui est intouchable, ce que les autres n’ont pas à chercher à modifier.

Peu importe à quel point quelqu’un est proche de moi, je ne laisserai personne tenter d’éclater cette bulle qui m’est propre.

À l’adolescence, j’ai été une éponge, mais j’ai pu choisir ce que j’ai absorbé.

Puis surtout, rejeter de ma vie les choses qui ne me correspondaient pas, les gens toxiques qui m’ont dévalorisée et qui m’ont empêchée de devenir la personne forte et passionnante que je veux être.

Rappelez vous du principe que m’a appris Bob l’Éponge :

« Ferme les yeux, et prépare-toi à briller ! »

À lire aussi : Être « adulescent », cet entre-deux trop rarement pris au sérieux

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Les Commentaires

4
Avatar de zazouyeah
4 décembre 2018 à 14h12
zazouyeah
Comme @Ju- , je me surprends à apprendre une leçon d'une cadette ! Je me rends compte que comme toi @Jadej je suis passée durant mon adolescence d'un extrême à l'autre, sans jamais avoir réellement réussi à mettre le doigt sur ce qui m'y avait poussé. Merci pour l'analyse que tu en a faite, que je trouve à la fois pertinente et bienveillante !
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