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Cinéma

Sélection de films : les idiots

Les personnages d’idiots dans l’art sont souvent parmi les plus émouvants. Etre confronté à un simple d’esprit, à l’écran notamment, c’est se trouver face à lui avec une facilité que ne permet pas la vie. C’est du côté de l’émotion que la charge est décuplée.

Voir un idiot au cinéma, c’est un peu contempler l’image d’une vertu naturelle dans la société ; malmenée, bien sûr. Et c’est sans aucun doute en ce sens que cela nous touche, c’est en ce sens que ces personnages gagnent le poids qu’ils portent systématiquement avec eux.

Pourtant pour ne pas faire une sélection basée sur un seul type de films, d’une seule tonalité, bref pour ne pas l’axer sur la douleur, on a aussi inclus dedans des films dont les personnages sont des idiots plus amusants : non pas tant des malades que des benêts, qui font rire par leur naïveté… pas si grave. Ce n’est sans doute pas un hasard d’ailleurs si la figure de l’idiot est un motif récurrent dans nombre de bonnes comédies américaines, à commencer par les séries Freaks & Geeks et Undeclared. Du film bouleversant à la comédie, voire les deux en un, il y en a donc pour tous les goûts.

A travers le monde et quelques décennies, voilà quelques idiots et idiotes, vraiment malades ou tout juste simplets, et les films qui leur sont consacrés.

© MK2 Diffusion / Image extraite du film Garage

Charly (Ralph Nelson)
Etats-Unis, 1968

Quiconque a lu Des fleurs pour Algernon, le roman de science-fiction de Daniel Keyes, s’est sans doute demandé quel réalisateur de talent pourrait mettre en scène l’histoire de Charly et en faire un film réussi. Plus encore, quel acteur suffisamment bon pourrait plonger dans la peau de ce personnage pour qu’il ait à l’écran la même finesse que dans la narration.
C’est donc Ralph Nelson et Cliff Robertson qui, peu après la sortie du roman, se sont jetés sur l’occasion pour faire un film. Jetés, on dirait bien, car le film est si loin d’être à la hauteur du roman qu’il semble fait avec bien trop de précipitation. Le roman est épuré de tout ce qui en fait son intérêt : la dimension strictement angoissante, on dirait presque philosophique de l’expérience de Charly. La faute à l’époque, peut-être. Mais quand on a lu le roman, difficile de ne pas se demander quand le film se termine où est passée l’heure et demi tant il y manque l’essentiel, tant la tension du récit est édulcorée.
Quant à l’interprétation de Cliff Robertson, elle est elle aussi particulièrement ratée. Dans les scènes où il joue le rôle de l’idiot, l’acteur est franchement mauvais, réduisant son travail à quelques mimiques débiles qui lui donnent un air d’enfant en plein caprice. Il est clair qu’on est loin de ce qu’ont fait plus tard, avec plus ou moins de talent, Dustin Hoffman, Patt Shortt ou même Sean Penn…
Avec Cliff Robertson, Claire Bloom

Rain Man (Barry Levinson)
Etats-Unis, 1989

Penser idiot au cinéma, c’est évoquer spontanément dans la plupart des esprits Rain Man. Film classique d’Hollywood, il mêle tous les ingrédients qui font traditionnellement de ce genre de films un succès, à commencer par sentimentalisme et action.
L’histoire, tout le monde la connaît : c’est celle de Charlie Babbitt, homme d’affaire, arriviste, froid, sans cœur qui, à la mort de son père, découvre qu’il a un frère qui se trouve dans un hôpital psychiatrique en raison de son autisme. Pour récupérer l’argent laissé en héritage à Raymond, ce frère dont il n’a que quelques souvenirs qui remontent à l’enfance, Charlie l’enlève et part avec lui sur les routes…
Road trip traditionnel, il se construit pour le personnage principal (Charlie, et non pas l’autiste) comme une quête : quête de sa propre identité en ce qu’il retrouve son frère et une part de son passé ; mais surtout quête d’une humanité perdue loin en lui… Dans ce film l’idiot, grâce à la fameuse interprétation de Dustin Hoffman, joue le rôle de révélateur au sens quasi physique du terme. Mis en contact avec un homme désabusé, cynique, il n’y a que lui, avec son humanité spontanée et franche, qui peut le faire changer de direction : le remettre sur la bonne voie.
Avec Dustin Hoffman, Tom Cruise, Valeria Golino

Muriel (P.J. Hogan)
Australie, 1994

Muriel commence de manière particulièrement comique. Comme le titre du film l’indique, c’est le personnage de Muriel qui est au centre de tous les regards. Or cette jeune femme, non contente d’être simplette, est aussi fan d’Abba et grassouillette. Lors d’une scène très drôle de la première partie du film, elle danse, quasi ahurie, sur son groupe préféré habillée d’une combinaison qui ne la met franchement pas à son avantage. Le ton est donné avec cette scène mémorable et les premiers temps du film : Muriel a d’abord une certaine cruauté – toutefois teintée de tendresse – envers sa protagoniste.
Nous sommes en Australie. Muriel est la fille d’une famille assez nombreuse. Une famille peuplée de personnages tout aussi bizarres et amusants qu’elle… tout aussi idiots, à leur façon. Ce sont des péquenots, des naïfs, et Muriel décroche la palme. Elle rêvasse en attendant le prince charmant et en passant son temps à consulter des catalogues de robes de mariées, songeant au sien qu’elle attend impatiemment…
Il y a deux temps dans Muriel, qui souvent se mélangent. Il y a d’abord celui-ci, le temps de la moquerie, le temps de la comédie, celui qui fait de Muriel la cible de toutes les scènes amusantes du film en raison de sa naïveté qui la rend franchement benête… Mais, heureusement, sans jamais en faire un bouc-émissaire. Et ceci grâce au deuxième temps du film, qui se développe principalement dans sa deuxième moitié mais pas seulement : Muriel la ridicule, la simplette, permet le déploiement d’une nouvelle dimension comme les meilleures comédies ont coutume de le faire, du côté de la nostalgie et du sentiment. Bien sûr, grâce à l’humour, sans sombrer dans le sentimentalisme. Muriel réfugiée à Sydney, libérée du poids de son étouffante famille, cherche l’amour, et sa figure maladroite, toujours inadéquate aux hypocrisies d’un monde dans lequel elle ne colle pas, se creuse une place, de façon drôle, amusante et enfin, touchante.
Avec Toni Collette, Bill Hunter, Rachel Griffiths

Breaking the waves (Lars von Trier)
Danemark, 1996

Bess est une jeune fille simple louée pour sa spontanéité, sa pureté, sa rapidité à donner pleinement son amour. Pourtant, elle est mal vue dans son petit village d’Ecosse où les religieux hypocrites règnent en maîtres. C’est que la jeune femme vient de se marier avec Jan, plus âgé, étranger, ouvrier souvent absent puisqu’il travaille avec ses compagnons sur une plateforme pétrolière. Le couple est mal vu, d’autant plus parce que la jeune femme, débordante d’amour et sans la moindre mesure, ne peut se résoudre, le moment venu, à laisser partir son mari en mer.
Cet amour sans limite qui est celui du personnage de Bess est relié ici à une simplicité proche de l’idiotie. Mais il est surtout loué dans Breaking the waves : loué contre la rigidité et l’hypocrisie des religieux du village, loué contre leur résignation et leur mesure, loué contre leur absence totale de volonté là où celle de la jeune femme semble être capable de déplacer des montagnes. La protagoniste, interprétée avec talent par Emily Watson, est l’élément le plus intéressant de ce film. Cette idiotie, toujours pure et jolie, donne au film un caractère émouvant, dans les moments de tension principalement.
Toutefois dans ce qu’on pourrait considérer comme une deuxième partie du film, c’est-à-dire après l’accident de Jan, Breaking the waves prend un nouveau tour. Le propos à partir de là est que tout l’amour de Bess, et donc toute sa vie, reposent sur la superstition. Son idée, qui est d’ailleurs un thème récurrent dans les films et les romans sur des idiots, est qu’elle doit se sacrifier pour que Jan puisse vivre. Le point de départ de cette idée un peu loufoque, c’est son amour sans borne qui lui fait croire à une connexion entre elle et son mari. Et c’est, on peut le dire, une belle idée. Malheureusement, là où la première partie du film témoignait d’une relative sensibilité, d’une douceur intéressante vis-à-vis de son personnage, il semble que la seconde prenne plaisir à traîner Bess dans la boue, à faire de ce sacrifice une réduction… sans doute pour le rendre plus important. Mais c’est trop. La deuxième partie de Breaking the waves est malheureusement hystérique, trop grandiloquente pour être à la mesure de son personnage d’idiote. Le parti pris était intéressant ; le traitement est exagéré, donc pas à la hauteur d’un personnage aussi simple que celui de Bess.
Avec Emily Watson, Stellan Skarsgard, Katlin Cartlidge

L’humanité (Bruno Dumont)
France, 1999

Dans un petit village du nord de la France, Pharaon de Winter vit sa vie. Derrière ce nom hors du commun se cache un personnage qui l’est tout autant. Lieutenant de police, il vit avec sa mère et est le petit-fils d’un peintre réputé. S’il est idiot, on ne le sait jamais clairement. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne manque pas de facultés intellectuelles. Mais il y a quelque chose en lui, quelque chose dans son attitude qui semble faire écho à un vide intérieur, en tout cas à une grande simplicité, interprétés à merveille par Emmanuel Schotte. Pharaon de Winter comme la plupart des protagonistes de Bruno Dumont a ce regard un peu perdu, qui semble dénué d’intelligence et qui est pourtant celui qui, par le biais de la caméra, va se projeter avec une intelligence saisissante sur notre monde.
Pharaon de Winter est amoureux de sa voisine Domino qui a déjà un petit ami. Il occupe son temps autrement, notamment en enquêtant sur le viol et le meurtre d’une petite fille qui viennent d’avoir lieu. Voilà le décor de L’humanité dressé. C’est l’humanité à l’échelle d’un petit village du nord de la France tel que Bruno Dumont a coutume de la montrer : dans sa pauvreté intellectuelle la plus noire, avec ces caractéristiques et ces scènes typiques de son cinéma, qu’il vaut mieux découvrir en images tant elles sont frappantes, bouleversantes.
Voilà ce qui est si grand chez Bruno Dumont : partir d’une idée philosophique simple, et en offrir un traitement bouleversant. Un traitement bouleversant comme dans chacun de ses films ; sans doute encore plus dans L’humanité, quand le monde est saisi par le prisme du regard de Pharaon de Winter, ce personnage comme on en voit peu, on dirait presque ce cœur pur confronté à un monde moche et sale. Le point culminant de L’humanité ressemble à un tableau de Munch dans toute l’angoisse qu’il implique. C’est un cri, un cri long et sauvage poussé par le protagoniste et couvert par le bruit d’un train qui passe. Le cri d’un homme simple qui a compris, a saisi enfin le mal qui l’entoure et qui n’a que ce cri pour extérioriser le noir qui l’entoure.
Avec Emmanuel Schotte, Séverine Caneele, Philippe Tullier

Zoolander (Ben Stiller)
Etats-Unis, 2002

Zoolander est un top-modèle en fin de carrière concurrencé par un jeunot en pleine ascension, Hansel. Et ce n’est pas le seul problème qui occupe ce pauvre homme : non seulement ses amis sont morts, brûlés après avoir fait une bataille d’essence, mais en plus Jacobim Mugatu, styliste, décide de l’utiliser pour assassiner le président de la Malaisie, qui risquerait de l’empêcher d’exploiter les ouvriers de son pays. Le projet du diabolique styliste, c’est en quelque sorte de programmer Zoolander pour que, lors d’un défilé, il réagisse malgré lui à un signe et accomplisse sa tâche. Pourquoi Zoolander a-t-il été choisi ? Parce qu’il est complètement idiot.
Telle est l’intrigue de Zoolander, amusante dans la mesure où elle réunit ce duo d’acteurs comiques parmi les meilleurs du cinéma américain, Ben Stiller et le génial Owen Wilson. Le moins qu’on puisse dire est que dans le rôle de deux top-modèles écervelés, ils sont aussi bons qu’on a l’habitude de les voir. Point culminant de leur duo, cette scène hilarante dans laquelle Zoolander et Hansel cherchent à allumer un ordinateur et sont dépités à la manière des singes du 2001 de Kubrick…
Dans le registre des gags, Ben Stiller est vraiment bon devant comme derrière la caméra. Cette histoire absurde et délirante est le prétexte de nombre de scènes et de situations vraiment drôles. Malheureusement, et c’est peut-être ce qui manque toujours chez Ben Stiller à la différence de ses amis réalisateurs de comédie (frères Farelly, Apatow, Wes Anderson), il n’y a pas cette contrepartie touchante et délicate qui pourrait placer Zoolander au rang des meilleures comédies.
Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Will Ferrell

Les clefs de la maison (Gianni Amelio)
Italie, 2004

Dans Les clefs de la maison, le personnage d’idiot est malade, c’est un autiste. A la différence d’autres films du genre, l’acteur qui interprète le personnage de Paolo, le petit garçon autiste, est lui aussi réellement malade. En ce sens ce film italien est plus difficile que d’autres, on est à cent lieues de la situation d’un film comme Rain Man. Ici, il ne s’agit pas d’aller flamber à Las Vegas, le propos est ailleurs et plus dur.
Pourtant, l’idée est la même : placer l’idiot, en quelque sorte, au contact d’un personnage un peu froid, qui manque de sensibilité en tout cas, et par là révéler en lui ce qu’il faut d’humanité. L’intrigue est la suivante : Paolo est un autiste dont la mère est morte et dont le père ne s’est jamais occupé. Il a vécu après cette mort avec son oncle et sa tante ; mais il doit voyager jusqu’en Allemagne pour se rendre dans une institution spécialisée. Et cette fois-ci c’est son père, pour la première fois, qui va l’accompagner…
Il n’y a donc pas dans Les clefs de la maison l’habituel filtre qui édulcore la plupart du temps la tension de ce type de situations en faisant appel à un acteur qui se plonge dans la peau du personnage malade. Il reste bien sûr pour le spectateur le filtre de l’écran. Mais ce que transmet bien ce film, c’est la difficulté pour un père de s’ouvrir à cette relation qu’il a toujours cherché à éviter, avec toute l’angoisse que cela implique. Bref, le propos des Clefs de la maison est tourné vers la sensibilité et le sentiment, et le résultat est en effet assez émouvant.
Avec Kim Rossi Stuart, Charlotte Rampling, Andrea Rossi

The Assassination of Richard Nixon (Niels Mueller)
Etats-Unis, 2004

Sans doute remarqué en 2002 dans le dégoulinant Sam, je suis Sam, Sean Penn remet ça deux ans plus tard avec Niels Mueller, grand inconnu dont c’est le premier film en tant que réalisateur, The Assassination of Richard Nixon. Cette fois-ci, il n’est plus autiste mais tout aussi idiot. Un naïf, plus précisément, un de ceux qu’on pourrait appeler un cœur pur qui, face au mal qui l’entoure, ne sait pas tout à fait réagir avec mesure.
Tel est le parti pris de ce film dont le point de départ est inspiré d’un fait dit réel : une tentative d’assassinat, disons plutôt d’approche avec intention d’assassiner. Pas n’importe qui : Richard Nixon, président des Etats-Unis, ceci peu avant qu’éclate le scandale du Watergate.
Ce point, cette idée de concentrer le film sur ce projet d’assassinat, n’est qu’un prétexte. Prétexte pour un portrait. Bien sûr c’est le titre du film : cet assassinat est tout le temps qu’il dure en ligne de mire, c’est le point d’arrivée de tous les événements qui y ont lieu. Mais à un autre niveau, on comprend que la dimension factuelle de ce projet a peu d’intérêt, qu’elle n’est qu’un prétexte au développement auquel on assiste. The Assassination of Richard Nixon est une histoire bien plus personnelle, bien plus intime, autour de cet homme rongé par l’hypocrisie du monde qui l’entoure. Et surtout, par sa difficulté, sa faiblesse même a vivre avec ses propres mensonges et ses propres erreurs. Cette faiblesse, cette naïveté est douloureuse et en ce sens ce film est émouvant, son personnage surtout. L’idiot ici se pose avec sensibilité contre un monde qui n’en a plus ; et dont ce président, menteur entre les menteurs, est le symbole le plus fort. Le détruire, ce serait rendre à son petit monde un peu d’honnêteté et de pureté.
Avec Sean Penn, Naomi Watts, Don Cheadle

Charly (Isild Le Besco)
France, 2007

Le début du premier long-métrage d’Isild Le Besco ne laisse rien présager de bon quant à la suite du film. On suit un adolescent interprété par le frère de la jeune actrice et réalisatrice, Nicolas, qui s’échappe de sa famille d’accueil pour fuguer à Belle-Ile-en-Mer, ceci après en avoir vu un paysage sur une carte postale. Là-bas, rien de spécial, il pleut et il fait gris, on s’ennuie un peu.
Mais paf ! un nouveau personnage arrive et change la donne, offre au film une nouvelle perspective qui est, on peut le dire, la seule chose qu’il ait d’intéressant. Mais ce n’est pas rien, c’est spontané et beau, bouleversant même. C’est le personnage de Charly, interprété par la très bonne Julie-Marie Parmentier. Charly est une jeune fille qui semble être hors du monde. Elle vit dans une caravane, elle se prostitue pour un mac qu’on ne voit que de loin et qui vient la chercher tous les matins. Charly ne se plaint jamais, elle vit là, comme s’il le fallait, comme si elle y était obligée, comme s’il n’y avait rien à redire à cette misère et cette détresse.
Ce qui est beau dans cette histoire, c’est la spontanéité du personnage éponyme. Dès son apparition à l’écran, Charly frappe par la façon dont elle parle, par la franchise, la spontanéité un peu folle dont font preuve ses propos, l’immense liberté qui coule de son comportement, de ses gestes, et surtout de ses mots. Ce qu’on entend dans la parole de ce personnage, c’est une idiotie sans doute, mais qui n’a rien de négatif. Au contraire, elle est belle cette franchise et Charly avec elle, qui se donne telle quelle à un inconnu, qui l’invite et lui offre le peu qu’elle a. Charly impudique, trop organisée, mais qui fait don de soi comme personne d’autre. Cette idiotie une fois de plus va contre le monde qu’on connaît, son hypocrisie et sa mesquinerie. C’est une idiotie qui se coupe de la société dans une petite caravane perdue en plein champ. C’est le refuge d’un adolescent qui a mal et trouve auprès de ce personnage une chaleur qu’il n’a jamais pu connaître jusque là. Quand Charly enfin se donne pleinement, s’offre charnellement au jeune garçon, c’en est fini du film. C’est que sans doute par là cette belle idiote qui l’a grandi.
Avec Julie-Marie Parmentier, Kolia Litscher, Jeanne Mauborgne

Garage (Lenny Abrahamson)
Royaume-Uni, 2008

Le personnage de Garage est à proprement parler l’idiot du village, l’idiot d’un petit village ayant suffisamment de cœur pour avoir pitié de lui et lui avoir laissé le rôle de s’occuper d’une petite station service où il y a peu d’activité. Josie reste le plus souvent assis sur une chaise et regarde le morne paysage qui s’offre à lui, dégustant ses bières, le sourire aux lèvres. Josie l’idiot est content comme ça, relativement peu conscient des moqueries qui l’entourent quand il se déplace dans le centre faire quelques achats ou passe une soirée au bar où il devient la risée de tout le village. Josie vit bien comme ça, tranquille, on dirait presque imbécile heureux. Etre isolé, Josie s’en fout, il ne s’en aperçoit pas. Il y a ce cheval qu’il a rencontré sur la route, ces jeunes qui se biturent et qu’il rejoint de temps en temps, ce camionneur qui passe et lui prête ses pornos.
L’idiotie de Josie, c’est celle de l’inconscience. Le mal et les mauvaises intentions qui l’entourent, Josie ne les saisit pas. Et ceci est rapporté sans douceur, sans qu’on plonge dans son monde ou son intériorité. Le regard de Garage est froid et neutre, il plonge dans la petite station service comme avec détachement. Pour le spectateur, c’est dans l’écart entre le comportement des différents personnages, entre la cruauté des villageois et la bonne candeur de Josie que réside le caractère bouleversant du film.
Garage ne s’arrête pas là, il y a cet élément perturbateur, ce grain qui vient bloquer le mécanisme. C’est ce jeune garçon qui se voit obligé de venir travailler ou plutôt buller à la station service avec lui. Spontané, Josie cherche l’amitié du garçon, le contact, la chaleur. Mais son idiotie tendre et franche va se heurter à une société hypocrite qu’on ne voit même pas, qu’on n’entend que par des voix rapportées, mais qui guette toujours la moindre manifestation spontanée pour la détruire, jusqu’à ce qu’elle se sacrifie.
Avec Pat Shortt, Anne-Marie Duff


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Les Commentaires

6
Avatar de miss-ter
4 décembre 2008 à 15h12
miss-ter
Reika : I am Sam, j'y ai pensé bien sûr, je l'ai évoqué deux fois d'ailleurs, et ça me semble suffisant! Je pense que c'est un film larmoyant et surtout très vain, trop peu réaliste et qui se ramène avec ses gros sabots pour te donner une leçon d'amour... Il y a déjà beaucoup de films américains, déjà un film avec Sean Penn même donc quitte à choisir, j'ai préféré en garder un avec un peu plus de sensibilité!

Est-ce que vous en connaissez d'autres, sinon, à part ceux que vous avez déjà cités? Je sais qu'il y a Andreï Roublev et Nostalghia de Tarkovski mais j'les ai pas encore vus :/
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