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Culture

Boire, fumer, manger, bronzer : pourquoi adoptons-nous des conduites dangereuses ?

Fumeuses, buveuses, adeptes de la junk-food ou du bronzage à outrance, nous avons tous une ou plusieurs habitudes que nous savons mauvaises, voire risquées, mais sans les abandonner. Justine décrypte pour vous les causes et les solutions de ces « dangers volontaires ».

Il y a peu de temps, Jack Parker nous narrait ses péripéties d’accro au baume à lèvres en plein décrochage… Ça m’a un peu rappelé mes délires personnels : crème pour les pieds, sauce tomate, séries télé (sans blague, n’importe lesquelles, je suis pitoyable et mon sens du bon goût est au-dessous de tout) et documentaires météorologiques (avec une affection toute particulière pour les vidéos de tornades – ne me jugez pas).

Mais pourquoi adoptons-nous certaines manies, petites addictions ou mauvaises habitudes ? Pourquoi est-il ensuite si difficile de les abandonner ?

Vous me direz, pour peu que ces manies restent ponctuelles et ne deviennent pas des addictions, rien de dramatique. Mais quid des fumeurs, des accros aux sucres, des adeptes du bronzage à outrance ? Pourquoi persiste-t-on dans des comportements potentiellement menaçants pour notre santé ? Au-delà d’un aspect mécanique/biologique, y a-t-il des processus psychologiques à l’œuvre ?

Selon Cindy Jardine, professeure de sociologie à l’Université d’Alberta, nous ne serions pas qu’une bande de joyeux insouciants, inconscients des dangers qui peuvent nous guetter – à dire vrai, ce serait plutôt le contraire : nous aurions une compréhension très réaliste des risques, mais ça ne suffirait pas pour nous convaincre d’arrêter certaines conduites.

En 1994, puis en 2005, la chercheuse mène une étude auprès de 1 200 individus, auxquels elle demande d’évaluer ce qu’ils considèrent ou non comme comportements à risque. Figurez-vous que pour un bon nombre de participants, fumer, boire de l’alcool ou bronzer serait plus dangereux que des phénomènes comme la pollution ou l’appauvrissement de l’ozone. Autrement dit, nous serions parfaitement conscients des risques de certaines de nos conduites – et nous attribuerions d’ailleurs plus de dangerosité à nos conduites individuelles qu’à des phénomènes sur lesquels nous aurions peu de prise (ce qui au fond n’est pas si incohérent, il est probablement plus facile de penser que ce qui nous fait courir le plus de risques est une chose sur laquelle on peut agir).

Alors quoi, voguerions-nous en pleine auto-destruction ? Si nous savons que fumer des cartouches de cigarettes, boire des litres d’alcool et se faire cramer la pilule n’est pas bon pour nous, pourquoi persiste-t-on ? Personne n’a envie d’être immortel ici ?

Notre tendance à persévérer dans des conduites potentiellement dangereuses pour nous-mêmes pourrait s’expliquer par plusieurs raisons (hors prédisposition à l’addiction).

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Défier notre condition de mortel

Nous aurions besoin de défier notre condition humaine, notre vulnérabilité – à la manière d’adolescents, nous aurions une vilaine propension à verser dans la toute-puissance, à se dire que « MOI, ça ne m’arrivera pas« , à tester nos propres limites.

Se conformer aux normes sociales

L’environnement physique et social joue un grand rôle, à la fois dans l’adoption des mauvaises habitudes et dans leur abandon. Lorsqu’un comportement est socialement accepté, voire perçu comme désirable, nous tenterions de le rationaliser afin de nous intégrer dans un groupe social. Ok, c’est mauvais mais « tout le monde le fait

« .

Ne pas comprendre réellement la nature du risque

Parce que nous sommes de petits fifrelins, nous aurions des difficultés à comprendre la nature du risque « pour de vrai » – nous vivons dans l’instant, ou du moins sur du court terme, et nous avons parfois des difficultés à réaliser l’impact négatif que pourra avoir notre mauvaise habitude sur le long terme, sur notre « nous » futur.

Adopter une vision individualiste et rationaliser les mauvaises habitudes

« OUAIS, mais ma grand-mère a fumé comme un pompier toute sa vie et a vécu jusqu’à 180 ans, OK ?!« . Vous voyez le genre : nous faisons parfois preuve de mauvaise foi statistique et avons tendance à voir les choses au travers d’un prisme individualiste « Je connais quelqu’un qui / moi, je vais très bien là, c’est une preuve non ? » (non).

BON. Nous sommes certes des créatures un peu influençables, dotées d’une légère tendance à rationaliser et refouler les informations – mais mes sœurs, « Ne vous résignez jamais » (vous dirait Gisèle Halimi sur un tout autre sujet), et rappelez-vous que si nous croyons en notre propre efficacité (pour quelques trucs sur le « sentiment d’auto-efficacité » de Bandura, cf. là-bas), nous pourrions prendre la décision de changer nos habitudes de vie, maintenir la motivation nécessaire pour persévérer dans ce changement, garder le contrôle après un épisode de « rechute », et enfin, une fois obtenu, maintenir le changement.

Au-delà de ces considérations, la sociologue Cindy Jardine souligne que comprendre réellement la psychologie des conduites à risque est essentiel pour parvenir à aider, orienter et accompagner les adeptes de ces comportements, sans quoi ces derniers ne les abandonneront pas, même s’ils sont conscients du danger. De fait, certaines campagnes de prévention, certains discours des scientifiques ou organismes publics peuvent sembler inadaptés et rater leur cible : faire comprendre au public qu’il existe un risque ne suffit pas.

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

15
Avatar de Haynee
30 novembre 2013 à 12h11
Haynee
Je fume (beaucoup trop).
Je suis accro à la malbouffe, même si je m'astreins à aller au marché et à cuisiner des légumes.
Je suis caféinomane (j'ai jeté ma cafetière et dépensé une fortune chez Kusmi Tea, j'ai replongé deux semaines plus tard avec du café soluble).
Je suis addict aux jeux vidéo (WoW puis SW:TOR et Diablo III).
Je suis une flemmarde monumentale.

Je suis irrécupérable.

Hey mais c'est moiii!!  Remplace juste la clope par l'alcool et Star Wars par Guild Wars 
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