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"Crédit photo : Vanessa Madec"
Travail

Parcours de Rockie : Élise Costa, de la pop culture aux chroniques judiciaires

Fan de pop culture et de faits divers, Élise Costa a tracé sa route d’autrice avec détermination, en apprenant à dompter son syndrome de l’imposteur. Voici comment elle est devenue une chroniqueuse judiciaire de talent à la plume sensible et au regard acéré.
Tu le sais sans doute, le 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes. Pour l’occasion, madmoiZelle a décidé de mettre en avant des héroïnes du quotidien, des jeunes femmes qui se bougent pour rendre le monde un peu meilleur, via l’opération « C’est nous le futur ».

 

Sur Rockie, on a décidé de participer en démarrant une série de portraits de femmes, des trentenaires (mais pas que) avec des parcours chouettes et des expériences à partager. Et on a décidé de commencer avec Élise Costa dont tu connais peut-être déjà la plume…

Si tu es une (ancienne) lectrice de madmoiZelle, je n’ai probablement pas besoin de te présenter Élise Costa. Depuis dix ans, elle écrit régulièrement pour le magazine. C’est elle qui est derrière les fameuses Trouvailles d’internet pour bien commencer la semaine.

À la base, son domaine de prédilection, c’est plutôt la pop culture, mais depuis quelques années, elle a opéré un virage étonnant en devenant chroniqueuse judiciaire pour le magazine Slate. Comment passe-t-on de Britney Spears aux procès de Cours d’Assises ? C’est la question à laquelle tente de répondre ce portrait.

Parler avec sérieux de sujets futiles

Née en 1982, Élise Costa a toujours aimé écrire mais elle n’imaginait pas en faire un jour son métier. Pendant ses études de droit à l’université, elle démarre un blog baptisé Elixie, qu’elle a fermé récemment. « Ai-je vraiment envie que les gens lisent ce que j’écrivais à 22 ans ? », explique-t-elle. « Il y a des trucs avec lesquels je ne suis plus en accord aujourd’hui ».

À l’époque, les blogs sont à la mode, et Élise a envie de participer à l’effervescence générale pour raconter sa vie et ses passions, mais sans objectif précis en tête. « À 20 ans, je ne me disais pas que je pourrais un jour vivre de l’écriture. Je n’ai pas fait d’école de journalisme et ce n’était pas un truc que je planifiais ».

Pourtant, son blog est assez rapidement repéré, et elle commence par écrire – de manière bénévole puis rémunérée- pour d’autres sites internet et média, avec un appétit particulier pour les sujets liés à la pop culture. « Ce que j’aime, c’est parler de sujets futiles de façon sérieuse : porter un regard universitaire sur certains épiphénomènes de société », détaille-t-elle.

Fascinée par Britney Spears

À 25 ans, elle se lance dans un projet ambitieux : écrire un livre autour de Britney Spears, une personnalité qui la fascine. « Quand tu travailles sur un manuscrit, tu as intérêt à choisir un sujet qui te plaît, parce que tu sais que tu vas y consacrer un temps fou ! Un peu comme quand tu te lances dans une thèse… »

Ce qui lui plaît chez Britney ? Son ambivalence et sa profonde gentillesse. « Au début, elle venait de Disney Channel et elle représentait la candeur absolue, à défendre la virginité avant le mariage, etc. Et puis un jour, elle pète un plomb et se rase la tête… Le monde entier assiste fasciné à sa métamorphose, et moi aussi ! Aujourd’hui, je  suis toujours très attachée à Britney, même si je n’écoute plus sa musique autant qu’avant. C’est une fille sympa qui n’a pas conscience d’être une super star. Récemment, elle a annulé sa tournée pour s’occuper de son père malade. J’en connais peu qui auraient fait la même chose. »

Ce n’est probablement pas un hasard, mais je trouve en discutant avec elle, qu’Élise dégage, elle aussi, cette même impression d’humilité et de profonde gentillesse.

Son premier livre, Comment je n’ai pas rencontré Britney Spears, sort donc en 2011 aux éditions Rue Fromentin. Il est suivi d’un second ouvrage sept ans plus tard chez un autre éditeur Armand Colin, Mystères d’écrivains : 50 Histoires secrètes et insolites,

qui compile des articles publiés chez Slate. Entre temps, Élise a une fille et décide de donner une nouvelle impulsion à son travail.

« Je voulais qu’elle soit fière de moi »

Sa grossesse et son congé maternité lui donnent en effet l’occasion de réfléchir à sa vie et au sens qu’elle veut lui donner. « Tu changes déjà tellement en tant que personne, alors pourquoi ne pas aller au bout de cette logique et démarrer un nouveau projet ? Sans ce bébé, ça aurait peut-être pris plus de temps… En fait, je crois que j’avais envie que ma fille soit fière de moi et j’avais besoin de donner un sens à mon travail, comme pas mal de personnes de ma génération ».

Les faits divers étaient déjà un domaine qui intéressait Élise à titre personnel. Livres, articles, émissions… Elle avale de nombreux contenus sur le sujet et décide de reprendre des études de criminologie pour compléter sa formation. « Je pense que j’avais besoin de me rassurer sur ma légitimité à écrire sur le sujet ».

Pendant son diplôme universitaire en criminologie, elle assiste à un procès d’assises pour assassinat et c’est la révélation. « C’est une sensation vraiment intense et particulière d’arriver le lundi matin à un premier jour de procès d’assises. J’ai une énorme décharge d’adrénaline et la sensation d’être là où je dois être ». C’est décidé, elle sera chroniqueuse judiciaire ! Ces articles sur les procès qu’elle suit sont publiés par Slate et s’intéressent surtout à la psychologie des protagonistes du crime.

La normalité du crime

« C’est important pour moi de respecter les victimes et leurs proches, qui sont des personnes, mais aussi les accusé·es. Un procès, ça sert à comprendre, pas à excuser. Pourquoi nous, en tant qu’être humains, on peut être amenés à faire des choses horribles. Je suis d’ailleurs plutôt intéressée par les gens lambda qui un jour vrillent, que par les serial killers ».

Élise n’omet pas non plus de me raconter les doutes qui lui ont traversé l’esprit quand elle s’est lancée dans cette nouvelle aventure. « J’adore ce que je fais, mais à un moment je me suis dit que je gagnais quand même ma vie en racontant le malheur des gens. Donc, je dois me poser les bonnes questions : pourquoi je fais ça ? À qui je m’adresse ? ».

L’affaire Eva Bourseau a joué un grand rôle dans le changement de carrière d’Élise. En 2015, cette jeune femme de 23 ans est tuée à Toulouse par deux étudiants brillants et gros consommateurs de drogue. En discutant avec une copine, Élise apprend qu’une des amies d’Éva est harcelée par des journalistes qui l’appellent tous les jours sur son lieu de travail.

Un nouveau podcast

« Je me dis : c’est horrible !  Être obligée de faire le deuil de ta meilleure amie sans que personne ne veuille savoir comment toi tu vas. Pour nous, personnes extérieures, c’est juste un fait divers atroce […] Pour d’autres, c’est la vraie vie qui vient d’exploser en mille morceaux. Dès lors, j’ai une obsession, retrouver l’amie d’Eva, moi je veux savoir comment elle va. […] Je laisse passer du temps, pour la retrouver et ne pas la brusquer. »

C’est cette prise de conscience qu’Élise raconte dans le premier épisode de Fenêtre sur cour. Dans ce podcast, lancé fin février avec ARTE Radio et Slate, elle relate des anecdotes sur les coulisses du métier de chroniqueuse judiciaire. C’est son dernier projet en date avec lequel elle a découvert une nouvelle manière de raconter des histoires. « L’écrit, ça va. L’oral, c’est une autre affaire. C’est une écriture que je ne connaissais pas et j’avais plein de choses à apprendre », explique-t-elle.

Au début, ses premières tentatives ne sont pas très concluantes. « Je partais d’un détail pour raconter une histoire autour de ça, mais sans parler de moi, en utilisant beaucoup de « On », et ça ne marchait pas trop. Avec le podcast, j’ai dû repasser au « Je », un mode d’écriture que j’avais un peu laissé de côté en passant aux faits divers ».

« C’est hyper reposant de vieillir ! »

Heureusement (pour ses auditeurs et auditrices), Élise a persévéré et relevé ce nouveau défi. « Je crois que quand tu vieillis, tu te débarrasses de trucs comme ton syndrome de l’imposteur. En fait, c’est hyper reposant de vieillir ! », s’amuse-t-elle.

À 36 ans, elle n’a d’ailleurs aucune nostalgie pour ses années de vingtenaire. « À 25 ans, je me cherchais beaucoup. Aujourd’hui, je me connais mieux. Je ne regrette pas la période où je faisais tout le temps la fête. Déjà parce que je peux toujours rentrer à 5h du mat avec le slip sur la tête si je veux, et en plus parce que j’ai envie de faire d’autres trucs maintenant ».

Entendre Élise me répéter qu’on n’est jamais trop vieille ou trop vieux pour se lancer dans un projet qui nous attire (au hasard : apprendre la guitare) m’a mis du baume au cœur. Tout comme son chouette discours sur la maternité.

« Pendant la grossesse, tout le monde te dit que tu vas perdre en liberté, que ta vie est finie, etc. Et oui, bien sûr, ta vie change mais c’est toujours ta vie, avec un chouette bonus dedans. Il y a certainement des choses que je ne peux plus faire maintenant, genre partir au bout du monde sur un coup de tête, mais soyons honnêtes, avant je ne le faisais pas non plus… »

La maternité n’empêche en tout cas certainement pas Élise de partir suivre des procès un peu partout en France, ni de se lancer dans des nouveaux projets. Un podcast donc, mais peut-être aussi bientôt une rubrique sur Rockie…

Tu as aimé le portrait d’Élise Costa ? Tu partages son amour pour Britney Spears ? À moins que tu n’aies d’autres noms à nous suggérer pour de futurs articles sur des parcours de Rockie ? Rendez-vous dans les commentaires !

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