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Pourquoi les combats des jeunes femmes vont changer le monde

Tout autour du globe, les jeunes femmes construisent un avenir différent. Et elles le font très bien !

En partenariat avec Wild Bunch (notre Manifeste)

Il y a un an et demi, j’ai pris la décision de partir autour du monde, pour recueillir la parole de femmes vivant dans des pays où l’IVG est interdite.

Quelques huit mois plus tard, j’embarquais dans un avion pour Dakar. Les contours du projet s’étaient assouplis, élargis. Il s’agissait en somme de donner la parole aux jeunes femmes, notamment au sujet de leurs droits.

Comme dans le film Les Filles du Soleil, où la reporter Mathilde s’ingénie à retranscrire le combat de femmes se battant contre Daesh, j’ai voulu me dédier au genre féminin. Mais pourquoi ai-je fait le choix de me concentrer sur elles, alors que les problématiques variées ne manquent pas ?

J’ai eu la chance de voir Les Filles du Soleil il y a quelques semaines.

Ce film conte l’histoire de femmes combattantes, qui après avoir été kidnappées par l’État Islamique et s’être échappées, ont pris les armes pour le combattre.

Je te donne rendez-vous pour le découvrir en avant-première lors d’une séance de CinémadZ au Mk2 Bibliothèque à Paris, lundi 19 novembre à 19h30, en présence d’Eva Husson, la réalisatrice ! J’aurai le plaisir d’animer une séance de questions-réponses avec la salle à l’issue de la projection.

Prends ta place à 4,90€ !

Pourquoi devenir journaliste ?

Je pense qu’il y a une infinité de raisons pour lesquelles j’ai choisi le métier de journaliste. La première, c’est que la parole des jeunes femmes est souvent inaudible.

Je tiens au terme inaudible, car ce n’est pas dû au fait qu’elles n’ont rien à dire. C’est plutôt parce qu’on ne leur tend pas suffisamment le micro. Parce qu’on ne les écoute pas.

Oui, ce constat a évolué positivement depuis un an : depuis #MeToo les sujets concernant les femmes se sont fait plus de places dans les imaginaires collectifs, dans les récits, dans l’actualité.

Mais il reste des progrès à faire et si je suis loin d’être la première à me lancer dans cette démarche, je voulais y apporter ma contribution. Entendre et donner à entendre les histoires des jeunes femmes lambda.

Pas forcément celles de femmes combattantes, pas forcément celles de femmes élues, pas forcément celles de femmes puissantes. Juste celles des jeunes femmes.

C’est pour cela que le portrait de jeunes sénégalaises qui ne connaissent rien à la contraception a pour moi autant de valeur que celui de Jaha Dukureh, cheffe de file de la lutte contre les mutilations génitales féminines à l’international.

Tendre son micro aux jeunes femmes car leurs histoires ne sont pas celles des jeunes hommes

J’ai voulu leur consacrer mon temps parce que le neutre est trop souvent masculin. Pourtant dans les faits, hommes et femmes ne sont pas affectés de la même manière par la loi, les catastrophes naturelles, la situation économique, les changements politiques.

Prenons le séisme qui a eu lieu au Népal en avril 2015. A priori, les bâtiments étaient détruits aussi bien pour les hommes que pour les femmes, les conditions sanitaires désastreuses pour tout le monde, le manque d’électricité affectant la population de manière uniforme.

Sauf que le manque d’électricité, c’est le manque de lumière, et ce sont des femmes beaucoup plus vulnérables aux violences sexuelles.

Mais si on ne se penche pas en détail sur le sujet, on ne le sait pas. Je m’inclus dans le « on » : je ne suis au courant de ces difficultés que parce que j’ai fait un passage par le Comité ONU Femmes France à ce moment-là, et que l’urgence était de récolter des dons pour fournir entre autres des lampes à ces Népalaises.

C’est un exemple qui peut sembler extrême, mais les manières dont les femmes sont affectées par les catastrophes sont multiples.

Être journaliste c’est remplacer les statistiques par des visages et des histoires

J’ai souhaité concentrer mon travail de journaliste sur elles aussi parce que même lorsque qu’une situation désastreuse pour les droits des femmes est connue, il n’est pas toujours aisé de sortir de la perspective législative, de l’approche mathématique.

C’est ce qui m’avait convaincue de me pencher en particulier sur l’IVG de prime abord : 25 millions d’avortements pratiqués dans des conditions déplorables parce qu’illégales chaque année. 50 000 femmes qui décèdent des suites de ces procédures dans le même laps de temps.

Mais qui sont-elles ? Quels sont leurs parcours ? À quelques exceptions près comme celle de Savita en Irlande, a-t-on des témoignages en tête ? Les récits intimes des femmes qui vivent ces avortements ?

Moi, je n’en avais pas. Et ma motivation première était donc de rendre leur calvaire visible, audible : qu’on sache que ces 25 millions de femmes ont une histoire, un nom. Elles s’appellent Belèn, Amira, Mathilda, Alina, Betty, Aine, Céline, Amal.

J’ai l’espoir qu’en les rendant audibles, leurs choix soient mieux compris par ceux qui les jugeaient et les condamnaient.

Cet espoir a été renforcé à chaque fois que j’ai eu cette discussion au fil de mon parcours et qu’à force d’exemples, je voyais des anti-choix devenir pro-choix.

Bien sûr, les extrémistes religieux opposés à l’IVG restent des extrémistes religieux opposés à l’IVG, mais il y a tant de personnes qui n’ont simplement aucune conscience des conséquences sanitaires, du problème de santé publique que représente l’interdiction de l’IVG.

Souvent, ces personnes non informées révisent leur jugement une fois qu’on leur a raconté qui sont ces femmes qui avortent. Une fois qu’elles comprennent que ça pourrait être leur sœur, leur meilleure amie, leur mère… elles-mêmes.

Sur ce sujet comme sur d’autres, la parole des concernées est précieuse. Non pas qu’elle doive être hégémonique, mais elle doit exister, et elle doit exister dans la multiplicité de leurs expériences.

Donner la parole aux jeunes femmes pour sortir de l’indifférence

J’espère aussi que l’indifférence quant au sort des jeunes femmes dans le monde se délite un peu, face à ces articles et ces reportages.

Je sais bien qu’on a rarement envie, en rentrant d’une journée de cours ou de travail, de se plonger dans des réalités qu’on aimerait inexistantes…

Mais à mes yeux, ce n’est pas en faisant l’autruche qu’on va faire disparaître ces situations déplorables.

Certains vont décider de ne pas écouter un podcast parce qu’on y parle d’excision ou d’IVG et que ça fait froid dans le dos.

D’autres, à l’écoute, vont peut-être rejoindre l’association Excision, parlons-en ! et se montrer encore plus prudents face au danger que représente l’extrême-droite religieuse européenne.

C’est pour la seconde catégorie de personnes que j’écris ça, et pour ceux et celles qui sans aller jusqu’à s’engager seront au moins au courant, vigilantes.

Pour ceux et celles qui prendront éventuellement ces considérations en compte dans leur vote, ou au moins dans leur perception du monde.

Je veux être journaliste et donner la parole aux jeunes femmes qui peuvent changer le monde

Mais ce serait trop triste et trop facile de considérer toutes ces jeunes femmes que j’ai rencontrées sous le prisme des victimes à qui il faut tendre le micro.

Ce serait bien loin de tout ce qu’elles m’ont transmis : une énergie folle pour mener les combats qui sont les leurs, pour vivre malgré ce qui entrave leur chemin, une volonté d’aller de l’avant à toutes épreuves.

Qu’elles aient décidé d’affronter leur peur du qu’en dira-t-on pour révolutionner les mœurs, qu’elles se soient opposées à leur famille pour protéger leurs petites sœurs et cousines, qu’elles aient fait de leur histoire leur arme pour lutter, qu’elles soient descendues dans la rue par dizaines de milliers : à leur manière, les femmes changent le monde.

Localement ou au niveau international, mettre en avant leurs idées et leurs manières d’être libre, c’est encourager le changement.

Faire des portraits de jeunes femmes pour en inspirer d’autres

À travers l’inspiration qu’elles peuvent représenter pour d’autres, leurs voix comptent.

Peut-être qu’une lycéenne française ne s’identifiera pas précisément à cette ado sénégalaise mère de deux enfants, mais peut-être qu’elle pourra en tirer une rage d’agir similaire.

Et contrairement à l’idée reçue qui voudrait que rien ne soit semblable dans leurs vies, peut-être qu’elle trouvera au contraire de grandes similitudes.

J’ai moi même été surprise de constater à quel point les préoccupations d’une féministe argentine étaient proches des miennes, et j’ai puisé dans nos échanges des ressources.

Je pourrais continuer longtemps sur cette lancée, expliquer que rien que pour les messages de remerciement une fois le témoignage paru, ça vaut le coup, mais je crois que je me suis déjà largement étendue.

J’espère seulement que ce qui moi m’a poussée à écrire en poussera d’autres à s’informer.

Les Filles du soleil en présence d’Eva Husson, la réalisatrice

lundi 19 novembre 19h30 au MK2 Bibliothèque

Prends ta place à 4,90€

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À lire aussi : Pourquoi je veux, plus que jamais, défendre le droit à l’IVG


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Les Commentaires

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Avatar de goupX
20 novembre 2018 à 10h11
goupX
Merci pour tes articles @Esther <3
Ils sont tous très bien écrits et très intéressant, ça m'a appris plein de trucs alors même que je pensais être assez au courant de ces problématiques!
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Voir les 2 commentaires

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