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Santé

J’ai 19 ans et j’ai enfin vaincu mon cancer

À 18 ans, L-Thomas apprend qu’elle a un cancer. Elle a raconté son histoire à madmoiZelle et revient, un an plus tard, sur sa maladie et sur la façon dont elle s’identifie désormais.

Publié le 19 mars 2018.

En octobre 2016, L-Thomas racontait sa vie de jeune fille atteinte d’un cancer. Aujourd’hui, elle est en rémission mais son chemin vers la guérison n’a pas été de tout repos.

En 2018, elle est revenue sur sa rémission, un an plus tard. Je te conseille lire son histoire publiée l’an passé avant de te lancer dans celle-ci.

Le 4 février est la journée mondiale contre le cancer, l’occasion de lire ou relire son histoire.

J’ai 18 ans, et un cancer… mais ça va aller

Il y a un peu plus d’un an, j’ai eu envie d’écrire à madmoiZelle, pour parler du lymphome de Hodgkin, mon cancer à seulement 18 ans.

Depuis, j’ai tracé un long parcours. Tout ne s’est pas vraiment passé comme prévu.

Le cancer : la maladie qui n’en finit pas

J’ai eu neuf mois de traitement au lieu de quatre. Des chimio toujours plus lourdes les unes que les autres.

En fait, avoir un cancer, c’est comme se prendre un aller-retour dans la tronche. Être optimiste, c’est apprendre à être déçu.

J’ai été optimiste plus d’une fois. Jusqu’au moment où l’hématologue m’a annoncé une deuxième fois que j’avais un cancer. Toujours le même, mais résistant aux chimios précédentes. Donc forcément plus agressif. Première claque.

Le prochain traitement allait être moins long, mais plus dur, plus invasif, plus toxique. Le praticien m’a donc proposé une préservation ovarienne, au cas où un jour, je pense à avoir des enfants. Il m’a aussi annoncé que je serais sous un régime strict : sans sel, sans sucre. Deuxième claque.

J’ai mis quelques semaines pour digérer la nouvelle, le temps d’obtenir les rendez-vous avec les anesthésistes et les chirurgiens. Une trêve sûrement volontaire de la part de mon médecin. Pour me permettre de reprendre des forces.

Affronter les gens du lycée pendant un cancer

Entre temps, mon lycée organisait une remise des diplômes.

Pour la première fois depuis six mois, depuis l’annonce du bac, je me suis pointée au lycée. Le crâne blanc, une cicatrice toute fraîche au niveau du cou et cinq autres sur le bas ventre. C’était étonnant, de voir comme certains et certaines étaient gêné·es de me voir. Et comme d’autres étaient content·es.

Quand je suis montée sur l’estrade pour récupérer mon diplôme, des gens ont crié, certains étaient debout. Et moi j’étais là, dans mon petit short noir, mes collants, avec mes sourcils dessinés et mon crâne à nu. Debout devant tout le monde, avec d’autres diplômés.

L’émotion était palpable. Je me souviens avoir arrêté de respirer devant cette salle entière qui m’applaudissait.

Je me suis sentie fière, tellement fière. Je savais qu’on me regardait avec admiration. J’avais tout pour être vraiment heureuse à ce moment-là. C’est un moment que je n’oublierai jamais.

Début du traitement contre le cancer

Un ovaire en moins, une biopsie et six cicatrices plus tard, j’entame enfin ce fameux traitement. En tout, sept médicaments et trois jours d’hospitalisation.

Au premier jour de chimiothérapie, mon médecin a prononcé les mots qui me faisaient le plus peur : « la greffe ».

L-Thomas parle de la thérapie cellulaire, aussi appelée greffe de cellules souches ou greffe de mœlle osseuse. La fondation contre le Cancer la définit comme suit :

« Elle consiste à remplacer la mœlle osseuse qui produit les globules blancs anormaux – les cellules cancéreuses – par de la mœlle saine. »

Je me suis tout de suite imaginée avec une seringue de 10 cm dans le bas de mon dos, en position fœtale dans un bloc, éveillée et attendant qu’ils me ponctionnent mes cellules souches.

J’ai tellement paniqué , que j’ai refusé la chimio ce jour-là. Je les ai suppliés de me laisser rentrer chez moi.

À lire aussi : Le don de moelle osseuse nous concerne tous : agissons !

Ce jour-là, j’étais déterminée et je vous assure que je suis retournée à la maison. Sans traitement, mais avec une simple promesse d’un médecin. La promesse de me donner un médicament qui me détende, pour que je ne m’enfuis plus.

J’ai obtenu une semaine de repos. Après, je n’ai pas eu d’autre choix que de me laisser faire. J’étais sous cocktail explosif de « grand stressé ». Mais ils n’ont pas réussi à m’assommer comme ça.

Au final, le traitement s’est bien passé : je n’ai évidement pas échappé à quelques effets secondaires plutôt douloureux, mais ça en valait la peine. Le régime n’était vraiment pas facile non plus.

Cancer : enfin, la bonne nouvelle

Au bout de deux cures, on m’a annoncé que j’étais en rémission.

Finalement ça valait le coup de souffrir. Mais qui disait « rémission », disait aussi traitement final : « la greffe ». Enfin « l’auto-greffe » pour être plus précise.

Lorsqu’il faut traiter un lymphome de Hodgkin mais aussi plus globalement un cancer du sang, c’est le genre de traitement que tous le monde redoute. Et ça ne donne vraiment pas envie.

Dans la pratique c’est encore une injection : « une super-chimio » ainsi qu’une ne poche de mes globules blancs fraîchement recueillis quelques semaines avant par une machine semblable à celles qui servent à faire les dialyses (ndlr : une dialyse est un traitement de suppléance dont un patient à recours en cas d’insuffisance rénale chronique, elle rejette les déchets et l’eau en excès dans le sang.) Rien d’impressionnant en fait.

Finalement, j’ai été greffée le 7 mars 2017. Je suis restée vingt jours à l’hôpital.

Tout s’est vraiment bien passé. J’ai eu beaucoup de visites et le plus souvent, c’était vraiment de bons moments.

Une amie est venue me voir depuis Paris, deux autres restaient très tard dans ma chambre le soir, et mon frère m’a apporté à manger, de quoi survivre à la bouffe de l’hôpital.

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Je suis sortie de là avec le sentiment que le plus dur était derrière moi. Le 8 février dernier, j’ai fêté mon premier anniversaire de rémission, mais surtout la nouvelle personne que je suis. 

Le début d’une seconde vie après le cancer

Avec le recul, je me dis que la maladie m’a permis de faire de nombreuses choses : partir à Chamonix avec une association À Chacun son Everest par exemple. J’ai aussi rencontré des personnes magnifiques grâce à la maladie.

J’ai même osé écrire, faire un blog et une page sur Facebook. J’en ai fait un exutoire et j’ai trouvé ça beaucoup plus sain que les anxiolytiques…

Ce que je veux dire par là, c’est que lorsqu’on a un cancer on devient un cliché : malade, chauve et malheureux·se. C’est ce que la société nous colle comme étiquette.

Cette étiquette, je n’ai pas voulu l’accepter au début et j’ai fini par la refuser totalement. Je me suis aimée chauve, et puis il n’y a pas eu que des moments malheureux. Bien au contraire.

À lire aussi : « Shave it off », une reprise en forme d’ode à la vie et contre le cancer

Comme je le disais, être malade c’est se prendre des claques tout le temps.

C’est accepter de voir notre optimisme détruit et des fois rongé par la peur et la colère.

Mais, il y a eu beaucoup de moments de rire et de tendresse. C’est sûr, ça marque, à vie.

Du 14 au 22 mars 2018, c’est la semaine nationale contre le cancer. Pour te renseigner sur cette maladie qui a tué 8,8 millions de personnes en 2015 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), voici quelques sites qui pourront t’intéresser :

Tu peux aussi jeter un coup d’œil à nos article sur le cancer.

À lire aussi : Comment le cancer affecte la vie des jeunes de France

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Les Commentaires

1
Avatar de skippy01
19 mars 2018 à 18h03
skippy01
lorsqu’on a un cancer on devient un cliché : malade, chauve et malheureux·se. C’est ce que la société nous colle comme étiquette.
J'ai plutôt l'impression qu'on colle l'étiquette «personne courageuse qui se bat contre la maladie» ou «personne qui accomplit de grandes choses malgré sa maladie», ou plus généralement «faire-valoir inspirationnel pour gens bien portants».
3
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