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"Photo tirée du film Miss Sloane / Copyright Kerry Hayes Europacorp"
Travail

Vis mon job d’avocate pénaliste

Camille, 28 ans, exerce un métier qui la fascine depuis toute petite : avocate pénaliste. Elle nous raconte son parcours et ce qui lui plaît dans son travail.

Je crois que j’ai presque toujours voulu faire le métier d’avocate. Bon, j’ai bien eu une phase où je voulais ouvrir un restaurant de grenouilles quand j’étais enfant, mais ça n’a pas duré.

Ma vocation a démarré jeune en regardant des séries un peu nulles (Les Cordier, juge et flic, ma passion), puis en m’intéressant aux faits divers, notamment Faites entrer l’accusé de Christophe Hondelatte (toute mon adolescence…). Enfin, j’ai eu aussi envie de faire ce métier par admiration pour certains grands avocats comme Robert Badinter. (Oui, on va crescendo en qualité…)

Des études longues pour devenir avocate

Pour réaliser mon rêve de devenir avocate, j’ai suivi des études classiques mais éprouvantes, avec de nombreuses heures de révisions, de crises de pleurs, du stress et des boutons de fièvre (mon combo gagnant). Après un bac L, j’ai obtenu une licence de droit privée. J’ai ensuite fait un master 1 puis un master 2 dans la même branche.

À la fin de mon master, j’ai préféré opter pour une année « blanche », ponctuée de jobs étudiants, afin de préparer l’examen d’avocat puisque je n’avais pas suivi de prépa privée. Après avoir réussi le « concours », il ne me restait plus que deux années d’école et c’était terminé !

Depuis deux ans, je suis avocate dans le domaine du droit pénal et du droit des étrangers. Ma mission est de participer au bon fonctionnement de la justice en défendant des hommes, des femmes et des mineurs à un moment de leur vie où ils sont auteurs (de délit, de crime…) ou bien victimes.

Pas de journée type pour les avocats pénalistes

Je n’ai pas vraiment de journée type ou de routine. À part peut-être lire mes nouveaux mails si je passe au cabinet le matin avant d’aller en audience, mais sinon mes journées ne sont jamais les mêmes. J’ai parfois beaucoup de rendez vous prévus avec des clients, parfois des audiences dans d’autres villes. Je suis parfois appelée pendant des gardes à vue ou pour des audiences en urgence…

Mon rôle pendant une audience est de cadrer mon client, de poser des questions, de l’aider à répondre sur certaines questions pratiques, de montrer des pièces au juge et au procureur, et enfin de plaider pour convaincre.

Le droit pénal est la branche du droit qui traite des infractions, c’est-à-dire des contraventions, des délits mais aussi des crimes. En tant qu’avocate pénaliste, je peux être amenée à plaider devant le tribunal de police, devant le tribunal correctionnel, devant la Cour d’Assises mais également devant le juge d’application des peines ou encore en commission de discipline pour les détenus.

J’ai choisi cette branche du droit dans un premier temps par fascination. En effet, c’est celle qui est le plus représentée que ce soit dans les médias ou dans les fictions (films, livres, séries). J’ai ensuite persisté car c’était les matières qui m’intéressaient le plus pendant mes études et parce que chaque affaire que je suis touche à l’humain, dans ce qu’il a de plus beau et de plus terrible. 

Défendre des criminels, mon job d’avocate pénaliste

Quand on me demande si ce n’est pas trop difficile de défendre des criminels, je réponds que d’abord que pour moi ce sont des clients, et non « des criminels ». Certains ne sont d’ailleurs « que » délinquants ou alors ne sont encore pas jugés et ne sont donc que des prévenus.

Je n’ai eu pour l’instant aucune difficulté particulière à faire mon travail et à les défendre. Peut-être que j’aurai plus de mal avec les histoires de violences sur les mineurs, si un jour j’ai des enfants. Si un dossier me parait « insurmontable » il est toujours possible de faire valoir une clause de conscience et de refuser le client.

Après c’est sûr que certains dossiers me « travaillent » plus que d’autres parce que les faits sont douloureux pour tout le monde. Mais j’essaye de ne jamais porter de jugement sur les personnes que je défends.

Adapter mon comportement à mes clients, pour être une bonne avocate

Quand j’échange avec des clients, que ce soit au cabinet ou ailleurs (garde à vue, tribunal, etc), je suis toujours seule avec eux car nos entretiens sont confidentiels. Et j’essaye d’adapter mon comportement à la personne que j’ai en face de moi. Je vois tous types de profils.

 Celui qui ne fait que pleurer, celui qui est sur la défensive et donc très agressif ou encore celui qui tente un rapprochement sur le mode de la séduction… 

Si la personne est angoissée, je vais tenter de lui expliquer comme les choses vont se passer et comment je peux l’aider. Face à l’agressivité, je vais tenter de calmer la situation avec quelques réflexions humoristiques parfois limite du style : « bon, c’est quoi le but ? Vous comptez m’égorger ? Non ? Bah alors on peut démarrer ». Parfois ça les calme parce qu’ils ne s’attendent pas à ça.

Enfin, le dragueur trop insistant qui me demande si je suis célibataire au milieu d’une audience, je vais très vite le recadrer et tout se passe bien ensuite généralement.

Être avocate et défendre aussi les étrangers

En plus du pénal, je suis aussi pas mal de dossiers concernant le droit des étrangers. C’est-à-dire tous les contentieux liés au titre de séjour, à la naturalisation, à la demande d’asile, à l’hébergement d’urgence, etc. 

J’ai choisi de travailler aussi dans ce domaine après avoir eu la chance d’effectuer un service civique durant mes études dans une association d’aide aux migrants. J’ai alors découvert des personnes qui avaient réellement besoin de soutien juridique pour faire valoir leurs droits.

Je suis principalement appelée lorsque les personnes ont des refus de titre de séjour par la Préfecture. Je dois alors effectuer un recours contre cet arrêté préfectoral et démontrer, soit que la procédure n’a pas été respectée, soit que la situation de mes clients a été mal appréciée. Je dois alors mettre en avant soit les liens d’insertions qu’ils ont sur le territoire français (scolarisation des enfants, etc) ; soit les dangers encourus s’ils devaient repartir. En général, ce sont des dossiers chronophages et avec de faibles taux de réussite.

Le salaire d’une avocate pénaliste ? 1800 à 2500 euros par mois

La majorité des jeunes avocat·es commence leur carrière en tant que collaborateur·trice dans un cabinet. Dans ce cas, on peut espérer gagner en moyenne 1.800 € à 2.500 € par mois (desquels il faut retirer quasiment 40% de charges sur cette somme). Le but étant ensuite de compléter cette somme, en décrochant des dossiers perso de son côté. Tout en sachant qu’il y a des domaines beaucoup plus rentables que le droit pénal ou le droit des étrangers.

De mon côté, j’ai démarré en collaboration dans un cabinet avec des associés compréhensifs qui me laissaient une grande liberté d’organisation et d’horaires. L’essentiel, c’était que le travail soit fait. Ce principe m’allait parfaitement et je pouvais ainsi gérer mes dossiers personnels et ceux du cabinet comme je le souhaitais. Depuis six mois, je suis devenue associée dans ce cabinet et nous avons toujours la même manière de fonctionner.

J’aime profondément mon métier d’avocate

J’aime profondément mon métier pour plusieurs raisons. D’abord pour la liberté qu’il me procure ainsi que l’imprévu qui le constitue. J’aime aussi le fait de me sentir utile : quand je vois mes clients apaisés, même si le jugement est mauvais, juste parce que c’est fini et qu’ils ont le sentiment que je les ai défendus de la bonne manière. Ou lorsque j’assiste une victime et que je pense que l’audience a été moins difficile pour elle/lui grâce à mon aide.

Enfin, j’adore l’adrénaline des audiences. On ne sait jamais comment sera le juge, quelles seront les réquisitions du procureur ou encore l’attitude de la victime. 

On dit souvent que le pire ennemi de l’avocat est son client, et c’est vrai. Un client qui dans votre bureau vous soutiendra qu’il est innocent pourra se mettre à avouer devant le juge. Ou à l’inverse se mettre à nier en raison de la pression de l’audience. Dans ce cas, on met un grand trait de stylo sur sa feuille de plaidoirie et on reconstruit toute la défense sur le vif.

Ce témoignage t’a interpellé·e ? Viens en parler dans les commentaires. 

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