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Culture

Le Cercle, des super-héros atypiques pour un comics pas comme les autres

Le Cercle, un comics français de toute beauté, met en scène des super-héros plus proches de vous et moi que d’Iron Man. Elsa a pu interviewer la scénariste !

La collection Comics Fabrics chez Delcourt est toute jeune, mais promet le meilleur pour l’avenir. Au sein de la collection, on retrouvera des titres comics… mais français, pour une fois ! C’est déjà chez elle qu’est paru le très bon Bad Ass, et cette fois-ci, je vais vous parler de l’excellent Le Cercle. Pour l’un comme pour l’autre, si j’avais lu le titre sans savoir qu’ils étaient « Made in France », je ne l’aurai jamais imaginé. Les auteurs ont su véritablement s’imprégner de tous les codes du comics US, dans la narration, les mises en scènes, le graphisme, les couleurs… et proposent des œuvres qui se fondent complètement dans cet univers, sans jamais avoir l’air d’une simple copie. Bien au contraire, ces titres sont très très bons, beaux et plaisants à lire.

Le Cercle, c’est l’histoire d’un petit groupes d’individus qui ont pour point commun le fait d’avoir un pouvoir, même s’il est différent pour chacun. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ils n’ont aucune envie d’enfiler un collant et de sauver le monde. Ils aspirent juste à une vie normale. Ils n’ont pas créé le Cercle comme une ligue de super-héros, mais plutôt comme un petit club amical, histoire de se sentir moins seuls.

Seulement aujourd’hui l’un d’entre eux est mort, d’une balle dans la tête. Ça ressemble à un suicide mais quelque chose cloche. Pia, une des membres du Cercle, ne croit pas une seconde qu’Adam ait mis fin à ses jours, et va convaincre ses amis de mettre leurs pouvoirs à contribution pour découvrir la vérité. De son côté, Mary, une inspectrice un peu plus méthodique que les autres, ne croit pas non plus à la thèse du suicide… et décide de mener l’enquête à sa façon.

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Le Cercle est un comics au scénario aussi original que surprenant. Les personnages subissent leurs pouvoirs plus qu’ils n’en profitent. Certains tentent assez vainement de les ignorer, d’autres de les domestiquer comme ils peuvent. Il y a beaucoup de sensibilité dans cette histoire, beaucoup d’humanité. Sur fond d’enquête policière, on découvre ce groupe d’amis, et on se plonge avec beaucoup de plaisir dans leurs histoires. Le dessin de Nesskain est beau, fin, et frais. Il y a beaucoup de douceur dans ses visages. Sa colorisation donne une atmosphère apaisante, calme, mais il laisse une large place au noir, à l’ombre, nous laissant pressentir que le danger rôde… C’est vraiment un très joli titre.

Andoryss, scénariste du Cercle – L’interview

J’ai pu poser quelques questions à Andoryss, la scénariste, qui en dit plus sur sa jolie série.

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Bonjour, pouvez-vous vous présenter, nous raconter un peu votre parcours ?

Bonjour ! Je suis Andoryss, la scénariste de la série Le Cercle qui est sorti chez Delcourt dans le label Comics Fabric en avril de cette année. Dans la vraie vie, je suis une jeune femme de 31 ans qui adore raconter des histoires et qui a le bonheur de le faire pour Delcourt depuis 2008. Et dans une vie parallèle, je suis enseignante en SVT dans un collège de Seine-et-Marne.

Mon parcours est un peu atypique : j’ai fait des études de biologie à La Rochelle puis à Nantes avant de passer le concours d’enseignant que j’ai obtenu il y a maintenant un peu plus de 7 ans. Une fois bien installée dans mon costume de prof, j’ai recommencé à écrire, parce que c’était une envie qui ne m’avait jamais quittée et que j’avais enfin le temps et la tranquillité d’esprit pour le faire. Un dessinateur (Marc Yang, Les Enfants d’Evernight, Delcourt) a craqué sur un de mes projets, mais pour le transformer en bande dessinée. Je n’avais jamais travaillé en scénario, j’ai donc un peu tâtonné, mais au bout d’un moment, nous avons présenté les planches sur le forum du Café Salé, et l’accueil très positif m’a rassurée. Toujours par le biais du forum nous avons alors été contacté par David Chauvel (éditeur chez Delcourt) que notre projet intéressait. Six mois plus tard, je signais Les Enfants d’Evernight pour Delcourt.

Comment résumeriez-vous Le Cercle ?

Le Cercle, j’ai coutume de l’appeler « mon anti-Watchmen », mais en toute humilité et sans une seule seconde me mettre sur le même rang qu’Alan Moore ! Je suis une très grande fan de son travail et c’est une référence pour moi. J’admire beaucoup son oeuvre.

C’est juste que dans Watchmen, des gens normaux s’entraînent très dur pour devenir des supers-héros. Le Cercle, c’est l’inverse : des gens avec des pouvoirs, qui ne se sentent pas super-héros du tout, ni capable de sauver le monde avec leurs capacités. Ils sont hésitants, faillibles, dissimulent parfois leur pouvoirs, les vivent plus ou moins bien… Ce sont des gens avec des supers pouvoirs qui essaient d’avoir une vie normale et qui, comme tout un chacun, hésitent, se trompent, ont parfois des regrets, et ne se sentent pas investis du destin de la planète.

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Comment est née l’idée de cette série ?

L’idée de cette série est partie de l’un de ses personnages, en l’occurrence de Nicolas. J’imaginais une personne marchant dans la rue et percevant les « vraies couleurs » de la réalité. De là, je me suis intéressée à quelqu’un doté de cette capacité, qui verrait le monde différemment des autres en permanence, à ce qu’il pourrait vivre et de ce qu’il pourrait ressentir au quotidien. Peu à peu, d’autres personnages se sont ajoutés pour compléter la trame, et tous se serraient les coudes. Ils étaient anormaux, différents, dotés de pouvoirs susceptibles de les faire passer pour fous, mais ils n’étaient pas seuls et se serraient les coudes. C’est ainsi qu’est né Le Cercle

.

L’histoire se concentre sur plusieurs personnages, les aviez-vous imaginés en amont de l’écriture du scénario, ou cela s’est-il fait au fur et à mesure ?

Un peu des deux. Nicolas a provoqué la naissance du projet, et ses compagnons se sont ajoutés petit à petit autour de lui, mais le personnage de Lorelei était préexistant et a investi l’univers des autres. Les personnages ont beaucoup évolué en cours de route, aussi. D’une manière générale, je préfère traiter d’un groupe que d’une personne seule : je n’aime pas avoir un héros, parce que je crois moyennement à l’héroïsme individuel, alors que j’ai une foi inébranlable en la force du groupe. Je crois qu’on ne donne le meilleur de soi que quand on est accompagnés, soudés, et que l’on sait pouvoir compter sur les autres. On donne souvent plus pour ceux qui nous sont proches, alors la dynamique de groupe au sein de cette BD s’est imposée comme une évidence.

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Comment vous êtes-vous rencontrés avec Nesskain et comment s’est déroulé votre travail ensemble ?

Nesskain m’a été présenté par David Chauvel. Il m’a demandé si je pensais à un scénario pour lui. J’ai regardé les dessins de Nesskain, je me suis imprégnée de son trait, de ses univers, et j’ai réfléchi à ce que je pouvais lui proposer avant de créer le dossier du Cercle. Le concept lui ayant plus, je me suis lancée.

La collaboration s’est très bien passée ! Nesskain est extraordinaire, son rythme de travail était tel que j’étais souvent en retard et qu’il a été contraint d’attendre la suite du scénario à plusieurs reprises ! C’était la première fois que ça m’arrivait. Au départ, je m’inquiétais de la façon dont on allait réussir à rendre visuels les pouvoirs des différents protagonistes, mais très rapidement, il est devenu évident que Nesskain avait parfaitement compris et s’était approprié leurs dons pour mieux les restituer sous forme de dessin. J’ai été bluffée par la façon dont il a géré le rendu de ces pouvoirs et de ce que ça donnait sur les pages. Finalement, ça a été une expérience merveilleuse où je voyais tout l’univers et tous les ressentis des personnages prendre forme pratiquement dès l’instant où je les imaginais. Nesskain est pour ainsi dire rentré dans ma tête, mais pas seulement, parce que sa vision très personnelle des pouvoirs des héros a donné plus de corps, plus de profondeur à tout ce que le texte que j’écrivais aurait jamais pu exprimer. En cela, cette collaboration a été un bonheur intense.

Qu’est ce qui vous a donné envie d’aborder l’idée de personnages avec des pouvoirs, mais sans le côté super-héros ?

Dans le film Spider-Man, il y avait cette phrase qui appelait à de grandes responsabilités pour de grands pouvoirs. Mais ne peut-on être faillibles ? N’y a-t-il pas des moments de doutes, d’échecs, ou plus simplement des moments où on veut avoir la paix ? Mes personnages sont justes humains. Ils comprennent bien qu’ils sont différents des autres, mais de là à se rajouter des responsabilités… Leurs capacités hors normes sont parfois si difficiles à vivre qu’ils préfèrent largement rester dans l’ombre et vivre le plus normalement possible, sans se placer dans l’action au risque de se planter et de devoir en assumer les conséquences. Comme dans la vraie vie, c’est à chaque instant qu’on choisit d’agir ou non dans la limite de ce qu’on est capable de faire. Et comme dans la vraie vie, les hésitations sont nombreuses. Je me suis mise à la place de mes personnages, j’ai pensé à leur enfance, quand ils se sentaient différents et seuls au monde, puis aux blessures que ça avait dû créer chez eux… Ces failles ne leur ont pas vraiment permis de se sentir exceptionnels, mais les ont plutôt rendus fragiles. J’avais envie de raconter leur courage et un peu de cette fragilité au milieu de leur quotidien qui aurait dû être extraordinaire.

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Qu’est ce qui vous a influencée pour cette série ?

Plein de choses! Watchmen, bien entendu, mais aussi les séries américaines comme Cold CaseLes Experts ou Esprits criminels. Il y a aussi tout un tas d’autres références qui ont imprégné ce monde, à commencer par des ambiances musicales, comme le True Colors de Cindy Lauper qui est même cité dans ce volume 1. Je voulais une ambiance sombre, de polar, et en même temps quelque chose d’intimiste. J’ai fusionné tout un tas d’idées et surtout tout un tas d’ambiances jusqu’à obtenir cette ville poussiéreuse et les personnages qui la hantent.

Quel est votre comics préféré ?

La question est difficile ! Je vais en citer deux ou trois pour ne pas faire de jaloux. Dans le désordre : Sandman de Neil Gaiman, et les Watchmen et V for Vendetta de Moore. Impossible de les départager, et j’en aurais bien trois ou quatre autres dans le cœur qui mériteraient d’être cités ! Mais ces trois-là tiennent vraiment une place particulière.

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Un grand merci à Andoryss pour ses réponses.

– Le Cercle, tome 1 : Your True Colors sur Amazon et chez votre libraire préféré.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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