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Junebug

HARMOUR LOVE

Junebug est une confrontation. C’est tout le propos de ce premier film saisissant de Phil Morrison que de confronter ses personnages les uns aux autres, ses mondes les uns aux autres. La scène d’ouverture, avant ce générique si délicieux qu’il est parmi les plus réussis qu’on a vu ces dernières années au cinéma, est une scène de rencontre entre deux personnages. Ce ne sont pas les protagonistes, ce sont deux protagonistes parmi tous ceux de Junebug.

Il y a d’abord ces deux là, Madeleine et George. Ce sont des jeunes gens de la ville, riches et cultivés. Madeleine travaille dans une galerie d’art qui ne recrute que des artistes attardés et c’est à une vente qu’elle rencontre George. Le temps se suspend une seconde : il y a un regard partagé ; quelques mots échangés ; l’amour. Ces deux personnages qu’il n’est pas la peine de présenter se retrouvent dans ce délicieux générique dans un face à face qui marque les premiers pas de l’amour sur une jolie musique, « Harmour Love » de Syreeta.

“WHERE DO YOU COME FROM ?”

L’idée de Junebug est de confronter deux mondes : celui de la ville, celui de Madeleine et George qui fait parfois rire par son affectation ; et celui d’un petit village de Caroline du Nord : le village natal de George. Madeleine pour sa galerie décide de se rendre dans cet état pour signer un contrat avec un peintre ; les deux amants, récemment mariés, profitent de ce prétexte pour passer quelques jours dans la famille de George.

Le film n’est pas un retour aux sources, c’est une découverte : découverte, pour chaque personnage, d’un nouveau monde. Madeleine tombe sur ce qu’elle n’avait pas eu le temps d’apprendre de son mari, la famille de celui-ci la découvre, avec plus ou moins d’enthousiasme. Chacun passe à sa façon au-dessus de ce qu’ils n’ont pas en commun : par les liens du sang ou par amour.

Mais l’incompréhension, la difficulté à communiquer demeure. Tel est le propos de Junebug quand il confronte les mondes : ouvrir un espace où faire circuler la nouveauté, où jouer avec elle, où poser les uns à côté des autres des personnages étrangers. Jouer à ce jeu : celui de voir ce qui se passe.

JUNEBUG

Les personnages portent tous avec eux cet élan de liberté qui fait de Junebug un bon film. Il y a George, qui sans honte se montre à sa femme comme elle ne le connaissait pas, qui est tendre envers sa famille mais content de la quitter ; sans que jamais ce soit contradictoire. Madeleine, l’intello de la ville, qui accueille autant que possible sa nouvelle famille simple voire rustre. Le père et la mère sont différents, ils parlent peu mais sont directs. Leur deuxième fils, Johnny, ne dit pas un mot, plein de rancœur d’être le fils resté au village ; tandis que sa petite amie enceinte, Ashley, est si enthousiaste qu’elle ne cesse jamais de parler.

Et entre eux la vie circule, fait son chemin. L’amour se montre et se cache, les sentiments s’exposent en silence ou dans les cris. Des dynamiques se créent, d’un personnage à l’autre, d’une relation à l’autre, selon la façon qu’a chacun d’accueillir Madeleine ou de se sentir chez soi dans cette petite maison de Caroline du Nord. Au film du fil, les trajectoires se dessinent, les sentiments et les personnages changent.

Ils sont dans une maison où on entend tout, où quand un soir deux personnages sont réveillés les plans s’enchaînent sur les visages de ceux qui écoutent, de ceux qui restent, comme quand Madeleine et George font l’amour dans la nuit et retiennent leurs cris dans le silence de la maison. Phil Morrison en filme les pièces vide et les plans se succèdent ; ces mêmes lieux qui plus tard seront peuplés d’amour et d’hostilité.

Il y a des moments amusants, qui font rire, surtout grâce au personnage d’Ashley. Il y a aussi des moments durs et difficiles, des moments qu’il faut littéralement encaisser. Il y a cette scène dans laquelle Johnny cherche à tout prix à enregistrer une émission pour Ashley car il sait qu’elle lui plaira ; mais quand elle l’entend s’énerver contre le magnétoscope et le rejoint, ils se battent presque. Il y a ce montage parallèle, la nuit, lorsque Madeleine et Johnny sont seuls dans la cuisine et Ashley est en haut dans son lit et se masturbe en pensant à son amour pour Johnny, à l’époque où tout allait bien avec lui, en les écoutant parler en bas. Il y a le drame de l’hôpital ; et bien d’autres situations plus banales mais tout aussi frappantes.

Junebug est beau pour ces moments au-delà du temps, au-delà du sentiment, ces moments si touchants qu’ils nous font rire ou pleurer. Ce sont des instants, des plans, des scènes ou des situations qui nous transportent avec les personnages dans une autre dimension du monde, dans un autre monde. Où les choses sont douloureuses, où elles sont belles aussi. La confrontation s’est réalisée. Junebug s’est déployé comme une aire de jeu et chaque personnage a joué : avec son amour, avec son orgueil, avec son ressentiment et sa frustration. Les dynamiques ont stagné ou évolué. Entre chacun, chaque fois, ont circulé tension et intérêt, amour et liberté. Liberté, surtout : cet élan en avant qui est la marque des meilleurs films. Ceux qui sont si terre à terre mais se déploient au-delà du monde dans la dimension la plus humaine qui soit.


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Les Commentaires

1
Avatar de luc[i]ole
10 décembre 2008 à 21h12
luc[i]ole
j'avais vu ce film au festival de Cannes en 2006 dans une toute petite salle de conférence d'un hotel, c'est vraiment un film qui reste à l'ésprit, et on se rend compte que Ben Mckenzie (vu dans Newport Beach), est vraiment un bon acteur, loin d'être le beau gosse qui à la côte dans ce film. c'est une histoire qui fait du bien.
il était temps que ce film sorte en salles!!
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