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Culture

Interview de Chad Valley, artiste électro-pop

En Décembre dernier, Chad Valley a sorti son premier EP, teinté d’une électro-pop indie rafraichissante. Interview dans les backstages du Point Éphémère à Paris.

Dans la vraie vie, Chad Valley s’appelle Hugo Manuel. Mais il trouve que « Chad », c’est plus cool. Appelons-le donc Chad. Chad vient d’Oxford. C’est de cette ville anglo-saxonne où il n’y a pas grand chose (c’est lui qui le dit) à part l’université la plus vieille du pays que ce bonhomme aussi roux que sympathique distille ses sons electro pop et indie.

Je l’ai rencontré il y a quelques mois dans les backstages du Point Éphémère, à l’étage, là où avoir de la lumière est tellement aléatoire qu’encore un peu et on se croirait sous un stroboscope. Chad était avec sa petite amie, et c’est une des interviews les plus mignonnes du monde parce qu’ils ne se sont pas lâchés la main de la rencontre et qu’après notre échange, Chad m’a demandé de lui faire une liste de resto et de friperies cool à Paris – pour qu’il emmène sa meuf (TELLEMENT CUTE). Allez, Rencontre avec Chad.

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Une photo de Chad un peu gêné par les rires de sa copine à côté

C’est en googlisant ton nom pour la 1ère fois que j’ai appris que Chad Valley est aussi le nom d’une chaîne de magasins de jouets en Angleterre.

Oui, exactement. Mais pour tout te dire, cette marque n’est pas si connue que ça. En tout cas, ce n’est pas de ça que je me suis inspiré. À la base, j’aimais bien les deux mots « Chad » et « Valley ». Je trouve qu’ils sonnent bien. Dans mon imaginaire, ils renvoient à une longue plage de sable et à des mecs cool qui s’appelleraient tous Chad et feraient du surf. Chad, c’est un prénom de chic type, non ? J’aurais adoré m’appeler Chad.

À qui le dis-tu : j’ai un jour été amoureuse de Chad Michael Murray. Mais t’inquiètes pas. Hugo Manuel, c’est cool aussi.

T’es sympa avec moi.

Les magazines adorent dire que ta musique est difficile à décrire et qu’elle a « quelque chose d’insaisissable » . À t’écouter, on devine tout de même que tu aimes les samples de funk et les claviers.

C’est vrai, je travaille énormément à base de samples. Je trouve ça ludique : j’aime bien jouer avec, les transformer, les rendre méconnaissables. Je fais tout ça comme un gosse, depuis ma chambre. Je n’ai pas de putain de studio.

On demande jamais aux artistes ce qu’ils pensent des adjectifs qualificatifs que la presse utilise pour décrire leurs musiques. « Mélancolique », « sensuel », « poétique » ; ça te va ?

Mélancolique, ça me plaît énormément. Je ne suis jamais particulièrement mélancolique quand je compose. Mais si c’est le résultat que ça donne, c’est cool. Et « sensuel »…

(il regarde sa copine, elle éclate de rire)

… ouais, sensuel, ça tue.

(je m’adresse à sa copine) Oublie une seconde que l’on parle de la musique que fait ton mec : tu penses quoi de ses morceaux ?

C’est chouette que tu me poses la question, parce que ce matin justement, j’écoutais ça au casque, et je me suis surprise à vachement penser à mon grand-père. Ça m’a fait une boule dans l’estomac, ça m’a vraiment touchée.

(on revient vers Chad) Tu es pote avec les Foals.

Oui, on est copains depuis super longtemps. On vient tous de Oxford, et comme tu le sais peut-être, Oxford n’est pas une ville super grande. Alors tout le monde se croise, tout le monde connecte. Donc ouais, j’ai grandi avec ces mecs. Je les ai vu évoluer et passer des petites soirées à Oxford où ils jouaient à cet énorme phénomène qu’ils sont aujourd’hui. C’est drôle.

RoveDogs, Collateral et Panteros666 ont tous fait un remix de ton morceau « Up & Down ». Vu que le dernier cité est un copain à moi, je serais curieuse de savoir ce que tu as pensé de son remix.

Je l’adore. Il m’a vraiment surpris. Bien sûr, les autres sont cool aussi, mais celui de Panteros666 est de loin celui qui m’a le plus mis sur le cul. Il a vraiment pondu un truc complètement différent de mon morceau original. Il a réussi le challenge du remix : recréer un morceau inattendu et étonnant à partir d’un premier. Ça me plaît.

Je lui répéterai.

Ouais s’il-te-plaît, dis lui. Fully approved. Thumbs up. Ce genre de trucs.

Tu es anglais. Que penses-tu de tes confrères américains – je fais référence à Million Young, Washed Out, Memory Tapes et Neon Indian ?

J’aime beaucoup ce que tous ceux que tu viens de citer font. Million Young, je connais un peu moins, mais Washed Out, je suis fan. Ceci dit, quand vient le moment de composer, je me force à ne plus rien écouter. Quand je crée, je cherche à me délivrer de cette envie de me tenir au courant de ce qui se fait en ce moment. J’ai trop peur que ça me fasse perdre de vue ce que j’avais initialement prévu de faire, en fait.

Est-ce que tu as l’impression que vous appartenez tous à la même famille ? Cette fameuse famille que l’on décrit comme indie / pop / électronique ?

En un sens, oui, parce quand j’écoute ces artistes, je suis toujours frappé par ce répertoire de références qu’ils utilisent – j’ai l’impression qu’on partage le même. On est touchés par les mêmes choses, ça s’entend. Ceci dit, en pratique, je les ai jamais rencontrés, je ne suis jamais entré en contact avec eux. On ne se connaît pas, quoi. Mais je respecte à fond ce qu’ils font. C’est drôle, cette énorme différence qu’il y a dans ma vie entre ces gens « quelque part sur terre » dont je me sens musicalement hyper proche, et mes potes, ceux avec qui j’ai grandi à Oxford par exemple, que je côtoie tous les jours et qui font de la musique tellement différente de la mienne.

En parlant de tes copains : vous avez un collectif qui s’appelle Blessing Force – peux tu nous en parler ?

À l’époque où tout a commencé, il se passait vraiment pas grand chose dans notre bled pourri à Oxford. Quelques potes et moi, on a commencé à faire du son au même moment, genre pour tuer le temps. Peu à peu, on s’est mis à organiser des house parties et des vernissages. Les gens à Oxford ont tendance à se dire que ça ne sert à rien de s’investir dans sa ville, puisque Londres et son offre culturelle dingue sont à seulement 1h. Nous, on n’a jamais été de cet avis-là. On voulait vraiment faire quelque chose d’Oxford. Alors on organisait nos événements. Et puis un jour, on a réalisé qu’on était progressivement et de fait, devenu un collectif. Alors, tout en gardant nos identités propres, on a choisi de se donner un nom : Blessing Force. Et puis du coup, c’était aussi plus facile pour les gens de nous désigner.

Qu’est-ce qui t’émeut et t’inspire, quand tu fais du son ?

Je n’ai que 2 mots : Funk et Disco. Je passe mon temps à écouter de la musique du début des années 80. C’est marrant de se dire qu’à l’époque, c’était vraiment des genre musicaux uncool, alors qu’aujourd’hui c’est hyper trendy. Les gens dans les années 80 parlaient plutôt de house, de punk et de hardcore. Pas de ces groupes disco pas à la mode. Ouais, je suis fan d’histoire de la musique, ça me passionne littéralement.  Sinon, je suis un fétichiste des sons. J’aime les détails. Quand un son me plaît, aussi brut soit-il, j’adore l’étendre, le transformer, en faire un truc nouveau. Y’a des gens qu’une balade au parc va inspirer. Moi c’est la musique qui me fait respirer.

Tiens, je pense que tu es le genre de personne bien placée pour me définir le mot Chillwave (ndrl : ce terme fait débat).

Je n’arrive jamais à mettre les musiques dans des cases. À part la dance music, que j’écoutais beaucoup, donc j’arrive bien à la définir. Pour moi, la Chillwave, c’est d’abord un truc très visuel, très esthétique. C’est un style, une même imagerie commune. Mais les gens ne se sont mis à employer ce mot que récemment, alors c’est encore dur d’avoir du recul.

On va terminer avec des petites questions pour mieux te connaître et te donner l’occasion de montrer que tu es un chic type.

Ahah cool, ça me plaît bien.

Ta playlist iTunes ?

Queen, Prince, les premiers albums de Madonna, et mes potes de Oxford

Tes fringues préférées ?

Ma veste en jean, celle que je porte en ce moment-même. En fait, je la porte tout le temps, même là alors qu’il fait super froid et que sérieusement, je ferais mieux de porter un truc plus épais. Mais que veux-tu. Je l’ai depuis 3 ans, j’arrive pas à la quitter. Et pour l’histoire, je l’ai acheté 2 pounds dans un charity shop. J’adore les charity shops. J’y vais tous les jours. À Oxford, y’a un quartier où tu en trouves 7 par rue. Ils organisent leurs rayons par couleurs, ça m’a toujours fait marrer. Si tu veux un truc orange, peu importe quoi, tous les trucs oranges seront rangés ensemble, et ainsi de suite pour chaque couleur. Tu peux aussi trouver des vynils cool et des cendriers chelou. Ah, et en général, j’aime bien avoir des Nike aux pieds.

Ton plat préféré ?

Haggis. C’est un plat écossais. Une espèce d’énorme saucisse bien fat remplie de trucs étranges.

(« Un truc absolument dégueulasse », commente la copine de Chad)

Coucou, je suis du haggis, c'est-à-dire une panse de brebis

Coucou, je suis du haggis, c'est-à-dire une panse de brebis farcie !

Moi j’aime bien. Tu manges ça avec des pommes de terre. Ça défonce.

Ton insulte préférée ?

« TWAT » ! Sérieusement, ça sonne tellement bien que c’est toujours trop jouissif de le dire. Je te conseille de le garder en tête.

OK, je m’arrangerai pour pouvoir le dire à quelqu’un la prochaine fois que j’irai en Angleterre.

Fais gaffe, dis le vraiment si la personne le mérite. C’est assez violent.

Image 2

D’accord.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

2
Avatar de Regan.
16 février 2011 à 16h02
Regan.
Je me rappelle avoir loupé ce concert, j'ai toujours les boules...^^'

Chouette interview! Il a l'air vraiment sympa!

0
Voir les 2 commentaires

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