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Culture

Le réseau Facebook peut-il nous déprimer ?

Depuis que Facebook et consorts ont envahi nos petites vies, les sciences sociales se sont saisies du sujet : les réseaux sociaux ont-ils transformé la qualité des relations interpersonnelles ? Facebook peut-il contribuer à nous rendre heureux ? A-t-il un impact sur nos états émotionnels ?
facebookmarkIl est impossible de nier que Facebook, et plus largement les réseaux sociaux, ont modifié nos modes de communication. Peu nombreux sont ceux qui ont su éviter l’inscription fatale et, soyons honnêtes , tout aussi rares sont ceux qui ne succombent pas au tour quotidien dans la vie narrée de nos amis – voire au stalkage pour les plus vils d’entre nous (« amis » étant un concept tout à fait modulable et extensif selon l’échelle d’amitié Facebook).

Que nous en disent les sciences sociales ? Dans un article pour le magazine Cerveau & Psycho, le psychologue social Nicolas Gueguen s’interroge : « est-ce parce que l’on communique plus vite et plus loin que l’on communique plus mal ? Sommes-nous réellement dans l’illusion relationnelle loin des « vraies » interactions sociales d’antan ? ».

Eh bien les copains, figurez-vous que la réponse est « pas forcément » : nous déclarerions avoir plus d’amis que ce que déclaraient nos aînés il y a 30 ans, et lorsque nous parlons de ces amis, nous prenons en compte nos amis IRL et ceux du web (S. Thayer). Non seulement nous aurions environ cinq fois plus d’amis qu’il y a 30 ans, mais Internet permettrait aussi de renforcer nos relations sociales avec nos proches et d’en amorcer de nouvelles plus facilement (K. Hampton). Admettons que vous soyez une fervente amatrice des sandwichs banane-Nutella (rondelle de banane, Nutella, rondelle de banane, Nutella, rondelle de banane,… ça peut continuer toute la vie, après*), mais que personne dans votre entourage physique ne semble s’adonner au même délire : Internet peut vous ouvrir des portes.

Admettons encore que vous ayez eu une amie de longue date, Plectrude, que vous avez perdue de vue depuis quelques années (probablement n’aimait-elle pas les sandwichs banane-Nutella, l’innocente), les réseaux sociaux (les copains d’avant, Facebook et Cie) pourront vous permettre de restaurer ces relations sociales (C. Di Gennaro), de reprendre des interactions avec ces personnes que l’on a connues, appréciées puis perdues.

De la même manière, Facebook donnerait un coup de pouce aux individus avec des difficultés relationnelles, en leur donnant l’occasion d’interagir hors situations réelles (J. Peter, P. Sheldon). Ces « e-interactions » permettront d’améliorer leurs aptitudes à interagir avec autrui et d’augmenter leur confiance, ce qui se répercutera sur leurs relations sociales IRL.

Les réseaux sociaux « numériques » ne vont donc pas à l’encontre de nos relations sociales, ni quantitativement (nous déclarons avoir plus « d’amis » – du moins de connaissances), ni qualitativement (puisqu’ils contribuent à renforcer nos compétences sociales). Mark Zuckerberg aurait-il créé un monde merveilleux, où il y aurait des rires et des chants, un pays joyeux des enfants heureux ?

Dans une étude publiée prochainement, deux chercheuses en psychologie sociale, qui partaient pourtant du même postulat (= Facebook serait un chouette endroit pour renforcer nos relations sociales), mettent un bémol à toute cette e-perfection. Vous avez probablement dans vos listes d’amis ce genre de personnes (oh, ça nous est tous arrivé un jour) qui colle un bon vieux statut triste plein de suspense (de type « n’arrive pas à y croire… Pourquoi ?! »), auquel une âme charitable viendra s’enquérir du quoi et du qu’est-ce. Vous-mêmes vous savez, l’auteur du statut triste ne refilera à son public qu’une réponse évasive (« non rien ») : il ne veut pas que vous sachiez pourquoi il est triste, mais seulement que vous sachiez qu’il est triste.

Selon l’étude de A. Forest et J. Wood, les personnes qui auraient une faible estime de soi se comporteraient sur le réseau social de façon contre productive. En bombardant leurs amis de statuts négatifs, ils se rendraient moins « aimables », moins appréciables. Lorsque les chercheuses enquêtent auprès d’étudiants, elles s’aperçoivent que les étudiants qui ont une faible estime de soi tendent à penser que Facebook est un lieu sans danger, où ils auraient l’opportunité d’échanger avec d’autres gens sans risquer d’être mal à l’aise. En se penchant ensuite sur les 10 dernières updates des étudiants, les psychologues demandent aux individus de les évaluer (positif/négatif) puis d’estimer s’ils apprécient la personne qui les a écrites. Les statuts des personnes dont l’estime de soi est faible s’avèrent plus négatifs que les autres, et le public qui les lit les évalue moins bien et apprécient moins les auteurs. En d’autres termes : lorsque l’on a une estime de soi relativement faible, on aura plus tendance qu’un autre à poster des statuts négatifs et à être évalué plus négativement par son audience. Vous me direz : vos statuts négatifs sont censés être lus par vos amis, qui par définition ne devraient pas vous juger par rapport à ceux-ci… Mais sachant qu’à peu près la moitié de notre liste d’amis est faite de connaissances, et non d’amis, il y a de fortes chances pour ce que nous disent les chercheuses soit réel…

En revanche, lorsqu’une personne à faible estime de soi postera une update positive, elle recevra plus de réponses de la part de ses amis (l’effet est inverse concernant les personnes à forte estime de soi : lorsqu’ils posteront des statuts négatifs, ils recevront plus de réponses – probablement parce qu’ils sont plus rares). Quel est le fuck ? Le truc, c’est qu’en face à face, nous pouvons tous voir lorsqu’une personne n’apprécie pas notre discours, par ses mimiques, par des petits signes… Généralement, nous maîtrisons donc notre discours et la manière dont il est appréhendé par autrui. Sur Facebook, nous ne pouvons pas percevoir ces réactions, nous ne pouvons pas comprendre lorsque nos amis en ont ras le luc de nos jérémiades, donc nous ne nous arrêtons pas. DRAMA.

Alors voilà : ce qu’on peut tirer de ces éléments d’information, c’est que la vie est ligne et la vie hors ligne, ça reste la même vie, que les deux aspects sont intimement imbriqués… Que si les réseaux sociaux sont sans doute de formidables outils, il faut garder en tête que ce que l’on fait en ligne aura nécessairement des répercussions sur nos vies IRL.

Et vous, Facebook, vous l’utilisez comment ?

* Je sais : le Nutella c’est le 666 de l’alimentaire (mais que voulez-vous, les papilles gustatives a ses raisons que la raison ne connaît pas, quoi).

Pour aller plus loin

– Les articles parlant de l’étude de Forest et Wood à paraître :

ici et iciL’article de Nicolas Gueguen (oui, je le cite systématiquement – je suis un peu adoratrice)


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.

Les Commentaires

31
Avatar de Little Mermaid
17 juillet 2012 à 00h07
Little Mermaid
Finalement on a beau peaufiner son profil sur Facebook (photos, publications, infos personnelles), il y aura toujours des gens pour le critiquer. C'est peine perdue.

En ce qui me concerne: j'enviais au début mes contacts qui comptaient plus de 300 amis. Je pensais que ceux qui postaient de magnifiques photos d'eux et de leurs soirées avaient des vies géniales.

Maintenant? C'est la désillusion. Je ne regarde plus le décompte de mes amis, et papote de temps en temps dessus, m'éclate à commenter et découvrir de nouveaux memes. Je ne perd plus mon temps avec inutilement, car il s'agit d'une prise de tête supplémentaire sur l'apparence qu'on a, sur le regard des autres. Facebook ne me sert qu'à garder contact et glander dessus en bonne compagnie ^^

... sinon vous avez déjà essayé de faire un break de Fb?
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Voir les 31 commentaires

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