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Travail

Être hôtesse d’accueil en entreprise, un job pépère… sauf pour mon féminisme

Comme premier job d’été, Manu a choisi d’être hôtesse d’accueil en entreprise, une expérience qui a forgé son féminisme.

Ah les études, ce moment béni où tu apprends des choses, où tu travailles également beaucoup tout en tirant le diable par la queue…

J’étais relativement bien lotie car je vivais chez mon papa, j’avais une bourse sur critères sociaux du CROUS et un baby-sitting régulier.

Je pouvais donc m’occuper de mes dépenses perso sans jamais demander de sous mais arrivée au mois de juin, j’ai compris que je n’aurais pas d’argent le mois suivant et qu’il me fallait trouver un job d’été !

Je vais donc te raconter comment s’est passée ma première expérience en tant qu’hôtesse d’accueil.

Pourquoi j’ai choisi d’être hôtesse d’accueil en entreprise ?

Lors de mes premières vacances d’été en fac de lettres, j’étais prête à prendre n’importe quel job.

Je n’avais aucune autre ambition que de gagner de l’argent pour pouvoir sortir avec mes potes et payer ma facture de téléphone portable.

J’ai donc commencé à regarder sur des sites de jobs d’été mais je tombais surtout sur des annonces pour aller cueillir des fruits ou faire la saison dans la Sud…

Que des activités qui impliquaient de partir loin de chez moi et cohabiter avec des inconnus. L’enfer pour moi !

En cherchant un peu plus, je suis tombée sur des annonce pour devenir hôtesse d’accueil en entreprise.

Je ne connaissais pas bien le métier mais ça me paraissait quand même hyper-basique : rester assise à renseigner les gens, réceptionner le courrier, sourire et répondre au tel.

Ouais, des trucs que je faisais déjà dans ma propre vie et qui ne requéraient pas de skills particuliers.

Comment je suis devenue hôtesse d’accueil en entreprise

L’été, c’est la galère pour les agences d’hôtesses qui doivent remplacer le personnel qui part en vacances ou les personnes qui vont reprendre leurs études à la rentrée.

C’est pourquoi ma candidature peu soignée constituée d’un CV basique réalisé sur Word, dans lequel j’insistais néanmoins sur mon polyglottisme, et ma lettre de motivation des plus nazes standards, est passée crème.

J’ai eu un entretien téléphonique de 5 minutes avec une agence, après quoi un rendez-vous individuel a été fixé pour le lendemain avec une des chargées de site.

Les chargés de site, ce sont les personnes qui gèrent plusieurs entreprises et leurs besoins en hôtesses ou hôtes.

J’ai appris par la suite qu’un entretien individuel veut dire que l’agence a un poste à pourvoir au plus vite et que tu es pré-sélectionnée. Sinon tu te tapes des sessions de recrutement avec 5 à 10 autres personnes.

Sur les conseils d’Internet, je me suis attifée d’un pantalon noir, d’une paire d’escarpins à talons, d’un chemisier et d’un blazer, l’uniforme de prédilection de l’hôtesse d’accueil.

Et j’ai glissé la paire de ballerines qui va bien dans mon sac parce que mettre des escarpins dans le métro à Paris, c’est une mission kamikaze…

Je suis arrivée à mon entretien stressée, car en sueur à cause du blazer et irritée par le fait d’être la seule bouffonne de Paris habillée comme un pingouin sous 30°C.

A suivi un entretien basique. Ouais, c’est un mot qui va revenir souvent, parce que ce n’est pas vraiment une profession où la singularité est valorisée.

Mais j’ai eu le job, yes !

Mon quotidien d’hôtesse d’accueil en entreprise

Mon agence m’a placée dans une école d’ingénieurs réputée, enfin dans l’annexe de cette école, où il n’y avait rien à faire d’autre que se faire chier comme un rat mort ou papoter avec les ingénieurs thésards.

J’ai eu droit à une formation de 2 jours entiers dispensée par ma collègue Élodie.

Elle m’a détaillé les tâches quotidiennes à effectuer, expliqué comment me servir du standard et m’a remis la Bible de toute hôtesse d’accueil en entreprise : le book de procédure.

Ce book contient le règlement de l’agence, avec tout plein de consignes notamment sur la façon de s’habiller, se maquiller, se tenir ainsi que des phrases d’accueil prêtes à l’emploi.

Je devais faire ma prise de poste, c’est-à-dire appeler un numéro à mon arrivé le matin pour dire « Coucou je suis là ! ». Et attention hein, si tu n’appelles pas ce numéro, c’est le numéro qui t’appelle.

Ensuite, je saluais les collaborateurs

(les gens qui travaillent là) et les étudiants en thèse qui défilaient.

Le reste de ma journée consistait en un ballet de tâches :

  • Attendre le facteur qui apporte le courrier à 9h et dispatcher selon les différents services de l’entreprise
  • Attendre le mec qui s’occupe des distributeurs et papoter un peu avec lui
  • Gérer l’interphone du parking
  • Rediriger les gens qui appellent à l’annexe en pensant être au bâtiment principal

Et… c’est tout. C’est pas hyper folichon je sais.

D’ailleurs je ne sais pas s’il n’y a que moi, mais je ne me suis jamais dit qu’un job d’été pouvait me servir à acquérir de l’expérience pour le métier que je voulais vraiment faire…

Hôtesse d’accueil en entreprise

Des avantages…

Je travaillais de 8h à 13h30, 5 jours par semaine. J’avais donc mes après-midi libres pour voir mes potes (ceux qui ne travaillaient pas) ou me promener ou rentrer mater toutes les saisons de Teen Wolf, pépère chez moi.

Les tâches étaient très simples et me laissaient pas mal de temps libre pour réviser en vue des rattrapages ou faire de la paperasse administrative.

Je me suis même fait des potes car le manque d’appel au standard et de visiteurs externes me laissait tout loisir d’aller papoter dans les bureaux !

Je retrouvais certains ingénieurs le soir pour aller boire un verre de grenadine. Le jeune homme qui est devenu mon meilleur ami m’apportait même des tartines de Nutella le matin.

Bon j’aime pas le Nutella mais je ne saurais résister à quelqu’un qui me nourrit.

Certaines de mes copines avaient peur de postuler à cause du niveau d’anglais demandé mais j’ai très peu parlé anglais. Mon espagnol et mon allemand ne m’ont jamais servi à rien, à part à me la péter un peu !

Et surtout je reste persuadée que ça m’a beaucoup appris dans mes relations avec les gens. Je rencontrais beaucoup de personnalités différentes et j’ai appris à m’adapter sans renier qui je suis.

Pourtant ça n’a pas été de tout repos non plus et c’est une des expériences qui ont forgé mon féminisme.

…Et des inconvénients

Le truc le plus chiant est la surveillance constante et la pression exercée par les personnes en charge du planning qui gèrent l’emploi du temps de toutes les hôtesses et de tous les hôtes.

J’appelais un numéro le matin pour confirmer ma présence, des contrôles surprise étaient effectués et être malade était considéré comme un cataclysme.

J’ai une petite anecdote pour t’éclairer à ce sujet…

Le règlement spécifiait qu’en cas de maladie, les hôtesses qui travaillaient le matin devaient appeler une permanence téléphonique et laisser un message vocal avant 6h30 du matin.

J’ai eu le malheur d’être malade et de laisser un message à 4h30 du matin avant de me rendormir.

À mon réveil, à 8h30, j’ai découvert 5 appels en absence et autant de messages vocaux.

Ma chargée de site m’a rappelée pour me pourrir et me dire (armée de toute la mauvaise foi de Donald Trump) que personne n’avait consulté la permanence téléphonique et que j’aurais dû l’appeler directement sur son portable.

Ben bien sûr, fuck le règlement, I guess.

T’es sérieuse toi ?

C’est également une profession sexiste à bien des égards et qui souffre encore d’idées reçues sur les secrétaires, les assistantes, etc.

Pas celles de la vraie vie, trop peu reconnues pour le travail qu’elles abattent, mais celles des séries à la con des années 80 avec leurs brushings défiant la gravité.

Tout d’abord, l’apparence et le comportement de l’hôtesse d’accueil en entreprise sont beaucoup plus restreints que ceux des hôtes par le règlement.

Le port des talons, le maquillage, les vernis, la coiffure… Tout est scruté et commenté.

Ensuite, je n’étais pas traitée comme une égale par la plupart des personnes avec lesquelles j’interagissais.

Les collaborateurs me sollicitaient peu mais mes rapports avec les visiteurs me mettaient souvent mal à l’aise. Certains faisaient mine de confondre mon sourire poli avec une invitation à… À quoi, d’ailleurs ?

Je ne pouvais pas partir et j’avais peur d’être impolie donc, je souriais, gênée.

Un ou deux mecs lourds m’ont tellement gavée que j’ai dû faire intervenir mon collègue de la sécurité, et ça a culminé lorsque le mec des distributeurs a essayé de m’embrasser dans une cage d’escalier.

Ce job serait à refaire, je le referais car j’ai beaucoup appris et je me suis fait des potes avec lesquels j’ai vécu plein d’aventures. En revanche, avec mon caractère actuel, je ne tiendrais pas aussi longtemps.

Par exemple, le mec des distrib’ il se prendrait peut-être un coup sec dans la trachée car le harcèlement sexuel au travail c’est toujours non !

Ma première expérience n’est pas représentative de tout le métier, et si tu veux t’y essayer pour quelques semaines rien ne t’en empêche.

Cependant, je te conseille tout de même de te renseigner sur l’agence qui va t’employer et sur l’entreprise dans laquelle tu vas exercer pour que ça reste un job d’été cool.

C’est ce que j’ai fait les années suivantes et j’en garde d’excellents souvenirs !

À lire aussi : Comment trouver un job d’été (même si je n’ai aucune expérience) ?


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Les Commentaires

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Avatar de sarahadunez
30 avril 2019 à 12h04
sarahadunez
4 ans hotesse - réceptionniste- standardiste (meuf à tout faire) au siège de maisons de couture parisiennes puis en cabinet d'avocats...le milieu du luxe nécessite clairement un graaaand sens de la discrétion, de l'efficacité et une forme d'abnégation. Selon le site, ça à été soit un peu difficile à supporter, soit un enfer.
Les critères physiques stricts,c'est vrai. le maquillage obligatoire, mais sur tes propres deniers, scruté par la responsable de site, aussi. Tu es malade mais tu viens? Arrange donc cette mine affreuse. Tu ne viens pas? Pas de prime de présence. Ton train à été retardé et tu arrives avec plus de 3 mn de retard ? Rappel à l'ordre et ta prime de ponctualité saute, même avec justif. On te rappelle constamment de rester à ta place et de ne pas être familière avec les employés car tu es prestataire, mais sois trop distante et on te demande d ajuster ton attitude et de te montrer accessible. Tu fais mille petites tâches administratives derrière le comptoir, tout en gérant le standard, les colis, la mise en place de salles de réunions, la réservation de taxis (en pleine fashion week ) mais même débordée tu dois répondre avec gentillesse au connard qui te demande pourquoi ça fait 7mn qu'il patiente en salle d'attente et si tu fais ton job de prévenir son RDV (à qui tu as laissé 3 massages et un mail...)
La partie la plus humiliante reste de se faire régulièrement brancher et de devoir trouver des pirouettes élégantes pour te débarrasser des relous,sans attirer le mécontentement du responsable de site ou des clients éconduits.
Heureusement tu peux avoir des collègues avec qui tu fais une très bonne équipe, serrage de coude oblige, mais pour le niveau de stress, ça ne vaut pas le salaire ni le temps ni le mal de pieds.
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