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CamClash, épisode 2 : harcèlement de rue, tabagisme et handicap au programme

Cam Clash, l’émission de France 4 qui montre des situations de discriminations ordinaires filmées en caméra cachée, revient pour une deuxième saison. Au menu : slut-shaming, harcèlement de rue, tabagisme et handicap.

Cam Clash revient pour deux nouvelles émissions, qui mettent en scène trois nouvelles situations de discrimination.

Au sommaire de la première :

  • harcèlement de rue
  • accessibilité d’une personne handicapée moteur
  • accessibilité d’une personne non-voyante

Mini-jupe

Regarder la première émission en replay sur Pluzz

Harcèlement de rue : la route est longue

L’année dernière, le harcèlement de rue avait déjà été mis en scène par les équipes de Cam Clash.

À lire aussi : Cam Clash, une caméra cachée sur les discriminations du quotidien

Cette fois-ci, l’expérience est davantage axée sur le slut-shaming : la « victime » est habillée de façon très provocante. Non je rigole, elle est en robe, en jupe, ou en débardeur ! Soit, pour les harceleurs de rue, un motif valable d’interaction humiliante et de rappel à « la décence ».

« Heureusement que c’est pas ma soeur ! » Les deux complices enchaînent les clichés du combo slut-shaming et harcèlement de rue, à savoir : une fille qui se balade seule dans la rue, on peut l’aborder et juger son apparence, et si elle porte une tenue sexy, ça en dit long sur sa sexualité, BIEN ENTENDU. (Non, mille fois non.)

À lire aussi : Je veux comprendre… le slut-shaming

Mais les réactions des passant•e•s sont, pour certaines, toutes aussi consternantes que les provocations des complices : « Mais elle est mince, alors ça va ! » ; « Les filles comme elles, elles n’ont pas de valeur », dira une femme, après être d’abord intervenue pour faire cesser le harcèlement.

À entendre les réactions de certain•e•s « allié•e•s » de la victime et les arguments avancés par celles (souvent des femmes) qui la défendent, on se dit que la route est encore longue pour pouvoir changer les mentalités sur cette idée aussi simple que révolutionnaire : le corps d’une femme lui appartient, et sa façon de s’habiller ne donne aucun droit à quiconque sur ce corps. Ni celui de le commenter, ni celui d’entrer en contact avec ce corps.

Bon point pour l’équipe de Cam Clash : avoir reproduit l’expérience dans différents endroits, et pas uniquement en banlieue, comme si le harcèlement de rue était uniquement un problème d’éducation et de milieu social.

En effet, on peut très bien en être victime dans les beaux quartiers parisiens, et plusieurs personnes en témoignent à la caméra. Ce ne sont pas forcément des insultes, mais « des regards, qu’on sent sur soi et qui ne sont pas agréables » (alerte euphémisme).

On remarque aussi à quel point ces situations sont courantes, puisque certaines femmes sont prêtes à agir. Ainsi, la jeune femme qui vient en aide à la victime sur le marché sait exactement comment réagir : la situation qui lui est présentée n’est en rien surprenante.

Regards sur le handicap

Les deux situations suivantes mettent en scène une personne en fauteuil roulant, puis une personne non-voyante qui se voit refuser l’accès à une boucherie en raison de son chien.

L’équipe de Cam Clash a diversifié les situations, ce qui permet de constater que les réactions des gens sont très différentes, selon le comportement de la personne handicapée.

Lorsque la femme en fauteuil roulant se comporte de façon très impolie, irrespectueuse, les spectateurs prennent parti pour le complice : « ce n’est pas parce qu’elle est en fauteuil qu’elle peut tout se permettre ! ». 

Cette scène en particulier rappelle un spot de sensibilisation d’une campagne belge, autour du handicap :

« Cet homme est une personne handicapée. Mais avant tout, cet homme est un con. Les handicapés sont des gens comme les autres. »

Original, surprenant, mais efficace.

La dernière situation met en scène une personne non-voyante, qui tente d’acheter de la viande dans une boucherie, accompagnée de son chien guide. Derrière le comptoir, une complice lui refuse l’accès et prend à partie les clients, en dénonçant la présence d’un animal à l’intérieur du commerce.

Les gens peinent à réagir, pourtant, la loi française est claire : les chiens guides sont autorisés partout.

Delphine, non-voyante, n’est pas surprise par les situations filmées lors de cette caméra cachée : on lui a déjà refusé l’entrée de commerces, d’établissements, on lui a déjà demandé d’emprunter une autre entrée, à l’abri des regardes des « autres clients ».

Étrangement, je ne suis pas spécialement choquée par la réaction des gens, je le suis davantage par les propos des complices, inspirés pourtant de témoignages de situations réelles : ils ne sont donc pas exagérés pour provoquer les réactions.

À lire aussi : J’ai perdu la vue à 19 ans

L’abus de faiblesse

Dans la deuxième émission diffusée le 30 septembre en seconde partie de soirée, les deux premières situations mettent en scène des personnes âgées :

  • un homme manque de respect à sa mère
  • une auxiliaire de vie profite de la personne âgée qu’elle est censée aider, en se payant ses courses.

Les gens mettent du temps à réagir, par peur de s’immiscer dans l’intimité de l’autre : ils perçoivent la situation comme une intrusion dans une relation entre un fils et sa mère, et moins comme une situation objective d’irrespect total (de violence verbale même) entre deux individus.

Dans la deuxième situation, lorsque l’auxiliaire de vie profite financièrement de la personne âgée (tente de faire ses courses avec la carte bleue de la vieille dame), les témoins interviennent plus rapidement.

Le tabac, pas si tabou

Le dernier sujet est consacré au tabagisme, et fait opportunément écho au

plan contre le tabagisme annoncé la semaine dernière par Marisol Touraine, la ministre de la santé.

Trois situations différentes sont mises en scènes :

  • un homme fume le cigare en terrasse
  • une femme ne supporte pas la fumée de cigarette et interpelle un fumeur en terrasse
  • une femme vapote à l’intérieur de commerces et de bars (des espaces non-fumeurs).

L’invité des deux premières séquences est le patron d’un café fumeur à Lyon. Il déclare avoir eu des difficultés à obtenir l’autorisation d’en faire un espace fumeur.

Surpris par « la non-réaction des gens »

Lors de la publication de notre article sur le plan anti-tabac, un débat passionnant (et passionné !) a eu lieu sur le forum, au sujet des différentes mesures, mais aussi des comportements qui relèvent du savoir-vivre élémentaire (comme ne pas incommoder les non-fumeurs).

À lire aussi : Une première génération de non-fumeurs dans 20 ans ?

Or ces mises en scènes révèlent que la réaction des gens est très détendue au sujet de la cigarette : le tabagisme passif augmente pourtant de 24% le risque de cancer du poumon (chiffres donnés dans l’émission), mais dans les différentes situations filmées, les témoins ont tendance à prendre le parti du fumeur. Même Christophe, le patron lyonnais, en est (agréablement) surpris :

« Il y a énormément d’empathie à l’égard des fumeurs, ils sont revenus en odeur de sainteté ! Les non-fumeurs ont compris que les fumeurs ont fait beaucoup d’efforts. Le fumeur devient une victime qu’on va défendre, alors que c’est lui qui crée le préjudice ! »

Côté cigarette électronique, là encore, c’est le complice gêné par la vapeur qui est l’empêcheur de tourner en rond. L’un des commerçants hésite tout de même, ne sachant pas s’il est véritablement permis de vapoter en intérieur ou non.

Mais un patron de bar n’hésite pas à qualifier le comédien de « chieur de compétition » !

Boris, ancien fumeur opposé à la prolifération des cigarettes électroniques, se dit « surpris de la non-réaction des gens », jusqu’à faire évoluer son opinion.

Regarder la deuxième émission en replay sur Pluzz

Baptiste Etchegaray, le présentateur, précise tout de même qu’il ne faut pas « tirer de vérités générales » de ces expériences, qui ne sont que des photographies instantanées, des mises en scènes.

Les situations avec la personne en fauteuil roulant montrent d’ailleurs combien il est facile d’obtenir une réaction différente en changeant un paramètre de la mise en scène. Il suffit que la victime ou le complice soient plus ou moins poli•e•s ou sympathiques pour que les témoins réagissent différemment.

Il suffit que la victime ou le complice cherchent expressément l’appui de la foule, ou d’une personne en particulier pour qu’elle s’implique dans la situation.

À lire aussi : Non-assistance à personne en danger : sommes-nous tous lâches ?

Et toi, qu’as-tu pensé de ces deux émissions, des différentes situations ? Quelles auraient été tes réactions aux différentes scènes ? Viens en parler dans les commentaires ! 

À lire aussi : Réagir en tant que témoins de harcèlement, par Projet Crocodile


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

22
Avatar de Armo Nelga
29 octobre 2014 à 12h10
Armo Nelga
Coucou !
Je commente un peu en retard le premier épisode de cette nouvelle "saison (?)"
On a regardé en replay avec mon fiancé. Moi perso j'ai été moins... moins touchée que la première saison. En fait moins touché par les gens qui réagissent. Il y avait eu des réactions sublimes dans la première saison, et là presque rien. On dirait que soit les gens n'ont pas réagis, soit au montage ils n'ont gardé quasiment QUE ce qui se passe entre les acteurs (et du coup... quel intérêt ?).
(Sauf le monsieur au look assez rock qui prend la défense de la jeune femme en terrasse sur le sujet sur le harcèlement de rue. :coeur
Mais le sujet sur l'aveugle et les handicapés, sur la vieille dame... j'ai été globalement déçue du manque de réaction. Surtout le monsieur avec son chien ! Mais qu'elle horreur ! La première "saison" donnait du courage et envie de ressembler à ces gens formidables qui réagissent, autant là ça fait encore plus perdre fois en l'humanité....
Concernant le sujet du harcèlement de rue, j'ai été globalement déçue de son traitement, beaucoup moins bien réussi que dans la première saison.
Ici, le fait que les types suivent la femme et interpellent les gens sur son habillement biaise totalement l'expérience. PERSONNE ne fait ça. Aucun harceleur n'interpelle les autres passants pour dire "hey quand même c'est indécent, je dis ça pour elle, vous en pensez quoi vous ?" Euh really? Non, non et non ! C'est pas crédible du tout !
Je vais voir s'il y a eu un 2e épisode et s'il est toujours dispo
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